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Re: que savait-on exactement à propos des camps ?

Nouveau messagePosté: 03 Déc 2009, 19:12
de Signal
Merci de la précision Supertomate !
Je ne citais cette phrase que pour son esprit, pas pour sa forme. Jetez un oeil au reportage sur l'ouverture de l'expo Le Juif et la France, où est stigmatisé la "tradition d'accueil" française. D'où ma remarque.

Bonne soirée,

Seb.

Re: que savait-on exactement à propos des camps ?

Nouveau messagePosté: 15 Déc 2010, 08:53
de florence57
Bonjour. D'après les Mémoires de Raymond Aron, qui était à Londres et fréquentait tout le "gratin" politique ainsi que les plus hauts personnages du renseignment, les Alliés savaient que les Juifs (et bien d'autres) étaient déportés. Mais si tout le monde pensait qu'il s'agissait de déportation dans des camps de travail, aux conditions terribles, certes, personne ne pouvait imaginer qu'il s'agissait de camps d'extermination. Cette horreur ne pouvait tout simplement pas se concevoir, dans le contexte de l'époque. Les Juifs eux-mêmes, qui avaient pourtant subi d'innombrables progroms, ne l'envisageaient pas.
Ces abominations nous sont devenues "familières", si j'ose dire; plus exactement, elles sont entrées dans nos modèles de pensée. Mais je crois, pour avoir lu le même genre de réflexion chez d'autres auteurs, qu'en 1942, 43 et même 44, ces horreurs n'étaient en effet pas concevables, pas imaginables.
Je n'ai pas le temps aujourd'hui de rechercher les pages exactes du livre de R. Aron mais j'essaierai prochainement.
Amicalement

Re: que savait-on exactement à propos des camps ?

Nouveau messagePosté: 01 Avr 2011, 01:21
de fanavman
Bonjour, j'aimerais ajouter deux éléments:
-les alliés conaissaient égualement l'existence des camps vers 1942-44 grâce aux photos prises par avions: on y voit les baraquements et des files de personnes, ainsi que les fumées. De là à pouvoir en déduire ce qui s'y passait, c'est bien sûr difficile
-Au moins un (sinon quelques) bombardements ont bien été tentés par les alliés, mais constatant qu'ils ne crééent que plus de victimes civiles, ils me semble qu'ils ont arrêté rapidement

Re: que savait-on exactement à propos des camps ?

Nouveau messagePosté: 01 Avr 2011, 15:42
de betacam
bonjour,

il y a le cas de Szmul Zygielbojm envoyé à Londres, en Mars 1942, comme représentant du judaïsme polonais, et essaiera vainement de

prévenir les alliés.

il se suicidera en 1943.

un extrait de la lettre qu'il écrivit :

« Derrière les murs du ghetto se déroule à présent le dernier acte d’une tragédie sans précédent dans l’Histoire. La responsabilité du forfait consistant à exterminer la totalité de la population juive de Pologne retombe au premier chef sur les exécutants ; mais, indirectement, elle rejaillit également sur l’humanité tout entière. Les nations et les gouvernements alliés n’ont entrepris jusqu’ici aucune action concrète pour arrêter le massacre.
En acceptant d’assister passivement à l’extermination de millions d’êtres humains sans défense —les enfants, les femmes – et les hommes martyrisés - ces pays sont devenue les complices des criminels.[...]
Je ne puis me taire. Je ne peux pas rester en vie alors même que disparaissent les derniers restes du peuple juif de Pologne dont je suis le représentant. Mes camarades du ghetto de Varsovie ont succombé, l’arme au poing, dans un dernier élan héroïque. Il ne m’a pas été donné de mourir comme eux, ni avec eux. Mais ma vie leur appartient et j’appartiens à leur tombe commune. Par ma mort, je désire exprimer ma protestation la plus profonde contre la passivité avec laquelle le monde observe et permet l’extermination du peuple juif.
Je suis conscient de la valeur infime d’une vie humaine, surtout au moment présent. Mais comme je n’ai pas réussi à le réaliser de mon vivant, peut-être ma mort pourra-t-elle contribuer à arracher à l’indifférence ceux qui peuvent et doivent agir pour sauver de l’extermination — ne fût-ce qu’en ce moment ultime — cette poignée de juifs polonais qui survivent encore. Ma vie appartient au peuple juif de Pologne et c’est pourquoi je lui en fais don. Je désire que l’infime résidu des millions de Juifs de Pologne resté en vie puisse survivre assez longtemps pour connaître, avec les masses polonaises, la Libération et qu’il puisse respirer dans un pays et un monde de liberté et de justice socialistes pour toutes ses peines et ses souffrances inhumaines. »
Londres, mai 1943 (signé) Szmul Zygielbojm (il s’est donné la mort le 12 mai 1943)


Tiré de l’ouvrage de Hiltel Seidman, "Du fond de l’abîme, Journal du ghetto de Varsovie", Pion, 1998. Traduit de l’hébreu et du yiddish par Nathan Weinstock.

http://translate.google.fr/translate?hl ... rmd%3Divns