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Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

De l'opération T4 à la solution finale, la dictature nazie atteint un degré d'horreur jamais atteint dans l'histoire moderne. Juifs, homosexuels, communistes, dissidents, Tziganes, handicapés sont euthanasiés, déportés, soumis à des expériences médicales.
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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 491  Nouveau message de JARDIN DAVID  Nouveau message 23 Mar 2017, 09:35

Parenthèse JD :
Très franchement, je n'ose qualifier l'argument relevé par Borsig de triste et mauvaise imitation de JDesquerie : :( :( :(
Borsig a écrit:Le rédacteur du message numéro 476 affirme, sans doute à juste titre, qu'Alain Michel est « archi-grillé de par chez nous ». Est-ce un argument valable pour considérer que son bouquin "Vichy et la Shoah" n'est pas digne de considération ?

C'est une véritable JDescroquerie de plus à porter au crédit des tenants de la Doxa.
Sachons séparer les vrais et les faux rissons.
Le mauvais goût à des limites, me semble t-il ... Elles ne doivent pas être les mêmes pour tous.
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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 492  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Mar 2017, 10:56

Borsig a écrit:
Des enfants qui vivaient en France ont été déportés. On peut relativiser cette tragédie en observant que les enfants représentaient 12% du total des personnes déportées alors que cette proportion était plus forte dans certains pays, par exemple la Belgique.


Ce paragraphe est récent. Il n'a jamais existé avant le mois de mars 2017. Il fugure dans le post numéro 442 que j'ai rédigé le samedi 4 mars 2017.


Vous ne répondez pas à ma question. Que je repose, de manière plus précise histoire de bien me faire comprendre: est-ce qu'Alain Michel cautionne l'extrait cité? Je note au passage que ledit Alain Michel a préféré garder le silence sur ce point...

Merci d'avance.
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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 493  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Mar 2017, 13:19

Or donc, puisque "Borsig" me le demande, revenons un peu sur le compte-rendu de la réunion entre Laval et les cadres sup' de la S.S. du 2 septembre 1942...

Pour rappel:

- Alain Michel et son fidèle admirateur, "Borsig", soutiennent que Vichy se serait efforcé de protéger les Juifs français face aux nazis (mais les protéger de quoi, puisque ces deux-là nous soutiennent, à des degrés certes divers, que Vichy ne savait pas ce qui attendait les déportés?);

- dans cette logique, ils soutiennent qu'au cours du mois de juillet 1942, Vichy aurait conclu avec lesdits nazis un accord prévoyant la sauvegarde des Juifs français, et qu'en contrepartie ne seraient livrés que des Juifs étrangers (enfants inclus);

- ils allèguent également que c'est cet accord qui, en grande partie, aboutirait à la circonstance que, précise "Borsig", "le pourcentage de Juifs tués fut moins élevé en France que dans tous les autres pays dans l'orbite de l'Allemagne nazie, à l'exception du Danemark". Ce même "Borsig" ajoute:

Borsig a écrit:Laval a manoeuvré habilement et cyniquement. En agissant ainsi il s'est fait complice du crime des nazis. Mais nous savons que l'action de Vichy a eu des effets paradoxales. Des Juifs apatrides ont été livrés aux Allemands. Cela faisait parti de l'accord. Si Laval avait agi autrement, les Allemands auraient rapidement déclaré l'accord caduque ; ils auraient pu rafler, dans la zone nord, non seulement des Juifs apatrides mais aussi des Juifs français. L'habilité de Laval n'a d'égal que la déception des Allemands en août 1943 quand ils se rendent comptent qu'ils ont été bernés. Pour quelle raison croyez-vous que Heinz Röthke a été renvoyé ? Son remplacement par un officier plus énergique n'est-il pas un désaveu de la part de sa hiérarchie ?


Le problème est qu'il n'en est rien. Accord il y a eu en juillet 1942 entre Vichy et les nazis, oui. Mais il ne prévoyait certainement pas de sauvegarder les Juifs français. J'ai déjà montré pourquoi. J'y ajoute ce message.

Concrètement, un tel accord prévoyait autre chose: seraient d'abord livrés les Juifs étrangers, puis des Juifs naturalisés français mais à qui on retirerait leur nationalité. Mais il ne spécifiait nullement, en aucun cas, la protection des Juifs français: simplement, leur tour viendrait après. Les documents allemands sont sans équivoque sur ce point, et Alain Michel n'a pas été fichu (pas plus que les thuriféraires vichystes qui s'en réclament) de me produire un seul élément du contraire, sinon un vague appel à la méfiance sur la sincérité de leurs auteurs, ce qui est, pour rester courtois, particulièrement faible.

L'argument d'Alain Michel (qui m'a été, par le passé, opposé par des thuriféraires vichystes) est d'autant plus faible que lesdits documents allemands sont confirmés par un document, d'origine française celui-là. Je me permets de reproduire ce mien message posté hier:

Nicolas Bernard a écrit:Il se trouve, en effet, que, le 20 ou le 21 juillet 1942, le Cardinal Suhard a livré aux évêques de zone occupée l'information suivante, à propos des intentions allemandes concernant les Juifs:

Destinés à disparaître du continent. Qui les soutient est contre nous. Expulsions prescrites. Réponses : les uns sont nôtres - à conserver, les autres étrangers - les rendons. Non, tous doivent partir par nos services dans les deux zones.


Il s'agit là des notes prises par le Cardinal Liénart lors de l'allocution de Suhard (elles ont été publiées en 1983). Ce dernier s'inspire vraisemblablement de propos qui lui ont été tenus par René Bousquet quelques jours auparavant. De telles notes, en effet, font part d'informations explosives, que seul un très haut fonctionnaire français (Bousquet, donc) était en mesure de connaître. Leur contenu révèle la position allemande (les Juifs doivent "disparaître du continent", ce qui laisse augurer le pire), laquelle se double d'un parfum de menace ("Qui les soutient est contre nous"), ainsi que la première réplique française: les Juifs étrangers partent, les Juifs français restent, et la réplique allemande: "Non, tous doivent partir par nos services dans les deux zones", sachant que "nos services" sont évidemment l'administration française. Il n'est pas question, ici, d'un quelconque accord tendant à sauvegarder les Juifs français, bien au contraire.

Un tel document (publié voici plus de trente ans, au demeurant) est fondamental à deux titres:

1/ Il prouve, à tout le moins, que les dirigeants de Vichy, du moins ceux impliqués dans les négociations avec les Allemands intéressant les rafles, à commencer par Bousquet, savaient que les Allemands ne réservaient pas aux Juifs un sort des plus sympathiques, et que le fameux "Etat juif" mentionné par Laval lors du Conseil des Ministres n'avait rien, mais alors rien de paradisiaque.

2/ Il pulvérise l'assertion selon laquelle l'Etat français aurait, en juillet 1942, conclu un accord avec les Allemands tendant à la sauvegarde des Juifs français. Non seulement n'est-il fait mention d'aucun accord de cette sorte (tout au plus est-il indiqué que Vichy a d'abord tenté de s'opposer à leur déportation), mais en outre il en ressort que, pour les Allemands, il est bel et bien question d'obtenir de notre administration la livraison de l'ensemble des Juifs de France.


