Jean Hallade nous a quittés
Publié le mardi 27 août 2013 par l'Aisne Nouvelle
Jean Hallade était ancien combattant, ancien résistant, mais aussi historien et écrivain.
CHAUNOIS - Passionné d’aviation, historien, écrivain... Jean Hallade a marqué la vie locale. Il s’est éteint hier à l’âge de 91 ans. Elus, responsables associatifs, amis et famille témoignent.
« C'était quelqu'un de jovial, très ouvert… Simple, finalement. » Michel Decool, maire de Bichancourt, ne cache pas son émotion suite au décès de Jean Hallade. Il s'est éteint à son domicile, à Marizelle, hier, dans sa 92e année.
Jean Hallade aura beaucoup marqué l'histoire locale. Une histoire dont il était féru et dont il n'eut de cesse de témoigner tout au long de sa vie. Il compte 17 livres à son actif, portant principalement sur la Seconde Guerre mondiale et la guerre aérienne, à l'image de son premier ouvrage, Les Ailes dans la tourmente, paru en 1959. Il recevra ainsi, en 2001, le Diplôme d'histoire pour l'ensemble de son œuvre historique décernée par la commission Histoire des Arts et lettres de l'aéro-club de France.
Mémoire de l'aviation
Durant la Seconde Guerre mondiale, Jean Hallade fait partie d'un réseau de la Résistance. « Il a été l'une des figures du monde combattant, combattant volontaire de la Résistance », relate Pierre Casazza, président de la section bichancourtoise de l'Union nationale des anciens combattants (UNC). Association que Jean Hallade rejoint à sa création, en 1978.
Même après son combat dans la Résistance, il décide de s'engager dans l'armée de l'air. Car il était avant tout passionné d'aviation. Mécanicien, il est envoyé à la base aérienne 251 d'Etampes-Montdésir, dans l'Essonne, en 1945. « Toute sa vie a été les yeux dans le ciel », témoigne son fils Pierre, notre collègue à la rédaction des Sports.
Puis le Bichancourtois travaillera pour la compagnie Saint-Gobain, dite la Soudière, entreprise de produits chimiques. Il en écrira même l'histoire, à la demande de son dirigeant. Une corde de plus à son arc.
L'homme poursuivra continuellement ses recherches sur l'histoire de la guerre. « Son père était un des survivants de Verdun, explique Pierre. Il a été marqué par la guerre. » Sa passion l'amènera à correspondre régulièrement avec des Allemands et Américains. C'est ainsi qu'il eut pour ami Fritz Buchholz, un pilote d'outre-Rhin qui a participé à la bataille aérienne de Tergnier.
« C'est un petit peu grâce à lui qu'on s'est intéressé à l'aviation, notamment à l'aviation de guerre », rappelle Jean-Pierre Vieville, président des Faucheurs de marguerite de l'Aisne, association qui s'est spécialisée dans la recherche d'avions crashés dans le département. « Pour retrouver des avions de guerre, on s'est basés sur ses ouvrages. »
Investi sur le plan local
Jean Hallade aimait également venir témoigner dans les établissements scolaires, faire part de son expérience. « Tous les ans, il prenait part au prix de la Résistance au niveau départemental », indique Pierre.
« Il était très communicatif, avec d'excellentes relations, se souvient Marcel Lalonde, maire de Chauny. Il participait beaucoup à la vie locale du Pays chaunois et toujours de manière particulièrement amicale. »
Des récompenses, médailles, des titres, il y en eut beaucoup : Sociétaire des Gens de lettres de France, sociétaire des Ecrivains-combattants, membre honoraire de l'US Air Forces escape & evasion society… Mais celle qui a le plus compté, assure son fils, c'est celle de Commandeur de l'Ordre national du mérite.
« Je suis très peiné d'apprendre cette disparition, confie Jean-Luc Lanouilh, vice-président du conseil général. C'était quelqu'un que je côtoyais très régulièrement. Il était très actif dans la vie associative, notamment des anciens combattants. Et c'était un passionné d'histoire. Moi, je garde de Jean Hallade le souvenir d'un homme de convictions, d'un homme très actif, qui a passé beaucoup de temps à s'investir dans la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Un homme avec qui j'aimais discuter. Et nous avons eu beaucoup, beaucoup de discussions… »
Car outre l'histoire, le Bichancourtois aura également marqué son entourage. « Pour nous, Jean, c'était un peu notre mémoire, une figure de notre commune, estime Michel Decool. Et il avait réponse à beaucoup de questions. » Une personne qui avait lu ses ouvrages envisageait même « un film sur lui », révèle le maire. Toutefois, même sans, le Pays chaunois n'est pas prêt de l'oublier.
L'Aisne Nouvelle présente ses sincères condoléances à toute la famille et à ses amis dans ces douloureux moments.
Les obsèques auront lieu vendredi 30 août, à 15 heures, à Bichancourt.