Post Numéro: 134 de martial duteil 12 Déc 2010, 17:20
Fin juin 1942, alors que Rommel s’approchait si près d’Alexandrie, quelle était la position de Godfroy ? La question a été soulevée il y a quelques jours.
Rappelons d’abord que, lorsque les britanniques ont évacué la ville et le port, la FX s’est retrouvée seule dans la rade d’Alexandrie, avec des équipages réduits, des approvisionnements limités en mazout et des pièces d’armement essentielles déposées à terre (les obturateurs des gros canons et les pointes des torpilles).
Mais auparavant Godfroy avait eu de nombreux échanges de vues avec l’amiral britannique. En accord avec l’amirauté française, il exprimait clairement les intentions suivantes : il voulait tenter de rallier un port français (Bizerte ou un port du sud tunisien) ; selon lui, en application de l’article 8 de l’armistice, les allemands et les italiens ne s’y opposeraient pas ; il refusait l’offre américaine d’aller se réfugier dans un port d’Amérique du sud ou en Martinique ; enfin il saborderait ses navires plutôt que de les laisser prendre par une puissance étrangère.
De son coté la Royal Navy maintenait fermement qu’elle ne laisserait pas la FX sortir d’Alexandrie sauf pour s’abriter plus à l’est, du coté de Suez. Au besoin elle barrerait la sortie de la rade en y coulant des cargos !
Dans son livre Godfroy expose longuement ces discussions. Il retrace en détail les messages et les positions de Vichy ainsi que la manière dont la presse relate alors cette montée de la tension franco-britannique. En revanche il n’est pas très précis sur la chronologie jour par jour : on lit que la Royal Navy est partie, puis plus loin, que la menace ennemie recule et que le 25 juillet « la vie normale reprit pour la Force X » (p. 313). En l’absence des bateaux de guerre britanniques, alors que la sortie du port n’avait pas été obstruée, l’escadre française avait-elle une possibilité de s’échapper ? On n’arrive pas à comprendre si Godfroy s’y était réellement résolu. Il invoque séparément le manque de mazout pour rejoindre la Tunisie, le besoin de carénage des navires, les vedettes rapides lance-torpilles de la Royal Navy demeurées dans la rade et le risque (modéré pour lui) d’être attaqué par des avion torpilleurs britanniques s’il partait.
L’impression générale que donne le texte est que si Godfroy était fermement décidé à ne pas suivre les britanniques, il l’était beaucoup moins –malgré ses déclarations - quand il s’agissait de prendre la mer en direction de l’AFN. Comme si la « vie normale » de la FX, c’était de rester à Alexandrie.