A ce dernier document s'ajoute le tristement fameux compte-rendu du 2 septembre 1942 entre Laval, le Chef de la Police et des S.S. en France Karl Oberg, ainsi que l'Ambassadeur Abetz et l'Ambassadeur de Brinon. Dans lequel Pierre Laval demande à ce qu'on ne lui demande pas de livrer davantage de Juifs - à l'évidence français - à cause des protestations de l'Eglise, mais s'engage à livrer, plus que jamais, des Juifs étrangers. Ce qui n'aurait aucun sens si un accord de sauvegarde des Juifs français avait été conclu en juillet 1942...

Alain Michel et "Borsig", on s'en doute, sont bien gênés par ce compte-rendu. Aussi vont-ils l'interpréter de manière particulièrement rocambolesque.

Voici ce qu'en déduit Alain Michel:

alainmichel a écrit:A/ L’entretien avec Laval du 2 septembre 1942. Tout d’abord le vocabulaire employé par N.B. est absolument inadéquat. Laval ne « supplie » pas et il ne parle d’ailleurs pas du tout des Juifs français. Je conseille de ne pas utiliser la version publiée par Klarsfeld dans « Le calendrier », où le document est interrompu par les commentaires de Klarsfeld, mais d’aller voir le document dans son intégralité, publié par le même Klarsfeld dans « Vichy-Auschwitz » édition de 1983, p. 407-409. En ce qui concerne la question de la déportation, Laval, d’après le compte-rendu de Hagen, aborde 3 points : la réaction de l’Eglise, une considération générale suite à cette réaction demandant d’arrêter les pressions sur cette question juive, et enfin un rappel de l’accord qui a été conclu. C’est ce troisième point qui nous intéresse ici, et je vais donc le citer intégralement :
« Il confirma une fois de plus que, conformément aux accords conclus, on livrerait d’abord les Juifs ayant perdu leur nationalité allemande, autrichienne, tchèque, polonaise et hongroise, puis également les Juifs de nationalité belge et hollandaise. Ensuite, comme convenu, on livrerait les Juifs qui avaient acquis la nationalité française après 1933.
Il a été répondu par la négative à la question du Président Laval qui voulait savoir si le Chef supérieur des S.S. et de la Police avait encore d’autres exigences à ce sujet. Là-dessus, le Président Laval a renouvelé sa demande de ne pas exercer de pression particulière en cette matière, compte tenu des difficultés actuelles. »
Résumons ce que dit ce compte-rendu :
a) Laval rappelle qu’il y a eu un accord (allusion à l’accord de début juillet 1942).
b) Cet accord concerne dans un premier temps les Juifs apatrides (ceux qui ont été arrêtés en juillet et août), puis les Juifs belges et hollandais, enfin (et ce sera l’objet de la rupture en août 1943) les Juifs étrangers naturalisés français, Laval affirmant la date « après 1933 », alors que nous savons que les Allemands exigeront en 1943 « après 1927 ».
c) Il fait confirmer qu’il n’y a pas d’autres exigences (donc les Juifs français ne seront pas arrêtés puisqu’ils ne sont pas dans l’énumération des catégories).
d) Il renouvelle sa demande de ne pas le mettre sous pression sur cette question, ce que je comprends comme étant une demande de reporter le calendrier des étapes de l’accord, ce qui explique pourquoi la question des dénaturalisations ne sera abordé qu’à partir du printemps 1943.

On le voit, tout dans ce texte vient confirmer mon point de vue, et l’interprétation de N.B. et tout simplement totalement erronée.


Et ce qu'en déduit "Borsig", sur la base du même extrait:

Borsig a écrit:Je crois qu'il s'agit d'une erreur de votre part. Vous avez mal interprété le compte rendu rédigé par le Sturmbannführer Hagen. Dans le "calendrier" de Serge Klarsfeld se trouve une traduction en français du document. Laval rencontre Oberg le 2 septembre à Paris. L'ambassadeur Abetz est présent également. Hagen rédige le procès-verbal le lendemain. Il n'est pas vrai que Laval se plaint des exigences des Allemands au sujet des Juifs français. Il se plaint des exigences exorbitantes qui lui sont demandées : 50 000 Juifs dans l'immédiat. Ce ne sont pas des Juifs français. La question des Juifs français se posera quelques jours plus tard lorsque Röthke voudra absolument organiser une rafle de 5 129 Juifs français.
Cette fameuse "conversation" pour paraphraser Hagen fut l'occasion pour Laval de rappeler, devant son interlocuteur, les accords de juillet. Je suis convaincu que ce n'est qu'un rappel, et je ne suis pas contredit sur ce point par Klarsfeld dans "Vichy-Auschwitz". Dans le document on peut lire : « Il [Laval] confirma, une fois de plus que, conformément aux accords conclus, on livrerait d'abord les Juifs ayant perdu leur nationalité allemande, autrichienne, tchèque, polonaise, et hongroise, puis également les Juifs de nationalité belge et hollandaise. Ensuite, comme convenu, on livrerait les Juifs qui avaient acquis la nationalité française après 1933. »


Croyant sans doute avoir triomphé, "Borsig" allait se répéter:

Borsig a écrit:Je crois qu'il s'agit d'une erreur de votre part. Vous avez mal interprété le compte rendu rédigé par le Sturmbannführer Hagen. Dans le "calendrier" de Serge Klarsfeld se trouve une traduction en français du document. Laval rencontre Oberg le 2 septembre à Paris. L'ambassadeur Abetz est présent également. Hagen rédige le procès-verbal le lendemain. Il n'est pas vrai que Laval se plaint des exigences des Allemands au sujet des Juifs français. Il se plaint des exigences exorbitantes qui lui sont demandées : 50 000 Juifs dans l'immédiat. Ce ne sont pas des Juifs français. La question des Juifs français se posera quelques jours plus tard lorsque Röthke voudra absolument organiser une rafle de 5 129 Juifs français.


Or donc, nous assènent sereinement Alain Michel et son admirateur "Borsig", il ne serait "pas vrai que Laval se plaint des exigences des Allemands au sujet des Juifs français", et ledit Laval "ne parle d’ailleurs pas du tout des Juifs français" ce 2 septembre 1942.

Cette assertion est hélas inexacte. Car elle se fonde sur une reproduction tronquée du document. Et ne tient aucunement compte du contexte dans lequel il s'est élaboré. Surtout, un autre document anéantit totalement pareille interprétation.

Reproduisons d'abord le document, du moins le passage pertinent (Serge Klarsfeld, La Shoah en France, vol. III: Le Calendrier de la Persécution des Juifs de France. Septembre 1942 - août 1944, Paris, Fayard, 2001, p. 1034-1035):

Le S.S.-Sturmbannführer Hagen a écrit:Le Président Laval a expliqué que les exigences que nous lui avions formulées concernant la question juive s'étaient heurtées à une résistance sans pareille de la part de l'Eglise. Le chef de cette opposition anti-gouvernementale était en l'occurrence le Cardinal Gerlier. Comme il ne pouvait pas l'arrêter personnellement, il avait fait arrêter son bras droit, le Chef des Jésuites de la région lyonnaise, le 1er septembre, en l'assignant à "résidence forcée". Laval a fait remarquer dans ce contexte très ironiquement: "Et c'est déjà beaucoup dans un Etat gouverné par le Maréchal Pétain."

