Re: Höess, on en parle ?
Posté: 23 Oct 2008, 21:37
non mais le but de ce sujet était justement de vérifier si d'autres personnes le voyait comme moi
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yeyel a écrit:Pardon ? je crois que l'on ne se comprend pas bien, je ne parle pas de faire l'apologie de qui que se soit, au contraire... Excusez moi mais je suis un peu vexée de cette reflexion
Rudolf HOESS, Le commandant d'Auschwitz parle, PCM petite collection maspero, 1979 (Julliard, 1959), pp. 5, 250-251, 253-257
AVERTISSEMENT
Rudolf Hoess a été pendu à Auschwitz en exécution du jugement du 4 avril 1947. C'est au cours de sa détention à la prison de Cracovie, et dans l'attente du procès, que l'ancien commandant du camp d'Auschwitz a rédigé cette autobiographie sur le conseil de ses avocats et des personnalités polonaises chargés de l'enquête sur les crimes de guerre nazis en Pologne. On peut en voir l'original au crayon dans les archives du Musée d'Auschwitz. Conçu dans un but de justification personnelle, mais avec le souci d'atténuer la responsabilité de son auteur en colorant le mieux possible son comportement, celui de ses égaux et des grands chefs S.S., ce document projette une lumière accablante sur la genèse et l'évolution de la «Solution finale » et du système concentrationnaire. Ce « compte rendu sincère » représente l'un des actes d'accusation les plus écrasants qu'il nous ait été donné de connaître contre le régime dont se réclame l'accusé, et au nom duquel il a sacrifié, comme ses pairs et ses supérieurs, des millions d'êtres humains en abdiquant sa propre humanité.
LE COMITÉ INTERNATIONAL D'AUSCHWITZ.
(…)
Aux yeux d'Himmler, l'Allemagne était le seul État qui avait le droit d'exercer sa domina-tion sur l'Europe. Tous les autres peuples étaient relégués au deuxième plan. Les nations au sang nordique prédominant devaient jouir d'un traitement privi¬légié afin qu'on puisse les englober, par la suite dans le corps de l'Allemagne. Les peuples de sang oriental, par contre, devaient être morcelés et réduits à néant, à l'état d'ilotes.
En s'inspirant de ces idées, on avait organisé, dès avant la guerre, des camps de concentra-tion destinés à l'internement des ennemis de l'État. Grâce au procédé de la sélection, ils devinrent, par là même, des lieux d'éducation pour les asociaux et rendirent dans ce do-maine des services précieux à la nation tout entière. Ils devinrent aussi un instrument utile pour la « lutte préventive 1 » contre la criminalité.
Mais, à partir de la déclaration de guerre, ces camps se transformèrent en lieux d'extermi-nation directe et indirecte où allait être anéantie cette partie de la population des territoires conquis qui se rebellait contre ses conquérants et ses oppres¬seurs.
J'ai déjà longuement expliqué mon attitude personnelle à l'égard de ces « ennemis de l'État ».
De toute façon, c'était une erreur de procéder à l'extermination de grandes parties des na-tions ennemies. On aurait pu réduire les mouvements de résistance par un traitement bienveillant et raisonnable de la population des territoires occu¬pés en fin de compte, le nombre des adversaires vraiment sérieux serait devenu insignifiant.
Aujourd'hui, je reconnais aussi que l'extermination des Juifs constituait une erreur, une erreur totale. C'est cet anéantissement en masse qui a attiré sur l'Allemagne la haine du monde entier. Il n'a été d'aucune utilité pour la cause antisémite, bien au contraire, il a permis à la juiverie de se rapprocher de son but final.
Quant à la direction de la Sécurité du Reich, ce n'était que l'organe d'exécution, le bras policier prolongé d'Himmler. Cette direction et les camps de concentration eux-mêmes n'étaient destinés qu'à servir la volonté d'Himmler et les intentions d'Adolf Hitler.
J'ai déjà amplement expliqué dans les pages précédentes l'origine des horreurs qui se sont produites dans les camps de concentration. Pour ma part, je ne les ai jamais approuvées. Je n'ai jamais maltraité un détenu ; je n'en ai jamais tué un seul de mes propres mains. Je n'ai jamais toléré les abus de mes subordonnés.
(…)
On voit donc que même dans une petite prison le directeur ne saurait empêcher les abus de ses subordonnés. Dans un camp de la dimension d'Auschwitz, c'était chose absolument impossible.
Certes, j'étais dur et sévère, souvent même trop dur et trop sévère comme je m'en aperçois aujourd'hui.
Dépité par les désordres ou les négligences, je me suis permis parfois des paroles mé-chantes dont j'aurais mieux fait de m'abstenir.
Mais je n'ai jamais été cruel et je ne me suis jamais laissé entraîner à des sévices.
Bien des choses se sont produites à Auschwitz - soi-disant en mon nom et sur mes ordres - dont je n'ai jamais rien su : je ne les aurais ni tolérées ni approuvées.
Mais puisque c'était à Auschwitz j'en suis responsable. Le règlement du camp le dit ex-pressément : « Le commandant est entièrement responsable pour toute l'étendue de son camp. »
Je me trouve maintenant à la fin de ma vie.
