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André Postel-Vinay Compagnon de la Libération

Nouveau messagePosté: 21 Fév 2007, 00:52
de laverdure
Compagnon de la Libération, ancien secrétaire d’Etat FIGURE de la Résistance, André Postel-Vinay est mort le 11 février à Paris. Il était âgé de 95 ans.
Né le 4 juin 1911 dans le 7e arrondissement de Paris, petitfils et fils de polytechniciens, reçu en 1938 au concours de l’inspection des finances, André Postel-Vinay est mobilisé comme lieutenant au 70e régiment d’artillerie à la déclaration de guerre et se bat vaillamment en 1940. Fait prisonnier le 17 juin, il s’évade le 24. La défaite consommée, le jeune haut fonctionnaire a en horreur l’idée de reprendre tranquillement son activité professionnelle.

En octobre 1940, il a le contact, par Pierre d’Harcourt, avec le « S.R.Guerre », qui transmet des renseignements aux Britanniques. Il y enrôle sa soeur, Marie-Hélène, son beau-frère, Pierre Lefaucheux, et son cousin, Jacques Postel-Vinay. Parallèlement, il joue le premier rôle au sein du réseau Pat O’Leary de l’Intelligence Service qui rapatrie notamment en Angleterre les aviateurs tombés sur le sol français. Ce pionnier de la Résistance intérieure est également en contact avec le réseau du Musée de l’homme.

Le 14 décembre 1941, trahi, André Postel-Vinay est arrêté et incarcéré à la Santé, à Paris. Trois jours plus tard, pour ne pas parler, il se jette dans le vide par-dessus la passerelle longeant sa cellule au deuxième étage. La colonne vertébrale et les jambes fracturées, mais vivant, il est laissé trois jours sans soins. Finalement opéré et soigné, il est gardé à l’hôpital de la Pitié. Il a alors l’idée de simuler la folie.
En juin, il se tranche le poignet, se sectionnant une artère, ce qui
lui vaut d’être opéré sans anesthésie. Début août 1942, il subit des examens psychiatriques à Sainte-Anne. C’est là que, laissé sans surveillance tant il est faible et jouebien la folie, il recouvre la liberté en sortant, en claudiquant, par la grande porte, le 3 septembre 1942. Le 21, il est enlevé par opération maritime pour Gibraltar. Responsable de la Caisse centrale de la France Libre, nommé compagnon de la Libération en octobre 1943, il siège à l’Assemblée consultative provisoire.

Après la guerre, il poursuit une brillante carrière – il sera secrétaire d’Etat aux travailleurs immigrés, du 8 juin au 22 juillet 1974 – jusqu’à son départ à la retraite en 1976.

André Postel-Vinay avait publié en 1997 aux Editions du Félin ses souvenirs de 1941-1942, intitulés "Un fou s’évade", où il relatait avec humour, distance et modestie son parcours résistant, non sans rendre en conclusion un vibrant hommage à Pierre Brossolette comme pour suggérer qu’il ne se prenait pas, quant à lui, pour un héros.
Une élégance bien en concordance avec l’homme qu’il était.
Laurent Douzou Le Monde


• Commandeur de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 21 octobre 1943
• Grand Croix de l'Ordre National du Mérite
• Croix de Guerre 39-40 (2 citations)

http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/801.html