Eu égard à cette opposition du Clergé, le Président Laval demande que, si possible, on ne lui signifie pas de nouvelles exigences sur la question juive. Il faudrait en particulier ne pas lui imposer a priori des nombres de Juifs à déporter. On avait par exemple exigé que soient livrés 50.000 Juifs pour les 50 trains qui sont à notre disposition. Il nous prie de croire à son entière honnêteté quand il nous promet de régler la question juive mais, dit-il, il n'en va pas de la livraison des Juifs comme de la marchandise dans un Prisunic, où l'on peut prendre autant de produits que l'on veut toujours au même prix. En outre - et ce sur un ton volontairement badin - il fit remarquer qu'il ne voulait pas du tout poser la question de la contre-partie.

Il confirma une fois de plus que, conformément aux accords conclus, on livrerait d'abord les Juifs ayant perdu leur nationalité allemande, autrichienne, tchèque, polonaise, et hongroise, puis également les Juifs de nationalité belge et hollandaise. Ensuite, comme convenu, on livrerait les Juifs qui avaient acquis la nationalité française après 1933.

Il a été répondu par la négative à la question du Président Laval qui voulait savoir si le Chef supérieur des S.S. et de la Police [Oberg] avait encore d'autres exigences à formuler à ce sujet. Là-dessus, le Président Laval a renouvelé sa demande de ne pas exercer de pression particulière en cette matière, compte tenu des difficultés actuelles.


Il ressort de ce document

1/ que Laval fait part aux Allemands de l'opposition de l'Eglise aux rafles de Juifs, et qu'il a tenté de juguler ces protestations, sans succès (sans doute une ruse de sa part, me diront mes contradicteurs...);

2/ que compte tenu de cette situation, Laval demande qu'"on ne lui signifie pas de nouvelles exigences sur la question juive", et notamment ("plus particulièrement") qu'on ne lui impose pas de quotas a priori de Juifs à déporter, sachant, "par exemple", que les Allemands avaient exigé "que soient livrés 50.000 Juifs pour les 50 trains qui sont à notre disposition";

3/ Laval rappelle le contenu des accords de juillet 1942: livraison des Juifs étrangers (apatrides + hollandais + belges, sachant que d'autres nationalités vont y passer dès le mois de septembre), puis des Juifs naturalisés français depuis 1933. Il précise que la France exécutera ses engagements.

De fait, Laval évoque une demande allemande tendant à la livraison de 50.000 Juifs sur 50 trains. Il fait manifestement référence au projet, exposé à Berlin par Adolf Eichmann et dont son représentant en France, Heinz Röthke, est chargé de la mise en application, tendant à faire déporter 1.000 Juifs par jour à compter du 15 septembre, jusqu'au 31 octobre 1942 (voir la note de Röthke reproduite dans Klarsfeld, vol. III, p. 1015-1017).

Certes, le document ne mentionne pas la nationalité de ces 50.000 Juifs. Cela ne signifie nullement que ce contingent exclurait les Juifs français, ni, en toute hypothèse, que Laval n'aurait eu en tête, en présentant sa supplique, les Juifs français. Et ce, pour trois raisons.

La première tient au document lui-même, à sa cohérence interne.

En effet, la suite du compte-rendu révèle que Laval entend respecter les accords de juillet 1942: rassurez-vous, Messieurs les Allemands, nous vous livreront les Juifs étrangers (apatrides, belges, hollandais - sans parler d'autres nationalités), ainsi que les naturalisés à compter de 1933. Un tel rappel de cet engagement n'aurait strictement aucun sens si Laval n'avait pas initialement, au début de la réunion, supplié les Allemands de ne pas lui demander la livraison de Juifs français.

En d'autres termes, si les mots ont un sens, le document ne peut se lire autrement que comme suit: Laval demande aux Allemands de ne pas lui réclamer de Juifs français, mais s'engage à continuer de leur livrer des Juifs étrangers. Admettre, à l'inverse, l'interprétation d'Alain Michel et de son admirateur "Borsig" reviendrait à prétendre que Laval demande aux Allemands de ne pas lui réclamer de Juifs étrangers, mais s'engage à continuer de leur livrer des Juifs étrangers, ce qui n'a aucun sens.

Bref, il ressort du document lui-même que Laval demande bel et bien aux Allemands de ne pas lui réclamer de Juifs français (sinon, pourquoi parler ensuite de Juifs étrangers?). C'est pourquoi l'"analyse" d'Alain Michel et de "Borsig" est entachée, sur ce point, d'une colossale erreur de lecture.

Une autre preuve tient au contexte lui-même. Si véritablement Laval avait demandé aux Allemands de ne pas lui demander davantage de Juifs, sans précision de nationalité, et donc sans songer aux Juifs français, alors les rafles suivantes n'ont aucun sens: pour rappel, le 14 septembre 1942, la police française rafle 200 Juifs de nationalité lettone, lituanienne, estonienne, bulgare, yougoslaves et hollandais, déportés deux jours plus tard ; le 24 septembre 1942, la police parisienne arrête 959 Juifs roumains, 729 d'entre eux étant gazés à Auschwitz trois jours plus tard. 1.965 autres Juifs étrangers seront raflés en octobre, et 1.060 Juifs grecs en novembre. Bref, Laval ne songeait certainement pas à ces catégories lorsqu'il a formulé sa réclamation du 2 septembre 1942.

Enfin, et surtout, un troisième élément, de taille, ruine l'interprétation d'Alain Michel et de "Borsig": au compte-rendu du 2 septembre 1942 "répond", en quelque sorte, un document allemand. Ce document n'est autre qu'un mémo adressé par Knochen (adjoint d'Oberg et commandant de la police de sécurité et du S.D. pour la zone occupée) à Eichmann, le 25 septembre 1942. Voici ce document intégralement reproduit, sachant que j'en souligne les passages clés (Klasfeld, vol. III, p. 1156):

Le S.S. Standartenführer Knochen a écrit:Une fois réalisées les arrestations de Juifs étrangers en zone occupée et non occupée, on a tenté d'obtenir également l'arrestation de Juifs de nationalité française. La situation politique et la position du Président Laval font qu'il n'est pas possible de s'en prendre à cette catégorie sans tenir compte des conséquences que cela risque d'entraîner.

J'en ai parlé avec le Chef de la Police française Bousquet. Suite aux résultats de cette conversation, et à la prise de position de Laval et en considérant la situation présente, le Chef supérieur des S.S. et de la Police a envoyé au Reichsführer S.S. un télégramme indiquant que vu la position de Pétain toute action aurait les suites les plus graves.

Le Reichsführer S.S. s'est joint à ces vues et a décidé que pour l'instant on n'arrêtera pas de Juifs de nationalité française. C'est pourquoi il ne sera pas possible de faire évacuer des contingents élevés de Juifs.

