Cela fait 66 ans aujourd'hui que le cuirassé géant Bismarck fut coulé au large de Brest.
En m'appuyant sur le livre de
Pierre Montagnon,
La seconde guerre mondiale, Edition France-Loisirs, 1999, p 355 à 357.
1)
Le Bismarck, un des plus grands cuirassés de la seconde guerre mondiale.
Dernier sorti avec son jumeau le
Tirpitz, encore aux essais, le cuirassé
Bismarck,
se présente au printemps 1941 comme l'un des plus puissants navires de ligne du monde. Ses 51 000 tonnes, sa vitesse de 30 noeuds, ses 4 tourelles doubles de 381, ses 12 pièces de 150 surclassent tous les bâtiments britanniques.(Le
Prince of Wales, fleuron de la marine britannique est un 45 000 tonnes, vitesse de 28 noeuds et ne dispose que de 355. Le plus puissant étant les cuirassés géants Yamato et Musachi, tirant 65 000 tonnes, filant à 27 noeuds et disposant de canons de calibre de 457 mm!!)
Conformément à ses conceptions de la guerre navale et au rôle des grans bâtiments de surface, l'amiral
Raeder, en mars 1941, décide de lancer le
Bismarck dans la bataille de l'Atlantique. A ses yeux, cette intervention devrait constituter l'arme absolue dans la lutte contre les transports britanniques.
2)
Première victoire dans la Mer du Nord contre le Hood.
Le 18 mai, le
Bismarck, escorté du croiseur lourd
Prinz Eugen, quitte Gdingen, franchit le Kattegat, et fait escale à Bergen en Norvège.(*
au-delà de la sécurisation de la route du fer, vitale pour l'allemagne, la conquête de la Norvège a permis d'améliorer la situation géo-stratégique de l'allemagne et notamment de permettre à sa marine de guerre de disposer d'une base vers l'atlantique !).De là, toujours avec le
Prinz Eugen, il gagne l'Atlantique en contournant l'Islande par le nord. Le commandant de l'escadre, le vice-amiral Gunther Lütjens, 52 ans, est convaincu qu'il va croiser des convois anglais rejoignant l'Ecosse.
Alertée, l'amirauté britannique rameute ses "gros". De Scapa Flow, les croiseurs de bataille
Hood(*le
Mighty Hood fut lancé en août 1918, il était alors le plus grand navire du monde. Avec ses 42 600 tonnes , sa vitesse de 31 noeuds et ses 8 pièces de 381, il peut se mesurer au Bismarck !)
Prince of Wales, et 6 destroyers se portent vers le canal du Danemark. La
Home Fleet et l'amiral
Torvey gagne la zone de transit des convois. De Gibraltar, la Force H de l'amiral
Somerville remonte vers le Nord avec le croiseur
Renown et le porte-avions
Ark Royal.
Le 23 mai, en soirée, les deux bateaux allemands sont repérés, et le 24, à l'aube, le
Hood distingue l'adversaire et ouvre le feu avec ses 381 à une distance de 23 000 mètres. La riposte du
Bismarck lui sera fatale, coupé en deux par une explosion, il coulera avec 1 416 officiers et marins, il n'y aura que 3 survivants. Le
Prince of Wales, touché également par 4 projectiles, doit rompre le combat.
Si l'affaire est mal engagée pour la
Navy, le "monstre germanique" a été localisé et a aussi été touché deux fois, en dessous de sa ligne de flottaison qui a causé une fuite importante de mazout.
3)
La fin du Bismarck !
Blessé, le cuirassé allemand pourrait regagner sa base , fort d'un beau succès. Ce serait sagesse, eu égard à ses avaries. Curieusement, au lieu de foncer vers l'est, en direction de la côte française, il pique plein sud, abandonnant le
Prinz €ugen (*
on peut légitimement se demander pourquoi le grand-amiral Raeder a pris ce risque ...). Il se retrouve seul, alors que le
Prince of Wales et plusieurs croiseurs le pistent sans relâche, que la
Home Fleet et la Force H poussent leurs feux pour l'intercepter.
En fin de journée, les
Swordfish du porte-avions
Victorious arrivent à repérer le bateau allemand et placent une torpille sous la passerelle. Puis, brutalement, dans la nuit du 25, le contact radar est rompu, les poursuivants perdent la trace du cuirassé.
Le 26 mai, à 10h30, un
Catalina du Coastal Command repère le
Bismarck à 790 milles à l'ouest de Brest.
Le
King George V, le
Rodney de la Home Fleet sont à 50 milles plus au nord. La Force H, avec le
Renown et l'
Ark Royal, se rapproche, ainsi que le
Sheffield. Ce dernier arrive à coller à la proie. Il guide les
Swordfish pour une nouvelle attaque. A 21h30, 2 torpilles atteignent leur cible. Gouvernail bloqué, le
Bismarck dérive en décrivant des cercles. Vers minuit,
Lütjens qui, après l'exaltation de sa victoire sur le
Hood, a sombré dans l'abattement, transmet un message :
"
Le bateau n'est plus manoeuvrable. Nous combattrons jusqu'au dernier obus. Vive le Führer !"
Au matin du 27 mai, une forte tempête souffle du nord-ouest.
Le
Rodney, le
King George V sont maintenant à bonne distance. A 8h48, le
KG V ouvre le feu et à 10h15, le cuirassé allemand n'est plus qu'une épave. Le croiseur
Dorsetshire l'achève à la torpille.
A 10h40, le
Bismarck chavire et sombre par 48°05 nord et 16° ouest. Il entraîne 2 190 hommes dans la mort. Les Britanniques ne recueilleront que 110 survivants.
La fin du navire allemand est le chant du signe du cuirassé, dépassé par le porte-avions.