Un ami qui passe son temps a patrouiller les forums "douteux" pour apporter la contradiction m'a demande un coup de main pour repondre a cette affirmation emise par un membre :
Ensuite, pourquoi la Radio de Londres, comme tous les "médias" de la résistance (et ils furent nombreux) ne disent pas un seul mot du sort réservé aux Juifs ? Pas un seul mot ! Même De Gaulle n'en fait jamais allusion et même dans ses célèbres "Mémoires de Guerre"
J'ai pense que ce que je lui ai repondu pouvait vous interesser :
Tu as déjà le discours de Pierre Dac, qui était Juif, a Radio-Londres en réponse a Henriot :
http://judaisme.sdv.fr/perso/dac/henriot.htm
Dans la liste des crimes de Vichy, il cite clairement la déportation
Puis ce tract :
Le mouvement de résistance « Combat» dénonce l'infamie en diffusant ce tract à Albi :
TARNAIS!
Le Gouvernement de Vichy est passé à l'action. L'esclave, qui ne sait que trembler devant son maître, a voulu montrer sa force. Il s'est attaqué aux hôtes infortunés d'une France qui passait pour généreuse; il a traqué comme des fauves des hommes, des femmes et des enfants réfugiés sur notre territoire; plusieurs communes du Tarn ont été le théâtre de scènes d'épouvante. Le Gouvernement des traîtres est entré dans la voie de la bestialité. Que le pays juge!
On a séparé des épouses des maris; on arraché les enfants des bras de leurs mères; on est venu chercher des malades sur leur lit d'hôpital.
Pour expier le crime d'être juifs, ces êtres humains ont été livrés aux bourreaux et aux tortionnaires qui les attendent au-delà du Rhin. Nous avons vu passer avec horreur des enfants dont on a déchiré les pièces d'Etat-civil pour qu'ils ne puissent plus désormais être retrouvés. Nous avons vu à Lacaune, des femmes se suicider plutôt que d'accepter le sort infâme auquel les destine le Gouvernement moralisateur du Maréchal Pétain.
Tout cela se passe sur notre sol. (...)
Nous avons le devoir d'élever notre voix !
Nous le faisons après Monseigneur Saliège, l'héroïque archevêque de Toulouse, qui, le premier a fait entendre le cri de la conscience chrétienne devant l'infamie nouvelle d'une force asservie! Vers lui, vers Monseigneur Théas, évêque de Montauban, qui s'est montré digne d'un si grand exemple, l'hommage de tous les hommes libres de France est monté spontanément.
Nous sommes avec tous ceux qui pleurent! Nous accueillons tous ceux qui fuient! Nous protestons, au nom de l'Evangile comme au nom des Droits de l'Homme, au nom de toutes les valeurs de Justice et de Liberté dont est fait l'âme de la France, nous protestons avec ceux qui ont eu le courage de rompre un silence oppressant.(...)
Tous les moyens possibles devront être employés pour soustraire les fugitifs aux recherches de la police.
Chaque fois que l'occasion se présentera, on devra leur donner asile en lieux sûr et faciliter leur évasion. (...)
http://pedagogie.ac-toulouse.fr/histgeo ... efaite.htm
Vas aussi voir ca :
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article62027
Quant au Grand Charles, un petit passage des ses Mémoires de Guerre :
« Pour moi, la faute capitale de Pétain et de son gouvernement c'était d'avoir conclu avec l'ennemi, au nom de la France, le soi-disant "armistice". [...] Par dessus tout, avoir soumis l'Etat à la discrétion du Reich, c'est cela qu'il fallait condamner, de telle sorte que la France fût dégagée de la flétrissure. Toutes les fautes que Vichy avait été amené à commettre ensuite : collaboration avec les envahisseurs ; lutte menée [...] contre les Français Libres ou contre les alliés ; combats livrés à la résistance en liaison directe avec les polices et les troupes allemandes ; remise à Hitler de prisonniers politiques français, de juifs, d'étrangers réfugiés chez nous ; concours fourni, sous forme de main-d'oeuvre, de matières, de fabrications, de propagande, à l'appareil guerrier de l'ennemi, découlaient infailliblement de cette source empoisonnée ».