Pour l'instant on arrête tout les Juifs roumains (c'est l'Ambassade à Paris qui a fait savoir que les Juifs roumains pouvaient être arrêtés). Il faut tenter par tous les moyens, en liaison avec le Ministère des Affaires étrangères, d'obtenir l'autorisation d'arrêter d'autres Juifs étrangers. (L'Ambassade communique que des pourparlers ont été engagés avec vigueur pour ce qui est des Italiens et des Hongrois).


Il ressort d'un tel document,

- que les Allemands, après les rafles ciblant les Juifs étrangers, ont demandé à Vichy de livrer des Juifs français (c'est écrit noir sur blanc);

- que Knochen, à cette occasion, fait sans doute référence au projet Eichmann/Röthke visant 50.000 Juifs en septembre-octobre (ce qu'atteste la phrase: "c'est pourquoi il ne sera pas possible de faire évacuer des contingents élevés de Juifs";

- que Vichy a bel et bien réclamé, en septembre 1942, tant par la voix de Laval que celle de Bousquet, qu'on ne lui demande pas de rafler les Juifs français, compte tenu de la "situation politique", plus précisément la "situation présente".

Il est absolument impossible que Knochen, dans ce document, se réfère aux accords conclus en juillet 1942. En effet, le nazi mentionne les difficultés rencontrées par le régime de Vichy vis-à-vis des rafles de Juifs étrangers, comme le prouvent les mentions "la situation politique et la situation du Président Laval", "la situation PRESENTE". De même, le mémo date précisément et la demande allemande, et la réponse vichyste: ces épisodes interviennent "une fois réalisées les arrestations de Juifs étrangers en zone occupée et non occupée".

Il en résulte également qie Knochen ne peut faire seulement allusion à une opération concoctée récemment par Röthke tendant à la rafle imminente de 5.000 Juifs français (projet postérieur à l'entretien du 2 septembre 1942), compte tenu des termes employés, d'une bien plus grande ampleur: "Une fois réalisées les arrestations de Juifs étrangers en zone occupée et non occupée, on a tenté d'obtenir également l'arrestation de Juifs de nationalité française."

Bref, un tel document entraîne la restlose Vernichtung de l'analyse d'Alain Michel et de "Borsig", et par conséquent corrobore totalement la mienne: Laval a bel et bien demandé aux Allemands, le 2 septembre 1942, de ne pas lui réclamer de Juifs français, du moins était-ce aux Juifs français qu'il songeait lorsqu'il a formulé une telle demande. Et les Allemands ont, après trois semaines de tergiversations, accepté.

Cette déduction entraîne une autre conséquence logique: l'accord conclu entre Vichy et les Allemands en juillet 1942 ne pouvait prévoir la sauvegarde, la protection des Juifs français. Si tel avait été le cas, les Allemands n'auraient pas demandé à Laval de leur livrer des Juifs français en septembre 1942, et en toute hypothèse, Laval ne se serait pas privé de rappeler aux Allemands les termes de cet accord.

Il est constant, à l'inverse, que le 2 septembre 1942 Laval n'évoque les accords conclus, non pour s'opposer à une demande d'arrestation massive de Juifs français, mais pour garantir que seront livrés les Juifs étrangers, ainsi que les Juifs promis à la dénaturalisation. Bref, ce qui conduit Laval à réclamer aux Allemands de ne pas lui demander de rafler les Juifs français ne tient aucunement à un accord conclu en juillet, mais aux protections de l'Eglise et de l'opinion publique face aux arrestations de Juifs étrangers.

Je persiste et signe:

1/ contrairement à ce qu'allèguent Alain Michel, "Borsig" et quantité de thuriféraires vichystes, Vichy ne convient pas avec les Allemands, en juillet 1942, de laisser "tranquilles" sine die les Juifs français (ces derniers étant, soit rappelé en passant, exclus de notre société);

2/ Vichy convient simplement de livrer les Juifs étrangers, ce qui s'étend aux enfants et au cas de Juifs dénaturalisés, sans engagement ni promesse d'aucune sorte des Allemands intéressant les Juifs français (bien au contraire, même, puisque les Allemands insistent sur le fait que leur tour viendra après);

3/ Vichy n'exclut certainement pas de rafler et déporter les Juifs français dans un avenir indéterminé, à la suite des opérations visant les Juifs étrangers;

4/ Vichy ne fera machine arrière sur ce point qu'à la suite des protestations de l'opinion et des Eglises à l'encontre des rafles de Juifs étrangers, protestations qui mettront Laval dans une position plus qu'embarrassante vis-à-vis des Allemands en septembre 1942;

5/ Mais Vichy ira jusqu'au bout de sa promesse de rafler et livrer les Juifs étrangers (hors le cas des dénaturalisés).
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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 494  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Mar 2017, 13:52

Borsig a écrit:Bien sûr qu'il est difficile de déterminer la portée d'un tel document. Nous ne savons pas si Pétain et Laval ont eu communication de ce rapport.
Et même s'ils avaient lu le rapport, ils auraient eu des doutes sur la véracité des faits évoqués. Certaines informations sont tellement étonnantes et inattendues que les ministres et chefs d'Etat ont du mal à y croire.
Le pouvernement français savait-il que la volonté des Allemands était de tuer les Juifs ? Alain Michel (p. 237-240) a évoqué la complexité du sujet.


Si Vichy ne sait pas que ce qui attend les Juifs déportés est 1/ la mort ou à tout le moins 2/ un sort peu enviable, si Vichy ne réalise même pas l'ampleur du problème, alors à quoi rime le document suivant (reproduit dans Klarsfeld, vol. I, p. :

Le S.S. Sturmbannführer Hagen a écrit:Paris, le 4 septembre 1942.

Au cours de l'entretien qui a eu lieu le 29 [aout, N.B.] entre Oberg et Laval, le Président [Laval, N.B.] a indiqué que les diplomates étrangers lui ont, à plusieurs reprises, posé la question de savoir pour quelle destination étaient acheminés les transports des Juifs livrés aux Autorités d'occupation.

Il répondait qu'en principe, on les emmenait, dans la partie sud de la Pologne.

Il demande maintenant de lui indiquer la façon de répondre, afin d'éviter une divergence avec les renseignements donnés par nous.

Il a été convenu que le Président Laval communique en réponse à de telles questions que les Juifs transférés de la zone non occupée aux Autorités d'occupation sont transportés pour être employés au travail dans le Gouvernement général [de Pologne, N.B.].


Le fait que Laval prenne la peine de concocter une telle version des faits avec les S.S. ("il a été convenu"...) atteste qu'il n'ignorait pas la vérité, du moins était en mesure de la cerner, ne serait-ce que vaguement. Sinon, pourquoi élaborer une telle "convention de langage"? Sinon, pourquoi le document n'indique-t-il pas: "Les représentants des autorités d'occupation ont tenu à rappeler au Président Laval que les Juifs transférés de la zone non occupée sont transportés pour être employés au travail dans le Gouvernement général"?

