Fallait-il bombarder les camps?

Cela ne fait rien, dans la mesure ou vous dites dans le présent post : la thèse de "l'abandon des Juifs" par le reste du monde, indifférent, prend son essor à la fin des années 1970 . je vous demande, ah bon ? personne n'avait parlé de celà avant ?
la passivité dont nous parlons n'est pas "de ceux qui restaient provisoirement en vie", mais ceux qui auraient pu faire autre chose que rester passif, par exemple les alliés.
En ce qui concerne la "passivité" de ceux qui partaient à l'abattoir sans se rebeller, cela aussi a été longuement commenté au cours des décennies, peut-on penser qu'avec des bombardements, une certaine lueur d'espoir eut pu générer révolte et combativité?
Réflexion empreinte de naïveté, certes, mais on peut rêver que les choses eussent pu se dérouler différemment.

Je me permet une digression sur le sujet initial du fil.

Je me questionne sur le poids du savoir. Fallait il éclairer le Monde sur l'horreur des camps d'exterminations au cours de la guerre ?

Cela aurait pu provoquer un tollé d'indignations et une demande répétée et soutenue pour soit arrêter le massacre , soit tout tenter pour soulager les déportés. Le tout au détriment de l'effort de guerre aérienne mené contre le Reich.
Face à l'horreur de la barbarie nazie , est ce que l'opinion publique aurait pu comprendre que la seule solution était de défaire militairement l’Allemagne pour libérer ces personnes ? Dans la même veine , cela aurait pu aussi exacerber les volontés pour en finir au plus vite ...

[frontovik 14]

Je m'interroge également sur la nécessité des révélations sur l'horreur des camps et des centres de mise à mort. Il y a fort à parier que bien peu de gens y auraient cru, qu'ils soient gouvernants ou simples particuliers. N'oublions pas que la guerre fut une guerre de propagande et que bien des gens auraient pris ces informations pour de la désinformation et de l'exagération.
En gros c'est un peu comme si on nous annonçait que les extra terrestres avaient rencontré Fox Mulder et Dana Scully...

Il y a fort à parier que bien peu de gens y auraient cru, qu'ils soient gouvernants ou simples particuliers.

Et d'ailleurs, lorsque les déportés survivants sont revenus certains ne les croyaient pas tellement ce qu'ils racontaient paraissait impensable.

[frontovik 14]

Très juste. Ils ont parlé, on ne les a pas cru et ils se sont tus. Jusqu'aux années 70-80 quand une nouvelle génération n'ayant pas connu la guerre fut plus disposée à entendre les témoignages.

Cela ne fait rien, dans la mesure ou vous dites dans le présent post : la thèse de "l'abandon des Juifs" par le reste du monde, indifférent, prend son essor à la fin des années 1970 . je vous demande, ah bon ? personne n'avait parlé de celà avant ?

il y a un monde entre naître et "prendre son essor"; je suis étonné de l'apprendre à une femme !

2 - Quand bien même les Alliés eussent été au courant, eût-il fallu bombarder les camps ?
Je réponds non.
- D'une part parce qu'évidemment, de nombreux déportés auraient été tués ou blessés dans ces bombardements. Pour l'instant personne n'en a parlé, mais c'est la première objection qui me vient.
- En corollaire, j'imagine assez bien l'usage qu'en aurait fait la propagande de Goebels. Vous comprenez bien que ces juifs ne seraient pas morts du fait des traitements nazis, mais bien à cause des bombardements criminels alliés. Je vous laisse imaginer la suite.
- Enfin parce que dans ce cas, une campagne de presse aurait été redoutablement plus efficace et meurtrière contre le régime nazi.

Tout à fait d'accord sur la contre-productivité d'un bombardement, s'il avait été raté ... Un "tapis de bombes" par des B-17 début 43 aurait eu cet effet.

Il y a quelques années, la publication sur le net de cette photo aérienne, où la fumée de la cheminée d'un four est bien visible, avait fait couler beaucoup d'électrons :

Mais ce qui apparut aussi, c'est que l'organisation du camp était très mal connue : quelle partie du camp aurait-il fallu bombarder ?
Bombarder des baraques aurait eu pour résultat de tuer des prisonniers ; de mémoire, ce n'est que lors de la libération des camps que les chambres à gaz ont été clairement identifiées : des cibles très petites, difficiles à toucher avec précision, et dont la reconstruction par les nazis aurait été rapide ...

