Post Numéro: 9 de NIALA 17 Juil 2020, 09:04
On ne peut parler de la situation de la marine marchande française sans citer les accords Laval-Kaufmann qui signent la disparition quasi -totale de la marine marchande de Vichy fin 1942.
Après le débarquement en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, les troupes germano-italiennes envahissent la zone libre et prennent, de fait, le contrôle de la flotte marchande mouillée principalement à Marseille et à Berre. Aucun navire n'est cependant investi et les représentants allemands déclarent même renoncer à toute réquisition arbitraire, position fortement suspecte puisqu'il ne reste plus que 10 cargos disponibles aux Italiens, pour le ravitaillement de la Libye.
Les événements d'Afrique du Nord (cessation rapide des combats, déclaration pro-alliée de Darlan, etc.) déterminent les Allemands à exiger que la totalité de la flotte marchande disponible lui soit affrétée.
C'est alors que le président du Conseil, Pierre Laval donne son accord verbal puis, dans une lettre adressée à Hitler le 22 novembre, fait part de sa décision de contribuer à la reconquête de l'Afrique du Nord en lui octroyant 158 navires de commerce français. Les navires seront mis à la disposition de l'Axe avec, si possible, leur équipage habituel ou en recourant à des volontaires. Si aucune de ces dispositions n'était possible, l'Etat accepterait que les navires soient armés par des équipages allemands.
Il est à noter que le nouveau secrétaire d'État à la Marine, l'amiral Abrial, n'a pas été informé de cette décision.
L'accord est entériné le et signé à Paris le 23 janvier 1943 entre messieurs K. Kaufmann, pour l'Allemagne et L. Nicol, pour la France.
Par cet acte, le gouvernement allemand affrète au gouvernement français :
Tous les vapeurs (paquebots et cargos) marchant au charbon d'un tonnage supérieur à 1 600 tjb
Tous les pétroliers d'un tonnage supérieur à 1 600 tjb
Tout le petit tonnage de 100 à 1 600 tjb
Tous les navires à moteur et ceux marchant au mazout, d'un tonnage de plus de 1 600 tjb
Cela représente plus de 700 000 tonneaux de jauge brute, soit le quart de la flotte marchande française en 1939.
Ces navires doivent être en bon état de marche, avec tout l'inventaire et l'outillage, contre paiement et, dans la mesure du possible, l'équipage français au complet (article 4). Le gouvernement allemand (article 5) paye au gouvernement français, pendant la durée de mise à disposition, une indemnité égale à 5% de la valeur au 31 août 1939, plus une indemnité d'amortissement de 5% de la valeur fixée. Le paiement de ces indemnités ne s'applique pas aux voyages des navires en direction de l'Afrique du Nord.
On notera donc le terme de gratuité employé pour les affrètements destinés à la reconquête de l'Afrique du Nord. La plupart de ces navires ont d'ailleurs déjà quitté les ports français vers l'Italie, au moment de la signature de cet accord. Ces accords excluent toute participation italienne aux discussions.
Si les navires sont cédés aux Allemands, ces derniers, par suite du manque de personnel pour en assurer l'armement, en transfèrent une partie sous pavillon italien, étant entendu que tous les problèmes pouvant se produire seraient réglés directement entre l'Allemagne t l'État français.
L'apport gratuit des cargos français va permettre à l'Axe de s'engager vigoureusement en Tunisie. Seuls quelques cargos, en nombre réduit, vont être envoyés en mer Adriatique, en mer Égée et trois unités en mer Noire.
Source:
Le livre La Marine marchande tome 3 de Marc Saibène, Jean-Yves Brouard et Guy Mercier (Editions Marines)
Alain
Cordialement
Alain