Ce dernier document établit également que les nazis n'ont pas cherché à l'informer directement, précisément, de la réalité de la "Solution finale", d'où ce cafouillage sur la version à livrer à la presse et aux diplomates étrangers. Plus intéressant, Laval n'a pas davantage cherché à interroger les S.S. sur ce point, et tout ce qui le préoccupe en leur présence, c'est d'élaborer un discours commun sur le sujet...

La "pudeur" de Laval montre bien qu'il sait, ne serait-ce que vaguement, à quoi s'en tenir.

J'avais déjà produit ce document dans ce fil, hier. "Borsig" ne l'a pas commenté. Et pour cause.

D'ailleurs, au cours de la réunion du 2 septembre 1942, Laval demande à Oberg la chose suivante:

Par ailleurs, il a demandé au Chef supérieur de la Police et des S.S. de l'informer de l'existence éventuelle en Allemagne de Juifs protégés. Cette question reçut de la part du Chef supérieur des S.S. et de la Police une réponse négative, tandis que l'Ambassadeur de Brinon fit remarquer à Laval que de telles mesures d'exception n'étaient accordées dans le Reich que dans le cas où l'intérêt du Reich l'exigeait...


Des Juifs "protégés"? Mais de quoi?



Borsig a écrit:Il a été établi que Winston Churchill avai également obtenu des informations dans le courant de l'année 1942.


En fait, Churchill est informé dès 1941, puisqu'il prend alors connaissance des massacres perpétrés par les Einsatzgruppen en U.R.S.S.
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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 495  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 23 Mar 2017, 15:42

Nicolas Bernard a écrit:

Borsig a écrit:Il a été établi que Winston Churchill avai également obtenu des informations dans le courant de l'année 1942.


En fait, Churchill est informé dès 1941, puisqu'il prend alors connaissance des massacres perpétrés par les Einsatzgruppen en U.R.S.S.



attention : Churchill suit en temps réel, grâce aux décryptements, la progression meurtrière des Einsatzgruppen en URSS (son stylo rouge entoure les chiffres de exécutions dans les archives desdits décryptements) mais peut croire qu'il ne s'agit encore que d'une coutume locale. Il ne peut rien savoir, et pour cause, de sa généralisation à l'Europe, vraisemblablement dictée à Himmler en catimini le 9 novembre 41.

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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 496  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Mar 2017, 16:03

Borsig a écrit:L'ouvrage de Poliakov est antérieur à celui de Marrus et Paxton (1981). Parce qu'il est antérieur, il faudrait le jeter aux orties ?
L'ouvrage de Marrus et Paxton a été réédité en 2015 dans une version revue et augmentée. Contient-il des éléments qui permettent au lecteur de rejeter définitivement la thèse de Poliakov ? Si cela était vrai, cela se saurait et Alain Michel n'aurait pas manqué de faire amende honorable.

Par ailleurs, il est vrai qu'Alain Michel se fait le "porte-parole" de Poliakov et Hilberg. Mais est-ce nécessaire de pratiquer l'anathème de la sorte : « Il est ahurissant autant que consternant qu'un historien comme Alain Michel s'en fasse le porte-parole. »

En vérité AM ne se contente pas de jouer le rôle d'un porte-parole. Il apporte des éléments nouveaux qui confortent la thèse, déjà ancienne, de Poliakov.


Le problème est qu'en 1951 Poliakov ne soutient pas tout à fait la même thèse, ni ne faisait preuve d'une belle assurance en la matière.

Un Joseph Billig, qui s'était, lui, spécialisé dans l'étude de la politique antisémite de Vichy, s'est montré un peu plus rigoureux et affirmatif. Il écrivait en 1956, dix-sept ans avant la parution des travaux de Robert Paxton dans notre beau pays, et un peu moins de trente ans avant la sortie du Vichy-Auschwitz de Serge Klarsfeld:

En 1956, Joseph Billig a écrit:Un coup d'oeil rétrospectif sur l'histoire des Juifs dans l'Etat français révèle le service irremplaçable rendu par le régime vichyssois a la cause hitlérienne en Europe. Pour déterminer le degré de réussite des persécutions, il ne suffit pas de comparer simplement les rapports entre, d'une part, le nombre respectif des Juifs en France, en Belgique, en Hollande, etc., d'autre part, le nombre respectif de ceux parmi eux qui ont souffert dans leurs personnes ou dans leurs biens. II existe au sein d'une population de 42 millions d'autres possibilités d'échapper a l'emprise ennemie qu'au sein de populations particulièrement denses de 5 a 10 millions. On pourrait dire de façon générale que ce qu'il est possible d'arracher en victimes et en biens a la première et aux secondes ne peut être simplement proportionnel a leur importance démographique. L'hécatombe des victimes et les pillages subis par les populations immenses de l'Est ont été gigantesques. Le IIIe Reich aurait-il risqué de paralyser la vie en France et d'y enliser du même coup ses forces militaires et administratives en y déchaînant une terreur et une dévastation matérielle semblables? Toute sa politique et aussi sa doctrine économique et raciste permettent d'en douter. La France, grande puissance de l'Occident, l'obligeait a d'autres méthodes d'administration et de conquête, avec ou sans collaboration. Or, a défaut
d'une administration française fondée sur l'autorité de l'Etat, l'occupant nazi aurait eu a se débattre contre des administrations locales autrement rétives. En particulier, dans son action antijuive, il aurait été amené à frapper a tort et a travers. II aurait peut-être atteint des personnes et des biens parmi ceux que l'action délibérée du Gouvernement de Vichy avait réussi a épargner partiellement. Mais, lorsque la police ou les services ministériels de Vichy lui opposaient un refus, son action devenait peu efficace, de son propre aveu. On ne s'avance pas trop en concluant que, tout seul, l'occupant n'aurait pas obtenu les résultats que lui apporta la collaboration de l'Etat français qui a administre le déracinement social et
matériel des Juifs, a prêté la police pour l'exécution des "mesures de securité" nazies et a, enfin, désigné et "concentre" de vastes catégories de victimes pour leur déportation vers l'inconnu derrière le rideau de la Nuit et du Brouillard.


Source: Joseph Billig, "La condition des Juifs en France (juillet 1940-août 1944), Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, n°24 (octobre 1956), p. 23-55 (en l'espèce: p. 55)

Compte tenu de sa date de publication, un tel article est remarquable, malgré quelques rares erreurs ou imprécisions. Tout y est: les initiatives de Vichy qui parfois devançaient l'occupant, la négociation de juillet 1942, le déroulement des rafles, etc. Billig se paie même le luxe de tordre le cou à un argument vichyste (recyclé les yeux fermés par Alain Michel) selon lequel, en vertu de la convention d'armistice, la police française aurait été tenue d'obéir "au-to-ma-tique-ment" (pour citer Michel Boisbouvier, un thuriféraire vichyste qui admirait beaucoup Alain Michel, et avait également contesté l'authenticité du Journal d'Anne Frank) aux ordres de l'occupant:

Joseph Billig, p. 49 a écrit:L'article 19 de l'Armistice stipule l'obligation pour le Gouvernement français de livrer des personnes allemandes nommément désignées par l'occupant. II ne comporte pas d'obligations de livrer soit des apatrides, soit un groupe désigné en général (Juifs allemands) au nom de l'idéologie nazie. II s'agit donc d'une décision prise par le Gouvernement de Vichy en vertu du principe de collaboration. En ce qui concerne le concours français en zone occupée, le S. D. a invoqué incidemment la déportation comme mesure de sécurité militaire, en application de l'article 3 de l'Armistice, mais l'argument majeur de Knochen dans ses pourparlers avec Bousquet était la nécessité absolue de la "solution finale" exigée par le Führer. C'est au nom de cette décision idéologique que l'occupant réclamait le concours de la police française, qui lui était indispensable. Pour les deux zones, la Convention d'Armistice n'entrait donc pas en jeu.


