Dog Red a écrit:Merci les gars pour vos précisions.
C'est donc RAEDER qui fut prétentieux en lançant les seuls Bismark et Prinz Eugen à l'assaut de l'Atlantique.
Il s'en sort à bon compte pour cette erreur de jugement doublée d'insubordination.
C'est difficile d'être catégorique sur le bien-fondé ou non de la décision de Raeder.
Lütjens avait, déjà, le commandement de la division, composée par le Gneisemau et le Scharnhorst, lors de l'Opération Berlin, et il avait bien "enfumé" la RN, qui l'attendait dans le passage Islande-Iles Féroé, en contournant l'Islande et le Groenland par le nord et en empruntant le Détroit du Danemark (en plein hiver!). Sortie du détroit, la division s'était "évaporée"!
En mai, les consignes de Lütjens étaient d'éviter, au maximum, tout engagement avec la RN, dans la "zone" groenlandaise, en exploitant la vitesse de ses bâtiments. Même, les deux "morpions" de croiseurs britanniques, HMS Suffolk & Norfolk, qui leur avaient collé aux basques, en pleine tempête de neige, à la sortie du détroit, ne constituaient pas, en dépit de leurs radars, une menace sérieuse;, car les deux croiseurs, qui n'avaient pas les moyens de se confronter aux 38 cm du "Bibi", étaient contraints de suivre les deux allemands à distance, pour éviter de se faire punir. Une fois, la division entrée en "eaux libres", au sud du Groenland, en l'espace de quelques heures de nuit ou de visibilité médiocre, elle pouvait semer, sans trop de difficultés, les deux chiens de chasse de la RN. C'est, d'ailleurs, ce qui s'était passé, quand le Bismarck et le Prinz Eugen, avaient, tous deux, en début de soirée du 24 mai, en profitant de bancs de brouillard, pris des caps différents, le premier ralliant la côte française - Saint-Nazaire, pour des questions d'autonomie de carburant - , pour cause de blessure, le second, disparaissant dans l'immensité de l'Atlantique Nord! En plus, des meutes de U-Boote avaient été pré-positionnées sur la route probable des deux unités, pour allumer à la torpille, d’éventuels poursuivants, ce dont se doutaient les Brits, qui ne pouvaient, donc, pas organiser la chasse sans devoir en tenir compte.
Si le Bismarck n'avait pas encaissé, sur son avant, le pélot du PoW, à 0557, la mission n'aurait pas été compromise - quant à estimer son résultat, çà, c'est une autre paire de manches ! -. Mais les dégâts subis, avaient, en noyant le turbogénérateur bâbord avant et la centrale électrique No 4, réduit de moitié sa réserve de puissance électrique et contraint d’éteindre deux chaudières ! Les dommages s'aggravant sous l'effet de la vitesse, le Bismarck, blessé, l'avait abaissée plusieurs fois jusqu'à 20 noeuds et, même à 10 noeuds, pour effectuer des réparations!
En plus, lors son retour vers la côte française, Lütjens avait, apparemment, été un peu trop "bavard", car ce seraient, en partie, les interceptions des messages-radio entre le Bismarck & le Gruppe West (KM), qui auraient permis, aux Brits, de "relocaliser" le cuirassé!