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Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 04 Sep 2011, 09:45
de carnoy123
Je soumets ci-dessous un bref texte ( en italiques) que je juge particulièrement intéressant

J’ai l’honneur de vous ecriez ce lettre, et j’espère que vous avez vainquer la detresse et l’horror de la prison. Je croire que vous souvenieriez a mon père parce qu’il était un camarade de travaille en KZ prison de Johanngeorgenstadt. Comment allez vous Monsieur ? J’espère, bon. De nous, je peux dire, que nous allons passablement, conforme a la nature te temps. Mon père était à la fin retire à l’armée, que vous savez, mais il retournait en conclusion de la guerre. Je veux finir a lettre et j’espère que vous receviez ce lettre en bon santé. Je vous priez bientôt d’écrire un lettre a moi.
J’ai l’honneur de vous saluer.
Votre
Armin Pilz

Beaucoup de compliments de mon père et de ma mère. J’expediere ce lettre aussi à Marseille.


Il s'agit de la copie d'une lettre écrite le 31 décembre 1946 par un certain Armin Pilz à un membre de ma famille déporté au camp de concentration de Johanngeorgenstadt. L'originalité de ce texte, écrit en mauvais français, mais quand même compréhensible, réside dans les aspects suivants:
- son auteur, âgé de 16 ans au moment où il écrit cette lettre, est le fils d'un employé allemand du camp où a séjourné le membre de ma famille évoqué précédemment,
- il indique clairement que l'employé (son père) et le déporté étaient "camarades"
- malheureusement, au moment où il écrit sa lettre, il ne sait pas que le déporté est mort, assassiné par les SS le 30 avril 1945.

Ma question: connait-on des exemples du même type d'amitié entre un déporté français et un employé allemand travaillant dans un camp de concentration ?

NB: j'ai eu la chance de rencontrer, au mois de juin 2011, M. Pilz, aujourd'hui âgé de 81 ans, sur les lieux.

Re: Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 10 Sep 2011, 16:48
de Aldebert
Bonjour,
Un déporté du travail dans le cadre du STO, né en 1922, encore de ce monde, a travaillé dans un camp comme lamineur avec 1500 autres déportés originaires de toute l'Europe. Il a pu améliorer son ordinaire grâce à une civile allemande dont le mari était sur le front. Cette Allemande avait réclamé sa présence, qqs heures par semaine, pour des travaux domestiques. Beaucoup de ses camarade ont été transférés plus tard à Buchenwald. Lui est resté au haut fourneau. Il m'a confié quelques souvenirs, son nom répondait alors à celui de N°4039.
Ce n'est pas tout à fait le sujet exact du fil, il s'en approche cependant. La charité humaine existe toujours qqpart et en toutes circonstances .;)
Cordialement
Albert

Re: Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 10 Sep 2011, 19:39
de carnoy123
Aldebert, merci ...

Aldebert a écrit: La charité humaine existe toujours qqpart et en toutes circonstances


Mais justement, permettez-moi de ne pas être vraiment d'accord avec vous ! La "charité humaine" a été tout à fait exceptionnelle en Allemagne, notamment vis à vis des déportés, à cette époque ! Tous les bouquins que j'ai lus sur le sujet en témoignent ... D'où par conséquent l'intérêt de ce fil pour moi
Cordialement

Re: Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 10 Sep 2011, 19:46
de Aldebert
carnoy123 a écrit:Aldebert, merci ...

Aldebert a écrit: La charité humaine existe toujours qqpart et en toutes circonstances


Mais justement, permettez-moi de ne pas être vraiment d'accord avec vous ! La "charité humaine" a été tout à fait exceptionnelle en Allemagne, notamment vis à vis des déportés, à cette époque ! Tous les bouquins que j'ai lus sur le sujet en témoignent ... D'où par conséquent l'intérêt de ce fil pour moi
Cordialement

Mais absolument d'accord avec toi. La charité humaine, même s'il est parcimonieuse Elle Existe partout
c'est ce qui est important.
Cordialement
Albert

Re: Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 11 Sep 2011, 19:24
de carnoy123
A l'attention d'Aldebert (Albert)

Aldebert a écrit:La charité humaine, même s'il est parcimonieuse Elle Existe partout
c'est ce qui est important.


Alors: on est d'accord ou on n'est pas d'accord ??? Je ne sais plus !

Vous terminez votre intervention par : "elle (la charité humaine) existe PARTOUT ! C'est ce qui est important".
Désolé, encore une fois, je ne suis pas d'accord , notamment dans le cas qui nous occupe (où je considère qu'elle n'a existé quasiment nulle part ...et je suis justement en train de chercher (avec vous) les rares exceptions à cette affirmation de ma part!) .