Et Billig de poser cette question terrible: "Les autorités de Vichy étaient-elles vraiment assez naïves pour croire en juillet 1942 a l'organisation d'une vie familiale pour les Juifs
par les soins du [i]S.D.
dans les territoires occupes a l'Est?"[/i] (ibid., p. 50)

Je ne crois pas me souvenir - mais je peux me tromper - que cet article figure dans la bibliographie du livre d'Alain Michel, lequel évoque d'autres travaux de Joseph Billig pour en déduire que ce dernier n'aurait pas été si sûr de ses affirmations. Il n'en demeure pas moins q'un article paru cinq ans après le livre de Léon Poliakov détaillait déjà, de manière infiniment plus rigoureuse que ce dernier, le processus de la "Solution finale" en France.
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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 497  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Mar 2017, 16:32

François Delpla a écrit:
Nicolas Bernard a écrit:

Borsig a écrit:Il a été établi que Winston Churchill avai également obtenu des informations dans le courant de l'année 1942.


En fait, Churchill est informé dès 1941, puisqu'il prend alors connaissance des massacres perpétrés par les Einsatzgruppen en U.R.S.S.



attention : Churchill suit en temps réel, grâce aux décryptements, la progression meurtrière des Einsatzgruppen en URSS (son stylo rouge entoure les chiffres de exécutions dans les archives desdits décryptements) mais peut croire qu'il ne s'agit encore que d'une coutume locale. Il ne peut rien savoir, et pour cause, de sa généralisation à l'Europe, vraisemblablement dictée à Himmler en catimini le 9 novembre 41.


Je sais, mais j'aurais tout de même tendance à penser qu'il avait commencé, dès ce moment, à saisir la dimension exceptionnelle de la chose. Le 24 août 1941, il affirme publiquement, et en se fondant manifestement sur l'activité meurtrière des unités mobiles de tuerie:

Ah, but this time it was not so easy. This time it was not all one way. The Russian Armies and all the peoples of the Russian Republic have rallied to the defence of their hearths and homes. For the first time Nazi blood has flowed in a fearful flood. Certainly a million and a half, perhaps two millions of Nazi cannon-fodder, have bitten the dust of the endless plains of Russia. The tremendous battle rages along nearly two thousand miles of front. The Russians fight with magnificent devotion. Not only that, our generals who have visited the Russian front line report with admiration the efficiency of their military organization and the excellence of their equipment. The aggressor is surprised, startled, staggered. For the first time in his experience mass murder has become unprofitable. He retaliates by the most frightful cruelties. As his armies advance, whole districts are being exterminated. Scores of thousands, literally scores of thousands of executions in cold blood are being perpetrated by the German police troops upon the Russian patriots who defend their native soil. Since the Mongol invasions of Europe in the sixteenth century there has never been methodical, merciless butchery on such a scale or approaching such a scale. And this is but the beginning. Famine and pestilence have yet to follow in the bloody ruts of Hitler's tanks.

We are in the presence of a crime without a name.


A mon avis à dessein, pour éviter de donner prise à la propagande nazie, il ne fait certes pas mention des Juifs, et parle surtout de représailles dirigées contre les "patriotes russes". Mais la mention du "crime sans nom" est pour le moins remarquable: l'atrocité est si énorme, si radicale, qu'elle ne saurait équivaloir aux invasions mongoles, et qu'on ne sait la qualifier.

Churchill ira plus loin le 4 novembre 1941:

None has suffered more cruelly than the Jew the unspeakable evils wrought upon the bodies and spirits of men by Hitler and his vile regime. The Jew bore the brunt of the Nazi's first onslaught upon the citadels of freedom and human dignity. He has borne and continued to bear a burden that might have seen beyond endurance. He has not allowed it to break his spirit; he has never lost the will to resist. Assuredly in the day of victory the Jew's suffering and his part in the struggle will not be forgotten.


J'ajoute que Churchill est celui qui a le mieux "compris", c'est à dire analysé, Hitler. Dans les années trente, tu en conviendras, il a remarqué que l'antisémitisme de ce dernier faisait partie intégrante du personnage. Au vu des rapports qui lui ont été communiqués, sur les Einsatzgruppen comme sur le reste, je l'imagine mal ne pas saisir que Hitler était capable de passer à l'acte génocidaire, à l'Est, en 1941.

En toute hypothèse, le discours du 24 août 1941 emportera deux conséquences:

1/ Le 12 septembre, ordre est donné aux unités nazies chargées de la "Shoah par balles" de cesser de communiquer leurs rapports d'activité par voie radiophonique.

2/ Le jour même, de crainte d'alerter les Allemands sur le décryptage de leurs codes, les services de renseignements britanniques, sans en référer au Premier Ministre, cessent de lui divulguer les informations ayant trait au cassage des codes employés par les S.S. s'agissant de la "Shoah par balles". Une autre raison joue, et elle est saisissante (citée par David Cesarani, "Secret Churchill Papers Released", The Journal of Holocaust Education, 1995, vol. 4, n°2, p. 226):

The fact that the Police are killing all Jews that fall into their hands should by now be sufficiently well appreciated. It is not therefore proposed to continue reporting these butcheries specially, unless so requested.


Bref, plus besoin d'informer Churchill: comme les services britanniques eux-mêmes, il a bien compris que les Allemands s'employaient, à l'Est, à "tuer tous les Juifs qui tombent entre leurs mains"...
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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 498  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Mar 2017, 16:41

JARDIN DAVID a écrit:Parenthèse JD :
Très franchement, je n'ose qualifier l'argument relevé par Borsig de triste et mauvaise imitation de JDesquerie : :( :( :(
Borsig a écrit:Le rédacteur du message numéro 476 affirme, sans doute à juste titre, qu'Alain Michel est « archi-grillé de par chez nous ». Est-ce un argument valable pour considérer que son bouquin "Vichy et la Shoah" n'est pas digne de considération ?

C'est une véritable JDescroquerie de plus à porter au crédit des tenants de la Doxa.
Sachons séparer les vrais et les faux rissons.
Le mauvais goût à des limites, me semble t-il ... Elles ne doivent pas être les mêmes pour tous.
JD, comme le FNLC, canal hystérique.


