LE MASSACRE DES SERBES DE CROATIE
Posté: 17 Juin 2019, 15:59Un génocide oublié : le massacre des Serbes de Croatie.
L’État indépendant de Croatie, détaché du royaume de Yougoslavie en avril 1941, est un fidèle allié du Reich allemand. Le régime est dirigé par Ante Pavelic. Il est le chef de l'organisation des Oustachis (Ustaše, les « insurgés »), mouvement indépendantiste et extrémiste qui s'est rangé du côté des Allemands dès l'invasion du pays le 6 avril 1941.
Rappelons que les régions qui composent l'ex-Yougoslavie connaissent d'important brassages de populations entre ethnies Slaves de religions différentes. En effet, les Serbes sont généralement orthodoxes tandis que les Croates sont pour la plupart catholiques. Il existe également une importante communauté musulmane en Bosnie. Le nouvel État de Croatie (6 millions d'habitants) compte 51% de Croates, 30% de Serbes, 12% de musulmans, plus quelques dizaines de milliers de juifs et de Tziganes.
Les Oustachis vont alors se livrer à un terrible « nettoyage ethnique » sous la forme d'une extermination délibérée de tous les éléments de la population qui ne sont ni croates ni catholiques ; principalement les Serbes, mais aussi les juifs et les Tziganes.
Dès les premiers jours suivant l'indépendance, une législation raciste met les Serbes et les juifs au ban de la société. Les Serbes doivent porter au revers de leur veste un ruban de couleur bleu avec la lettre « P », initiale de Pravoslani (orthodoxe). Parallèlement, les responsables du nouveau régime multiplient les appels au meurtre contre les Serbes. Ante Pavelic lui-même déclare : « Un bon Oustachi est celui qui sait manier le poignard pour arracher l'enfant du ventre de sa mère ».
Les tueries commencent dès la fin avril 1941 et se poursuivent de manière intense jusqu'en août. De nombreux villages à population serbe sont anéantis, leurs habitants sont assassinés de manière barbare : les femmes violées avant qu'on ne leur coupe les seins, les enfants fracassés contre les murs ou empalés, les vieillards écartelés après avoir eu les yeux arrachés... L'horreur est indicible. Au total, 100 000 Serbes sont victimes de ces massacres.
Par ailleurs, des dizaines de camps de concentration ont été ouverts dans le pays où la férocité des Oustachis peut se donner libre cours. Dans le seul camps de Jadovno, qui ne fonctionne pourtant que 3 mois, on estime entre 35 000 et 70 000 le nombre de victimes. Le plus terrible et important des camps fut celui de Jasenovac : au moins 360 000 cadavres sont retrouvés dans ses environs immédiats après la guerre. Au total, ce génocide fit de 700 000 à 1 000 000 de morts, soit 12 à 16% de la population du nouvel État de Croatie, principalement des Serbes, mais aussi 35 000 juifs et 25 000 Tziganes.
A la différence du nazisme, qui s'appuie sur des théories racistes, le massacre collectif des Serbes relève très largement de motivations religieuses. Le clergé catholique, dans une très large mesure, apporte son soutien au pouvoir des Oustachis. Cette politique sanguinaire bénéficie de la complicité tacite de Pie XII qui ferme les yeux et se tait. Après la guerre, le Vatican aida d'ailleurs des centaines de criminels de guerre oustachis à se sauver, à commencer par leur chef, Ante Pavelic, qui vécut quelques temps à Rome avant de gagner l'Argentine puis l'Espagne.