J'ai l'impression d'engager avec vous un débat philosophique, qui nous éloigne du sujet, et qui n'intéresse pas forcément le lecteur. Nous pouvons le tenir en privé si vous le souhaitez (MP, e-mail)
Cordialement
Michel

Re: Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 11 Sep 2011, 21:08
de Audie Murphy
J'ai des témoignages de prisonniers de guerre qui me confirment que les Allemands ont agi correctement avec eux. Je sais parfaitement que l'exception ne confirme pas la règle, mais il y avait des humains chez les Allemands, pas seulement des criminels...

Re: Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 12 Sep 2011, 19:28
de Aldebert
Bonsoir Michel,

Pour s’en tenir à ta seule question ( pardon pour le tutoiement mais il est en principe de rigueur sur ce Forum) pour s’en tenir donc à cette seule question, s’agissant d’amitié entre gardiens et personnes incarcérées dans les camps de concentration nazis, je répondrais, non je ne pense pas .
Quand tu écris « un employé allemand » je pense que tu veux dire gardien.
A ma connaissance il ne pouvait y avoir d'amitié. Ces camps étaient des camps de la mort, des camps d’extermination. Les gardiens ou kapos, souvent d’anciens prisonniers politiques d’avant 1939 (communistes) étaient chargés de faire la police dans le camp. Il avaient été choisis non pas parce qu’il étaient communistes mais parce qu’il étaient les plus anciens et surtout allemands. Ils parlaient et écrivaient cette langue. Pour les nazis c’était commode de les utiliser afin d’assurer toutes les tâches administratives dans la langue de Goethe. Les SS n’entraient pas dans la partie du camp occupée par les prisonniers.
Les kapos devaient faire preuve de zèle vis à vis de leurs supérieurs pour se maintenir à ce poste qui garantissait leur vie, en matraquant les prisonniers qu’ils gouvernaient, en se montrant impitoyables de façon gratuite. S’ils montraient une quelconque compassion ils reprenaient vite leur statut de simple prisonnier et dès lors ils étaient massacrés pas ceux-ci qui se vengeaient des maltraitances subies.
Par contre certains kapos, dans cet univers déshumanisé, au risque de leur vie pouvaient être charitables en frappant moins durement et en exerçant leur pouvoir d’une manière moins terrible, ils pouvaient aussi procurer qqs menus services mais il ne fallait surtout pas que cela se devine. C’est à cet endroit que la charité humaine ou chrétienne pour certains, se dissimulait, parcimonieuse c’est vrai mais importante compte tenu du contexte.
Un livre d’août 1945 écrit par David Rousset explique « L’univers concentrationnaire »
Cordialement
Albert

Re: Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 22 Sep 2011, 10:30
de carnoy123
Aldebert merci de cette réponse,

Je vais te tutoyer ... Je ne savais pas que c'était la règle !
Détrompe-toi, je parle bien d'employé et non pas de gardien !
Dans le camp auquel je fais allusion (Johanngeorgenstadt, camp secondaire de celui de Flossenburg), les détenus fabriquaient des pièces d'avions Messerschmitt pour la Lufftwaffe. Il fallait nécessairement des employés et/ou techniciens qui jouaient en quelque sorte le rôle de contremaitre et qui contrôlaient la qualité de la fabrication des pièces par les détenus. Ces gens-là étaient des civils qui résidaient en ville.
C'est bien ce type de relation détenu/employé qui m'intéresse, et je suis persuadé que ce problème s'est posé dans une multitude de camps !

Evidemment d'accord avec toi sur le rôle des kapos !

Cordialement
Michel

Re: Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 22 Sep 2011, 11:47
de carnoy123
A l'attention d'Audie Murphy,

Attention, je ne parle pas ici des "prisonniers de guerre" (qui sont des militaires), mais des déportés dans des camps de concentration . J'ai la conviction que les "prisonniers de guerre" étaient (quand même !) mieux traités par les allemands.
Par ailleurs, entre l'amitié d'un côté, et le comportement criminel de l'autre, il y a de la marge ... Au milieu de ces deux comportements extrêmes, je me limite pour ma part à l'indifférence (au mieux), à la crainte et à la méfiance (au pire).
Pour être plus clair, il est évident qu'il n'y avait pas QUE des criminels chez les allemands ...

Re: Amitié entre un déporté français et un employé allemand

Nouveau messagePosté: 22 Sep 2011, 12:57
de Aldebert
carnoy123 a écrit:détenus fabriquaient des pièces d'avions Messerschmitt pour la Lufftwaffe. Il fallait nécessairement des employés et/ou techniciens qui jouaient en quelque sorte le rôle de contremaitre et qui contrôlaient la qualité de la fabrication des pièces par les détenus. Ces gens-là étaient des civils qui résidaient en ville.
Cordialement
Michel

D'accord avec toi et parmi ces employés techniciens il y avait notamment des requis STO ( qqfois français) qui avaient, je l'espère, une démarche relationnelle particulière avec les internés des camps détachés dans les usines. Maintenant comment pouvaient-ils l'exprimer sans se compromettre, sous un régime de crainte et de peur permanente.
Cordialement
Albert