Au lieu de pleurnicher, vous feriez mieux de répondre à cette mienne question. Vous avez pondu que " l'antisémitisme de Vichy, bien réel, était différent, de celui des nazis, mâtiné de xénophobie et non biologique", ce qui est une foutaise caractérisée mais ne vous a pas empêché d'alléguer que "le relatif sauvetage est le résultat d'un autre antisémitisme, très hexagonal, et qui a paradoxalement mis des bâtons dans les roues de l'antisémitisme nazi". Maintenez-vous ces affirmations?
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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 499  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Mar 2017, 17:11

Bon, finalement, je réponds avec un peu d'avance... et de manière plus concise que prévue.


alainmichel a écrit:Réponses à Nicolas Bernard
Je reprends dans l’ordre le post d’il y a une semaine de Nicolas Bernard, en commençant par sa remarque préliminaire.

NB : Beaucoup de blabla, et autres remarques perso - mais hélas, pas le moindre raisonnement, pas la moindre preuve, pas le moindre exemple susceptible d'illustrer ce que vous avancez
Or donc, je répète mes questions, auxquelles vous opposez un silence aussi curieux que persistant:

A.M. : Comme la citation préférée de Nicolas Bernard l’indique, l’important pour lui paraît être la démolition de l’adversaire, une méthode typiquement stalinienne (ou totalitaire) qui consiste à nier l’autre à partir du moment où il est différent et propose une autre approche (NB n’est pas le seul sur cette question de Vichy et les Juifs, y toucher c’est attenter au sacré). Puisque nous allons parler beaucoup de paradoxes, il est paradoxal qu’au nom de « l’antitotalitarisme » on utilise de telles méthodes totalitaires. Il y a dans cette attitude quelque chose qui est central dans la plupart des post de N.B., mais qui, de manière plus large, est souvent caractéristique des partisans de la Doxa. Hors du dogme, point de salut. Vichy est le coupable absolu, et toute tentative pour nuancer ou encore relativiser les choses vous fait basculer du côté des « méchants ». Blabla, va sans doute réagir NB à ces propos. Mais ils sont pourtant la base indispensable pour commencer à regarder autrement ces années noires de l’occupation, et constater que le noir absolu de cette période est composé d’une palette de gris. Sans cela, sans cette capacité de s’éloigner des idées reçues, le fidèle de l’idéologie dominante, ici NB, ne peut accepter d’engager un véritable dialogue historique, puisque ce dialogue est nié a priori, la vérité absolue ne se trouvant que d’un côté. Or il ne s’agit pas pour moi de convaincre de la justesse de mes approches, mais de faire accepter par d’autres que ces approches puissent être considérées comme légitimes, même si on est en désaccord avec elles (c’est pourquoi je pense que malgré l’explication donné par François Delpla sur l’origine de la citation de Staline utilisée par N.B., son maintien en exergue est typique de la manière dont l’histoire des quatre années de l’occupation est abordée par ceux que je nommerai « les gardiens du Temple » et dont N.B est un éminent représentant). Mais après cette mini-introduction, venons-en aux questions posées par NB car elles sont importantes et elles méritent d’être discutées. Bien entendu, la longueur nécessaire des réponses aux questions entraîne le fait que je vais être obligé de morceler mes réactions en plusieurs post.

N.B. Si un accord de sauvegarde des Juifs français a été conclu avec les Allemands en juillet 1942, que signifient les mentions "Pour l'instant", "dans un premier temps", que l'on retrouve dans les comptes rendus allemands intéressant le calendrier des déportations tel que convenu avec Vichy en juillet 1942?

A? : Cette première question de NB pose en réalité le problème des sources d’archives, et elle est une question fondamentale. Deux réflexions doivent nous conduire à être prudent dans l’utilisation des archives. La première, c’est le fait que lorsque l’on dispose uniquement des archives d’une des parties en cause, le risque d’avoir un regard déformé sur l’événement est très concret. On ne peut pas reprocher à Paxton d’avoir construit son travail sur Vichy en s’appuyant uniquement sur les archives allemandes : elles étaient presque les seules disponibles au début des années 1970. Ce qu’il faut lui reprocher c’est d’une part d’avoir écrit qu’elles étaient suffisantes en elles-mêmes pour tout comprendre, et d’autre part, depuis plus de quarante ans, de ne pas avoir tempéré son approche par l’utilisation des nouvelles sources, notamment françaises, qui se sont ouvertes depuis. Plus que cela (il n’est pas le seul dans ce cas) : il a gommé les contradictions qu’apportaient certaines de ces nouvelles archives en les intégrant (parfois avec difficulté) dans la vision qu’il avait construite à l’époque en ne s’appuyant que sur le regard nazi (c’est une démarche très « classique » en histoire, car la tendance des historiens, comme chez beaucoup d’êtres humains, est d’être conservateur, de ne pas aimer le changement. Un très bon exemple est fourni par les fouilles de Koumran et les découvertes des manuscrits de la mer morte. On a écrit à l’époque un narratif à partir des premières grottes découvertes, puis ensuite on a intégré les nouveaux manuscrits des nouvelles grottes dans ce narratif. Un historien américain a montré que si les grottes avaient été découvertes dans un autre ordre, le narratif aurait été essentiellement différent).
Or il existe des kilomètres d’archives françaises qui sont aujourd’hui ouvertes, et dont beaucoup n’ont pas encore été réellement dépouillées. J’ai personnellement travaillé, encouragé par Jean-Marc Berlière, sur quelques dossiers de la commission d’armistice (plus de 2000 cartons qui restent encore ignorés par les grands spécialistes). On y découvre l’envers de la collaboration, c’est-à-dire comment Vichy, hors des projecteurs, essaye de limiter la collaboration dans tous les domaines et de contenir les empiétements et abus allemands (souvent sans succès, il est vrai, mais avec des tentatives réelles). Cela donne tout à coup un éclairage radicalement différent sur la soi-disant veulerie qui se dégage des archives allemandes. Bien entendu, ces archives de la commission d’armistice ne sont pas non plus suffisantes en elles-mêmes, il faut les croiser avec le regard allemand, mais elles nous montrent que le portrait simpliste de la collaboration d’Etat qui a été fait dans le passé ne correspond pas entièrement à la vérité historique.


Blablablabla... J'ai montré plus haut que les documents allemands que je cite sont confirmés par la réalité... et d'autres documents, allemands comme français. Donc: ce bavardage ne prouve rigoureusement rien.



La question juive n’est pas centrale dans ces archives (le sort des Juifs n’était pas la préoccupation principale de Vichy), mais on trouve parfois des éléments étonnants qui obligent à reconsidérer ce que la Doxa et NB pensaient être établis. Un exemple : entre l’automne 1942 et le printemps 1943 Vichy proteste 4 fois contre la déportation d’officiers israélites français qui ont été libérés des camps de prisonniers, puis ont été arrêtés en France par les Allemands et déportés vers l’Est. Cela commence tout d’abord par un cas individuel (celui de Roger Masse) puis la commission décide d’étendre la protestation à l’ensemble des officiers qui sont dans le même cas. Or la Commission d’armistice est une émanation directe de Vichy et ses comptes rendus hebdomadaires secrets arrivent directement à quelques dizaines de personnes, dont le cabinet de Pétain et Laval. Si cette défense d’Israélites français avait été en contradiction avec la politique de Vichy menée vis-à-vis des Juifs français, ces protestations n’auraient pu exister et être répétées à plusieurs reprises : Vichy avait bien d’autres sujets d’affrontement avec les Allemands, et on ne voit pas l’intérêt qu’elle aurait eu à s’étendre sur ce sujet délicat (en passant, la protestation contre Roger Masse a été suffisamment appuyée pour que Eichmann soit obligé de transmettre une réponse dilatoire au ministère des affaires étrangères du Reich, document cité au procès Eichmann en 1961 – publié entre autres dans le livre du CDJC paru à la même époque et qui s’appelle, si ma mémoire est bonne « Le dossier Eichmann ». Pourtant ni Klarsfeld, ni Paxton, ni NB n’ont cherché à se confronter à la contradiction entre ce document et le fait que Vichy d’après eux n’était pas intéressé par le sort des Juifs français).