Charles DE GAULLE, Mémoires de guerre - Le salut (1944-1946) Plon, 1959.
Une anecdote gaullienne :
A Londres en juillet 1940, a l'heure du déjeuner, de Gaulle cherche quelqu'un pour être de permanence pendant que la petite équipe est partie manger. Il croise Georges Boris et lui demande de rester. Il sent Boris gêné. Il est Juif, est-il le mieux placé pour assumer ce rôle ? Réponse de De Gaulle : "Monsieur Boris, je ne connais que deux sortes d'hommes : Ceux qui se couchent et ceux qui veulent se battre. Vous appartenez a la seconde, donc attendez-moi ici et gardez la boutique". Max GALLO, La solitude du combattant, Laffont, 1998, p. 27
De Gaulle se moque de savoir si tel ou tel homme est Juif ou autre chose. Pour lui, il y a les victimes du nazisme et du pétainisme et il ne fait pas vraiment de différence entre un résistant torture puis fusille et un Juif déporté vers la mort.
Conclusion :
- De Gaulle parle au moins une fois des Juifs dans ses Mémoires
- La résistance a publié au moins un tract dénonçant la déportation des Juifs
- Radio Londres l'a aussi dénoncée au moins une fois
Et on pourrait facilement en trouver d'autres...
Conclusion de la conclusion : Ton interlocuteur parle de ce qu'il ne connait pas et sans avoir pris la peine de chercher un peu.
Je viens d'en trouver un autre :
Indignation des résistants après la rafle du 16 juillet 1942
"Quelle honte ! Et quel avertissement pour ceux qui croyaient qu'on ne verrait pas "ça" chez nous. Nous y sommes ! en pleine terreur, en pleine bestialité hitlérienne.
Le 16 juillet, les bêtes fauves de la S.S., les apaches des Sections d'assaut qui règnent sur notre Paris ordonnent à la Police française, à la Garde mobile, aux Inspecteurs, d'arrêter tous les Israélites étrangers de Paris. (...)
Les policiers français, contraints d'obéir, sont écoeurés par la besogne infâme. Certains refusent ; 400 arrestations parmi eux. Quant à la population parisienne, elle est admirable de solidarité agissante ; on cache les traqués, on recueille les enfants, on maudit publiquement les bandits nazis. Paris n'en peut plus de cette honte. Paris se prépare à la lutte pour retrouver son vrai visage (...)
Français ! Prenez-y garde ! Ne vous imaginez plus désormais que les brutes hitlériennes vous traiteront mieux que les Polonais et les Tchèques martyrs !
Qu'on ne s'y trompe pas : pour les Allemands, nous Français, nous sommes des esclaves "étrangers" vis-à-vis du peuple maître, seul digne de vivre. Hitler prendra nos hommes, nos femmes et nos enfants, comme il le fait avec les autres peuples et avec les Juifs. Ne croyez pas, Français, qu'on nous ménagera plus que les autres (...).
Ce qui s'est passé à Paris le 16 juillet, cette honte dont tout homme rougit, c'est un avertissement pour nous tous.
C'est avec une joie sadique, dans des buts bien déterminés que les nazis traitent ainsi Paris. Accepter, quand on est Français, de telles infamies, c'est pire que d'être vaincu.
Français de la zone non-occupée ! gare à vous ! La terreur hitlérienne approche, Français de tous les milieux, de toutes les classes, de toutes les religions ; quand Hitler frappe, tue, torture en France, c'est vous qu'il vise, tôt ou tard.
Révélez les horreurs de Paris ; soyez solidaires de toutes les victimes ; abritez-les ; cachez-les ; refusez de laisser salir la France, et luttez avec les mouvements de résistance, contre les bourreaux nazis, leurs traîtres et leurs chiens couchants.
POUR LA LIBÉRATION QUI VIENT !"
Extrait d'un tract du "Franc-Tireur", août 1942 in Dominique VEILLON, "La Collaboration, Textes et Débats", Le livre de poche (n 5002) Paris, 1984.