Post Numéro: 1 de orpo57 10 Nov 2021, 10:24
Fils d’un Professeur puis Proviseur de Lycée, Walther Stahlecker est né en 1900 à Sternenfels. En septembre 1918, il interrompt ses études secondaires pour une période militaire et entre en 1919 au studentischen Freiwilligenbataillons Tübingen un corps d’étudiants avec lequel il s’oppose au Parti Communiste et au Parti Socialiste lors des grandes grèves à Stuttgart. Puis il retourne au Lycée pour passer son Abitur. Dans les années 20, Il s’implique dans des organisations nationalistes (Deutschvölkischen Schutz und Trutzbundes, Brigade Ehrhardt, Bund Wiking). Il adhère une première fois au NSDAP à Tübingen en 1923 jusqu’à sa dissolution.
Ayant entrepris des études en droit public, il passe avec succès le « Referendar-Examen » et effectue des stages dans divers tribunaux du Wurtemberg. En 1927 il est docteur en droit et l’année suivante il réussit l’ «Assessor-Examen » qui lui ouvre les portes de la haute fonction publique. Il intègre l’administration Land du Wurtemberg. Dès 1929, il est promu Conseiller du Gouvernement (Regierungsrat). Il est muté au Service du Travail du Wurtemberg et devient Directeur du bureau de Nagold jusqu’en 1933.
Stahlecker entre à la SS (n° 73 031) en mai 1932, il est rattaché au SS-Abschnitt X (Stuttgart). Il devient officier (SS-Untersturmführer) le 18 décembre 1933 et formule une demande de réintégration au NSDAP.
Après l’arrivée au pouvoir d’Hitler, il est nommé en mai 1933 Directeur adjoint de la Police politique du Wurtemberg. Bénéficiant d’une promotion en novembre 1933 au grade d’Oberregierungsrat (Conseiller Supérieur du Gouvernement), il est nommé adjoint au Chef de la Représentation du Land à Berlin.
Le Gouverneur et Gauleiter du Wurtemberg Wilhelm Murr lui demande en mai 1934 de rentrer pour prendre la tête de la Police politique du Wurtemberg.
En juillet 1934, son adhésion au parti est officiellement validée. Le Gauleiter Murr est intervenu auprès du Trésorier du Reich du NSDAP pour qu’il ait un numéro d’adhérant avec effet rétroactif à 1932 : son numéro de membre va passer du n° 3 219 015 au n° 1.069.130.
En octobre 1936, à la faveur de la centralisation des polices politiques dans le Reich, Il prend la Direction Régionale de la Gestapo pour le Wurtemberg (Staatspolizeileitstelle Stuttgart). En mai 1937, il est muté à la Direction Régionale de la Gestapo de Silésie à Breslau.
Lors de l’Anschluss (mars 1938), il dirige l’Einsatzgruppe de la SIPO-SD envoyé à Vienne. Pendant un an comme Inspecteur de la Sicherheitspolizei pour l’Autriche il va mettre en place la Gestapo et la Kriminalpolizei ainsi que le Sicherheitsdienst en qualité de Chef du SD-Oberabchnitt Donau. En avril puis en mai 1938 Il est promu successivement SS Obersturmbannführer puis SS-Standartenführer. En tant que chef de la Gestapo, il est le directeur du « bureau central d’émigration juive » à Vienne dont il délègue la direction effective à Adolf Eichmann.
En octobre 1938, il est à la tête d’un commando de la SIPO-SD pendant l’occupation du territoire des Sudètes et en mars 1939 il participe à l’occupation du reste de la Tchécoslovaquie. Trois mois plus tard il quitte Vienne pour Prague comme SD-Führer et Befehlshaber der SIPO SD pour le Protectorat de Bohême-Moravie. Heydrich lui assigne la mission dès septembre 1939 de planifier le déplacement des juifs du Protectorat vers Pologne.
Stahlecker va rester officiellement en poste à Prague jusqu’en octobre 1941.
Avec Eichmann, il entreprend en octobre 1939 une tournée d’inspection en voiture en Pologne dans le secteur de Cracovie et de Lublin. Ils repèrent le site de Nisko qui est pressenti pour installer une « réserve juive ».
Après l’invasion de la Norvège en avril 1940, il est détaché comme délégué du Ministère des Affaires Etrangères auprès du Représentant du Reich. Dès le mois de mai 40, il prend la tête de l’Einsatzgruppe de la SIPO SD avant d’être nommé Befehlshaber der SIPO-SD à Oslo. Il est à ce titre Conseiller politique auprès du Commissaire du Reich pour la Norvège, le Gauleiter Josef Terboven. Il bénéficie d’une double promotion au grade de Conseiller Ministériel (Ministerialrat) et de SS-Oberführer
Sur recommandation d’Heydrich, il est détaché en novembre 1940 au Ministère des Affaires Etrangères comme Chef de la Deutschen Informationstelle III. C’est un service de renseignement qu'il met sur pied avec un réseau d’hommes de confiance au sein des représentations diplomatiques allemandes. Mission qu’il va mener jusqu’en juin 1941.
A la demande du Ministre de l’Intérieur du Reich, il est promu le 6 février 1941 SS-Brigadeführer et Generalmajor der Polizei.
Après le déclenchement de l’Opération Barbarossa contre l’URSS en juin 1941, il est désigné pour représenter Heydrich auprès du Commandant de la zone arrière du Groupe Armée Nord et surtout comme chef de l’Einsatzgruppe SIPO SD « A » pour les pays baltes et la Biélorussie.
Dans son secteur, les commandos de Stahlecker mettent en œuvre la « Shoah par balles » : le rapport d’activité de son groupe d’intervention pour la période de juillet à décembre 1941 en Lituanie et dans le secteur de Minsk est terrible : 133 346 juifs tués. Un rapport de février 1942 pour la Lettonie (sans Riga) annonce l’exécution de 35 238 juifs.
Le 31 janvier 1942 il rédige un rapport qui précise qu’ « à l'exception de quelques milliers de Juifs qui travaillent, la Lettonie est pratiquement exempte de Juifs (judenfrei) ». Il décompte l’exécution de 240 410 hommes dont 218 050 juifs, 8 359 communistes et 1 644 aliénés.
Le 9 mars 1942, Heydrich le propose à Himmler pour le poste de Chef Supérieur des SS et de la Police pour la France (HSSPF Frankreich).
Le 23 mars 1942, lors d’une action anti partisans dans le secteur de Krasnogwardeisk (Gatcina), il est atteint par une balle dans la cuisse qui lui sectionne l’artère de la jambe. Malgré les premiers soins médicaux prodigués à l'hôpital de Riga, il se vide de son sang et meurt durant son transfert par avion vers Prague.
Le 26 mars 1942 à l’occasion de la cérémonie funéraire au château de Prague, le Protecteur du Reich et Chef de la Sipo SD Heydrich prononce son éloge funèbre.
Finalement, c’est Carl Oberg proche collaborateur de Heydrich entre 1933 et 1935 qui sera nommé HSSPF à Paris en mai 1942.
Georges
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