C'est avec beaucoup de regrets que je dois vous annoncer le décès de M. Georges Isabelle, vétéran du Régiment de la Chaudière. Il a rendu l'âme ce matin.
Ce gaillard sympathique de Cap-Chat en Gaspésie avait débarqué le 6 juin avec les Chauds à Bernières-sur-mer. Il avait été blessé juste assez gravement aux bras, aux jambes et aux cuisses pour être évacué en Angleterre lors de la célèbre bataille pour la prise de l'aérodrome de Carpiquet. Après sa convalescence, il était revenu juste à temps pour prendre part à la fermeture de la poche de Trun-Chambois, affecté au poste de mitrailleur sur une chenillette lance-flammes. À la poursuite des Allemands, il avait participé à la libération de la Belgique et s'apprêtait à faire de même en Hollande.
À Waterlandkerkje, son Ben-carrier avait sauté sur une mine. Seul survivant de son équipage, il avait passé le reste de la journée et la nuit entière coincé sous le véhicule avant d'être secouru. Ayant subi de nombreuses fractures et brûlé sévèrement par le liquide inflammable qui s'était écoulé du réservoir du lance-flammes, sa guerre avait pris fin pour de bon.
Il était revenu à plusieurs reprises aux commémorations en Normandie et son humour, son franc-parler, sa bonhomie, sa gentillesse, ainsi que sa grande humilité avaient séduit tous ceux qui avaient eu la chance de lui parler. Sans vouloir tomber dans les clichés, sa mort laissera tout de même un grand vide.
R.I.P. Monsieur Isabelle, un Grand Homme que je considérais comme ami, puisque c'est ainsi qu'il me traitait lorsque j'allais le visiter...