J'ai exposé dans ces pages tout ce qui m'est arrivé d'essentiel, tout ce qui m'a influencé et impressionné. Je me suis exprimé en conformité avec la vérité et la réalité ; j'ai raconté ce que j'ai vu de mes yeux. J'ai laissé de côté les détails qui me paraissent secondaires ; il y a aussi beaucoup de choses que j'ai oubliées ou dont je ne me souviens que fort mal.
Je ne suis pas un écrivain et je n'ai pas beaucoup manié la plume. J'ai dû me répéter très certainement ; il est également probable que je me suis souvent mal exprimé.
Le calme et la sérénité qui m'auraient permis de me concentrer pour ce travail m'ont éga-lement manqué.
J'ai écrit au fil de la plume mais je n'ai pas eu recours à des artifices. Je me suis dépeint tel que j'étais, tel que je suis.
Mon existence a été colorée et variée. Mon destin m'a conduit sur les hauteurs et au fond des abîmes. La vie m'a souvent durement secoué, mais, partout, j'ai tenu bon et je n'ai ja-mais perdu courage.
Deux étoiles m'ont servi de guides à partir du moment où je suis rentré, adulte, d'une guerre dans laquelle je m'étais engagé gamin : ma patrie et ma famille.
Mon amour passionné de la patrie et ma conscience nationale m'ont conduit vers le parti national-socialiste et vers les S.S.
Je considère la doctrine philosophique, la Weltanschauung du national-socialisme, comme la seule appropriée à la nature du peuple allemand. Les S.S. étaient, à mon avis, les défen-seurs actifs de cette philosophie et cela les rendait capables de ramener graduellement le peuple allemand tout entier à une vie conforme à sa nature.
Ma famille était pour moi une chose tout aussi sacrée ; j'y suis attaché par des liens indissolubles.
Je me suis toujours préoccupé de son avenir : la ferme devait devenir notre vraie maison. Pour ma femme et pour moi, nos enfants représentaient le but de notre existence. Nous voulions leur donner une bonne éducation et leur léguer une patrie puissante.
Aujourd'hui encore, toutes mes pensées tendent vers ma famille. Que vont-ils devenir ? L'incertitude que je ressens à ce propos rend ma détention particulièrement pénible.
J'ai fait le sacrifice de ma personne une fois pour toutes. La question est réglée, je ne m'en occupe plus. Mais que feront ma femme et mes enfants ?
Mon destin a été bizarre. Ma vie a souvent tenu à un fil, pendant la première guerre, pen-dant les combats des corps francs, au cours d'accidents du travail. Ma voiture a été tam-ponnée par un camion et j'ai failli être tué. Montant à cheval, je suis tombé sur une pierre et j'ai manqué être écrasé par ma monture : je m'en suis tiré avec quelques côtes fracturées. Pendant les bombardements aériens, j'ai souvent cru mon dernier moment venu et il ne m'est rien arrivé. Peu de temps avant l'évacuation de Ravensbrück, j'ai été victime d'un accident d'auto et tout le monde me tenait déjà pour mort ; une fois encore, je m'en suis bien sorti.
Ma fiole de poison s'est brisée juste avant mon arrestation.
Chaque fois le destin m'a épargné la mort pour me faire subir maintenant une fin dégra-dante. Combien j'envie mes camarades tombés en soldats au champ d'honneur !
J'étais un rouage inconscient de l'immense machine d'extermination du Troisième Reich. La machine est brisée, le moteur a disparu et je dois en faire autant.
Le monde l'exige.
Je n'aurais jamais consenti à dévoiler mes pensées les plus intimes, les plus secrètes, à exhiber ainsi mon « moi » si on ne m'avait pas traité ici avec tant de compréhension, tant d'humanité.
C'est pour répondre à cette attitude que je me devais de contribuer, dans la mesure où cela m'était possible, à éclaircir des points obscurs.
Mais, lorsqu'on utilisera cet exposé, je voudrais qu'on ne livrât pas à la publicité tous les passages qui concernent ma femme, ma famille, mes mouvements d'attendrissement et mes doutes secrets 2.
Que le grand public continue donc à me considérer comme une bête féroce, un sadique cruel, comme l'assassin de millions d'êtres humains : les masses ne sauraient se faire une autre idée de l'ancien commandant d'Auschwitz. Elles ne comprendront jamais que, moi, aussi, j'avais un cœur...
Cracovie, février 1947.
Rudolf Hoess.
1 Dénomination commode pour permettre au service de Sécurité de pratiquer les arrestations sans jugement et d'expédier arbitrairement au camp ou à la mort tout individu considéré comme gênant.
2 L'autobiographie de Hoess présente un intérêt historique, un intérêt « exemplaire » si considérable, que son édition en plusieurs langues s imposait. Sa vie privée n'appartient au lecteur que dans la mesure où elle éclaire le comportement « historique » du personnage. Aussi les éditions Julliard comme l'éditeur anglais, polonais ou allemand n'ont pas jugé opportun de publier les lettres d'adieux d'Hoess à sa famille.
juin1944 a écrit:Ce point permet de mieux comprendre le fonctionnement des nazis et de leur bras armé, la Waffen SS
lebel a écrit:Est il enccore en kiosque ?