L'opération Jéricho, le bombardement de précision de la prison d'Amiens pour libérer des résistants, a été évoquée.
Mais à Auschwitz, l'environnement est différent : la plupart des prisonniers ainsi libérés n'auraient pas eu la force de s'évader, et de plus, ils n'auraient obtenu aucune aide de la population extérieure, complice ou plus simplement trop terrorisée ...

Je pense que la réaction des anglo-américains a été la bonne : hâter le démantèlement du IIIème Reich, et donc la libération la plus rapide possible des territoires où s'étaient réfugiés les juifs, les tziganes et les autres populations persécutées.
De plus, à partir de 1944, la directive stratégique "d'interdiction de rail", avec le bombardement des nœuds ferroviaires et la destruction des locomotives a été une grande entrave à la politique d'extermination nazie, car le transport des déportés devait se faire de façon "cachée" et que pour cela le rail était le meilleur moyen ...

Le wagon-mémorial de Drancy lors des Journées d'Hiver du Forum en 2012

Je terminerai par une question à l'aimable assistance : combien de déportés doivent-ils la vie sauve au fait que, grace aux bombardements alliés, leur train n'ait pas pu partir ?

Remonté d'un fil ancien avec un témoignage :

"Re: Bombardement sur Birkenau

Messagede Pierre.S » 12 Jan 2011 13:01
Bonjour,

Un lien vers un témoignage:

http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/prime.htm

Sur le même lien ce récit parle d'un bombardement en janvier 45:

"Bombardement du camp
Nous n'avions pas de montres, mais il devait être vingt-trois heures lorsque toutes les lumières s'éteignirent, y compris les projecteurs des miradors. On voyait au loin les faisceaux des éclairages photoélectriques. Une gerbe de lumières crues fleurit dans le ciel et s'y maintint immobile, éclairant violemment le terrain. On entendait le vrombissement des avions.
Puis le bombardement commença. Ce n'était pas nouveau : je descendis de ma couchette, enfilai mes pieds nus dans mes souliers et attendis.
Le bruit semblait venir de; loin, de la ville d'Auschwitz peut-être.
Mais voilà qu'il y eut une explosion toute proche, et avant même que j'aie pu reprendre mes esprits, une seconde et une troisième à crever les tympans. Des vitres volèrent en éclats, la baraque trembla, ma cuillère, logée dans une fente de la cloison en bois, tomba par terre. [...]
Quelques minutes plus tard, il fut évident que le camp avait été touché. Deux baraques étaient en flammes, deux autres avaient été pulvérisées; mais c'étaient toutes des baraques vides. On vit arriver des dizaines de malades, nus et misérables, chassés par le feu qui menaçait leurs baraques : ils demandaient à entrer. Impossible de les accueillir.
Ils insistèrent, suppliant et menaçant dans toutes les langues ; il fallut barricader la porte. Ils continuèrent plus loin, éclairés par les flammes, pieds nus dans la neige en fusion.
Plusieurs traînaient derrière eux leurs bandages défaits. Quant à notre baraque, elle semblait hors de danger, à moins que le vent ne tournât.

Les Allemands avaient disparu. Les miradors étaient vides."


L'ensemble du site est intéressant.

A+,

Pierre

[Jumbo]

Bombardement volontaire ou erreur de bombardement, appelée aussi dommages collatéraux dans une langue châtiée?

Il s'agit à l'évidence d'un "loupé" puisque l'on sait que les camps ne furent pas directement visés. Là, c'est l'usine IG FARBEN ou la gare qui sont probablement visées. Ce qui est intéressant c'est la vision depuis le sol de ce qu'est un bombardement et ses conséquences directes sur la population des camps.

La discussion qui a permis d'éclaicir un peu le sujet a déjà eu lieu ici:

viewtopic.php?f=49&t=26928&hilit=Bombardement+sur+Birkenau