Post Numéro: 1 de le laonnois 02 Fév 2020, 19:53
Bonjour
Pour rebondir sur une file de Prosper sur "Les PG Anglo-Américains juifs et la solution finale." avec les prisonniers de guerre juifs français
La captivité en Allemagne des soldats juifs de FranceParmi les prisonniers de guerre de France détenus en Allemagne de 1940 à 1945 se trouvaient environ 13 000 soldats juifs. Si leur statut de prisonnier de guerre les plaçait aux marges de la Shoah, leur judéité tendait à les singulariser au sein du monde captif, où ils subirent antisémitisme et discriminations. Cette problématique identitaire et ce destin commun tendirent à rassembler ces Juifs au sein de chaque camp militaire, et furent l’occasion de l’éclosion de formes communautaires éphémères aux traits diasporiques.
Quelques mois après sa libération, le philosophe Emmanuel Levinas témoigna de son expérience pendant la Seconde Guerre mondiale : malgré sa présence en Allemagne, il avait survécu, protégé par son statut de prisonnier de guerre. Tel fut le destin singulier de tous les prisonniers de guerre juifs de l’armée française.
C’est au printemps 1940 que s’initia cet épisode historique pour le moins paradoxal. Suite à la débâcle de l’armée française, l’armée allemande constitua une masse gigantesque de prisonniers de guerre. Près de 1,6 million de ces soldats fut transféré outre-Rhin, et répartis pour la durée de la guerre dans un vaste système de camps de détention militaire. Disséminés sur le territoire du Reich, les oflags accueillirent les officiers, et les stalags les sous-officiers et les hommes de troupe. Les conditions de vie y étaient difficiles, mais globalement, le statut de prisonnier de guerre tel qu’il était défini par la convention de Genève de 1929 fut respecté : les captifs français furent dans l’ensemble traités avec humanité et protégés contre les actes de violence
Parmi ce flot de captifs, se trouvaient environ 13 000 Juifs. Pendant que les Juifs de France et de toute l’Europe subissaient la destruction, ces milliers de soldats juifs trouvèrent de fait derrière les barbelés une forme de refuge inattendu en plein cœur du Reich : cette captivité de guerre constitua un temps et un lieu aux marges de l’histoire dramatique de la diaspora juive. Bien qu’exceptionnelle, l’histoire de ces hommes demeure méconnue et peu renseignée. En effet, cet épiphénomène original se situe dans une forme d’angle mort historiographique : la question n’est qu’à peine défrichée dans l’historiographie de la captivité de guerre, et cette petite minorité de Juifs reste très peu visible dans celle de la Shoah – à laquelle elle échappa par sa présence dans le circuit militaire de la captivité. De surcroît, ces singuliers rescapés eurent tendance à se replier dans une mémoire très discrète après la guerre. Par ailleurs, la matière pour écrire cette histoire ne se trouve pas aisément : ses sources sont rares, lacunaires, éparpillées et difficiles d’accès. Un patient travail d’enquête permet toutefois d’en rassembler les traces, et de constituer un corpus de sources administratives et de témoignages, qui permet d’esquisser les grands traits de l’histoire quotidienne de leur captivité......
Suite ici
https://journals.openedition.org/diasporas/1181cordialement