Or donc, Vichy a cherché à protéger, dès 1942, les Juifs français, et vous le prouvez en nous sortant... QUATRE (pas 4.000, pas 400, pas 40, mais quatre!) cas de, non pas même de sauvetage caractérisé, mais de protestations, formulées de surcroît après le revirement de Vichy faisant suite aux protestations des Eglises et de l'opinion s'agissant des rafles visant les Juifs étrangers.

En toute hypothèse, même au regard de ces quatre cas, il s'agirait d'être plus rigoureux: est-ce que ces protestations découlent vraiment d'une politique de sauvetage des Juifs, ou ne s'inscrirait-elle pas plutôt dans la politique de Vichy tendant à défendre les intérêts des prisonniers de guerre, au sujet desquels le régime était un peu plus attentif?

A ce titre, je vous soumets ce paradoxe, mal étudié à ce jour:

- les Juifs français prisonniers de guerre n'ont pas été éliminés tant qu'ils vivotaient dans les Stalag (visiblement parce que la Wehrmacht, qui avait laissé crever de faim ses P.G. soviétiques, ne souhaitait pas maltraiter ses captifs occidentaux, Polonais inclus),

- alors que ceux qui sont revenus en France avant 1944, eux, ont parfois été arrêtés et déportés.

Bref, mieux valait, pour un Juif français, être prisonnier de guerre en Allemagne que "libre" dans la France de Vichy.

En toute hypothèse, votre exemple ne prouve pas, en l'état, votre thèse.


Autre exemple d’archives consultables aujourd’hui mais que personne ne semble utiliser : les archives de la prison de Montluc, à Lyon, qui a servi à la Gestapo entre novembre 1942 et août 1944. J’ai parcouru un certain nombre de dossier de Juifs passés par Montluc. De manière systématique, lorsqu’il s’agit de Juifs étrangers, il n’y a pas intervention de Vichy, alors que lorsqu’il s’agit de Juifs français il y a toujours intervention, en général de l’intendant régional de la police, c’est-à-dire du délégué local de Bousquet. C’est le cas entre autres en ce qui concerne l’arrestation fin octobre 1943 du président du Consistoire Central Helbronner, dont l’on répète pourtant en permanence que Vichy n’a rien fait pour lui. Un autre cas passionnant dans le cadre de notre débat : celui de l’un des membres du Consistoire Central, André Weill, qui était le représentant de cet organisme à l’Amitié Chrétienne. En juillet 1943, la Kommandantur de Lyon demande son arrestation, prétendant qu’il est Juif étranger et qu’il est un financier important de la résistance gaulliste et communiste. Sur l’injonction de l’intendant régional de Police, la police de Grenoble (où il réside) l’arrête. Mais dès le lendemain, l’Intendant de Police donne l’ordre de le libérer lorsqu’il s’aperçoit qu’il est Juif français. A partir de là, face aux nombreuses demandes renouvelées des Allemands, l’administration de Vichy, y compris Bousquet, va mener les Allemands en bateau jusqu’à ce qu’en mai 1944 l’intendant de Lyon avoue aux Allemands que Weill a disparu dans la nature depuis août 1943, information connue par la police de Vichy depuis septembre 1943 ! Si Vichy et son administration veulent tellement se débarrasser des Juifs français, on comprend mal ces interventions et ces attitudes de l’administration de Vichy, d’autant plus qu’il s’agit d’actions qui se déroulent sans aucune possibilité de le faire savoir à l’opinion publique, qui ne peut être le prétexte expliquant l’attitude de Vichy.


Le seul exemple concret de sauvetage cité ici n'intéresse que le second semestre 1943! A cette date, il est évident pour tout le monde que l'Allemagne a perdu la guerre, si bien que les responsables de Vichy songent activement à préparer leur défense à l'avenir. D'où une aide ponctuelle apportée par certains d'entre eux, tels que René Bousquet, à des Résistants... ou des "Israélites", de manière à s'en prévaloir comme témoins de moralité lorsque viendra l'heure des procès et des règlements de comptes.

Mais cet UNIQUE exemple ne saurait être l'arbre qui cache la forêt: que ce soit en 1942, en 1943 ou en 1944, Vichy n'a mis en oeuvre aucune politique de sauvetage généralisée, incluant faux papiers, gîte et couverts, fuite à l'étranger comme dans le cas danois.

Bref, comme ci-dessus, l'exemple cité ici ne prouve certainement pas la thèse d'ensemble.

Pas besoin de répondre au reste du message d'Alain Michel, qui se contente d'appeler à la méfiance envers les documents que je produis, sans prouver quoi que ce soit à leur encontre.
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Re: Comment 75% des Juifs de France ont échappé à la mort.

Nouveau message Post Numéro: 500  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Mar 2017, 17:44

Borsig a écrit:Le 21 mars 2017 Nicolas Bernard a écrit :
(...) je crois comprendre de vos affirmations que, pour vous (je ne parle pas d'Alain Michel, qui soutient une thèse différente), Vichy ignorait tout du sort des Juifs déportés


Nicolas Bernard a-t-il remarqué, en lisant les messages antérieurs au 21 mars, un écart entre ma position et celle d'Alain Michel ?
Je serais très reconnaissant à NB d'apporter des précisions à ce sujet.


Vous, vous semblez croire que Vichy n'a jamais rien su du sort des Juifs, ne pouvait même pas le concevoir. Alain Michel, c'est un peu plus... disons, "complexe" que ça (il semble considérer que Vichy savait davantage à quoi s'en tenir en septembre 1942, sans toutefois, me semble-t-il, l'affirmer clairement).

Au fait, "Borsig", vous n'avez pas répondu à ma question:

Nicolas Bernard a écrit:Par ailleurs, et juste pour ma farpaite information, sachant que je crois comprendre de vos affirmations que, pour vous (je ne parle pas d'Alain Michel, qui soutient une thèse différente), Vichy ignorait tout du sort des Juifs déportés, que pensez-vous de cet extrait du Journal d'Anne Frank du 9 octobre... 1942:

Le 9 octobre 1942, Anne Frank a écrit:Nous n’ignorons pas que ces pauvres gens [les Juifs raflés] seront massacrés. La radio anglaise parle de gazages [De Engelse radio spreekt van vergassing]... Peut-être est-ce encore le meilleur moyen de mourir rapidement. J’en suis malade...
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