Daniel Laurent a écrit:- Cela commence par les Lois de Nuremberg.
Non, cela commence bien avant. Au sein du Parti lui-même, par l'autorisation de violences antisémites dans les années vingt-trente. Avant de préparer le peuple, il faut préparer les cadres et les militants.
Après sa prise du pouvoir et sa victoire aux élections législatives de mars 1933, Hitler laisse les Chemises brunes se déchaîner contre les Juifs allemands, organise le boycott des commerces juifs pour répliquer aux prétendues campagnes anti-allemandes menées à l’étranger, introduit une législation de plus en plus discriminatoire. Par la suite, au nom d’impératifs de politique extérieure, Hitler met un bémol à cette violence physique et légale, ce qui a pour effet – prévisible – de "doper" l’impatience antisémite de sa base.
De fait, en 1934-1935, alors que s’étoffent les discriminations, de nouvelles vagues de désordres, soigneusement encadrées, remettent la "question juive" au goût du jour. Chez certains hauts fonctionnaires du régime, inquiets devant ces troubles à l’ordre public, une intervention officielle de l’Etat est indispensable pour canaliser le mouvement.
En septembre 1935, au cours du Congrès du Parti se tenant à Nuremberg, Hitler n’a plus qu’à faire voter au dernier moment par le
Reichstag deux lois
"pour la protection du sang et de l’honneur allemand", lesquelles privent les Juifs de tous leurs droits politiques et prohibent toute relation sexuelle entre un Juif et un "Aryen".
Malgré quelques critiques, la population allemande ne s’oppose pas à cette législation qui condamne les Juifs à la mort juridique et économique – car, espère-t-elle, de telles lois mettront fin aux débordements du Parti… En deux ans, le
Führer est parvenu à imposer une ségrégation totale à moindre frais.
- Puis ont franchi une seconde etape durant le Nuit de Crystal.
Laquelle est, à titre principal, un pogrom soigneusement organisé, et à titre subsidiaire un test.
- Apres, on ouvre des camps de concentration qui, au debut, il faut le rappeller, n'etaient "que" des camps de prisonniers ou des juifs allemands y cotoyaient des opposants politiques allemands et de veritables repris de justice qui s'etaient retrouves du mauvais cote (Je veux dire n'avaient ete se planquer chez les SA)
- Ensuite on commence a "nettoyer" le front de l'Est avec les Einsatzgruppen que tu as raison de mentionner mais dont l'activite etait d'une part limitee a quelques zones precises et d'autres part relativement discrete, peu de gens a l'epoque en avait entendu parler.
Pas vraiment. Si le secret est imposé aux
Einsatzgruppen, les exécutions n'échappent ni à la
Wehrmacht, ni à la population des territoires soviétiques occupés. Hitler y comptait sans doute, afin d'habituer les esprits au programme génocidaire qu'il allait enfin lancer dans les semaines suivantes...
- Ensuite, c'est Wansee. La on commence a "mouiller" un cercle plus elargi, mais toujours en douceur. Il ne s'agit pas d'effaroucher ces respnsables qui sont, certes, des Nazis pur sucre, mais que l'idee, a priori, d'un massacre general industrialise pourrait effrayer.
Plus tard, en 1943, Hitmmler tiendra sa serie de conference ou il "mouillera" les hauts responsables dans leur ensemble (Gauleiter, Generaux, etc...) sur le sujet de la realite de ce qu'etait la "solution finale".
Non, Wannsee constitue plus qu’une mission d’information :
Heydrich cherche à obtenir l’appui bureaucratique des différentes administrations concernées. Le Ministère des Affaires Etrangères, par exemple, devra collaborer au travail de persuasion des différents Etats alliés ou occupés par l’armée allemande, s’agissant de la
Judenfrage. Wannsee remplit ici un intérêt pratique. Et l'on voit mal Heydrich dissimuler aux invités - pour la plupart parfaitement au courant de ce qui se trame - l'énormité du projet.
Les faits militent contre la théorie selon laquelle la conférence n'aurait pas spécifiquement abordé le génocide.Les séminaires de Posen n’ont aucune implication de ce genre. Ils ont pour objectif d’informer, et de "mouiller", un nombre plus élargi de personnes. A la différence de Wannsee, tous les ministères, tous les Gauleiter, tout le Haut-Commandement sont concernés. Himmler se cantonne à une obligation de renseignement plus élargie. Dix-huit mois plus tôt, Heydrich se contentait de faire appel aux administrations indispensables, ce qui ne signifiait pas l’extension du secret à des institutions telles que l’armée ou la totalité du Parti. Wannsee restait dans le secret mais y conviait des initiés, et Posen dissipe ce secret pour le plus grand nombre.
Sans la guerre, cela aurait ete beaucoup plus difficile, voire impossible. Et il y a l'a l'une de ces contradictions internes typiques de Hitler : Il a voulu la guerre mais la voulait courte pour avoir la paix le plus vite possible. Son objectif etait d'en finir avec la Russie fin 41 - debut 42. Ensuite, il a lance plusieurs initiatives tentants d'obtenir des paix separees, tantot vers les Soviets, tantot, et surtout, vers le Royaume-Uni et les USA.
Mais, sans la guerre, difficile de poursuivre la Solution Finale.
Ah ? Hitler écrase l'URSS, ce qui lui permet d'imposer la paix aux Britanniques et aux Américains - et, accessoirement, de conforter les Japonais - et il devrait... interrompre l'extermination ?
Mais qu'a-t-il à craindre, le pauvre homme, s'il l'emporte ? Qui ira lui chercher querelle ?