Mardi 9 avril, Christian Desseaux, rescapé des camps de la mort de Buchenwald-Dora s’est éteint à Challes-Les-Eaux.
Christian Desseaux était commandeur de la Légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre 39-45, de la Médaille de la Résistance, de la croix de Combattant volontaire de la résistance, des Palmes académiques et de plusieurs autres décorations.
Né en 1926 à Margny-les-Compiègne dans l’Oise, ce fils d’officier a eu pendant la Deuxième Guerre mondiale, de vraies valeurs patriotiques. A la déclaration de guerre, il se retrouve à Dunkerque où, trichant sur son âge, il tente d’embarquer avec les soldats anglais pour rejoindre la Grande-Bretagne, mais il est refoulé, son âge ne trompe pas ! Il regagne le domicile de ses parents. Après quelques actes de résistance individuels, il est repéré par des agents du réseau de Résistance Jean-Marie Buckmaster, appartenant au groupe des Bleuets. Il participe à plusieurs actions dangereuses menées par ce réseau.
Engagé à 16 ans, en 1942 dans la résistance, tout bascule le 14 juillet 1943. Ce jour-là, il est arrêté sur dénonciation. Débute sa plongée dans l'enfer nazi.
D'abord amené au camp de Compiègne, le 17 janvier 1944, il est conduit dans des convois direction l’Allemagne. Certains disent qu’il faut s'évader et tentent la belle. Mais le convoi est arrêté car la tentative a été dévoilée. Premiers sévices : on les met tout nus pendant 2 jours et demis dans le froid.
Arrivés à Buchenwald, ils vont rester 5 jours sans manger ni boire. Pourtant le pire est à venir car à Buchenwald, il y a le commando DORA (Deutsche Organisation Reichs Arbeit), appelé l’enfer. Situé à 600 m sous terre et constitué de tunnels, il y est tourneur, « car pour ne pas être exterminé, se déclarer spécialiste pouvait sauver la vie ». Il y reste 4 mois, sans voir le jour, subissant les pires traitements, presque sans manger, boire, dormir, ni se laver, contaminé par les vermines et les maladies comme le typhus. Il se souvient avoir vu des gens mourir, tout le temps, partout (28 000 personnes périront en 14 mois). Après 4 mois, on veut le faire partir dans un convoi mais il est sauvé par un civil allemand responsable de lui à DORA. Le convoi sera exterminé. En avril 1945, les Allemands les évacuent par le dernier convoi qui est attaqué par les alliés. Ils restent 10 jours dans le wagon sans manger. Puis ils poursuivent à pied pendant des kilomètres sans nourriture. Encore beaucoup de victimes sur cette route de la mort. Ceux qui n’arrivent pas à se relever sont tués sur place. Arrivés à Ravensbrück, ils arrivent à s’échapper par une lucarne et se réfugient dans une grange qui sera incendiée et mitraillée. Les Russes les délivrent et ils rejoignent des prisonniers français. Il est vivant mais en très mauvaise santé : il a le typhus, des plaies, des problèmes aux poumons. Le retour en France se fait en wagon à bestiaux via la Hollande et la Belgique et enfin c'est Paris et l’hôtel Lutétia. Il met des années pour se remettre.
Source :
https://www.ledauphine.com/savoie/2019/ ... resistance