La S.N.C.F. et la déportation
Je ne sais pas si la S.N.C.F. aurait pu refuser de conduire les trains de déportés, je ne le crois pas.
Je sais qu’il y a eu beaucoup de résistants parmi les cheminots, et en particulier chez ceux qui n’étaient pas les grands dirigeants,
Mais ce qui me choque profondément c’est que, bien après et de façon rétroactive, le paiement du transport des déportés soit demandé et en troisième classe s’il vous plait.
Même si la troisième classe, qui n’existe plus, n’était pas super confortable, je peux vous jurer qu’elle ne ressemblait en rien à ce qui était imposé aux déportés. Je parle de ma propre expérience, même si j’ai eu la chance d’échapper à la suite. :
D’abord, il fallait monter par ses propres moyens dans un wagon à bestiaux, arrêté en rase compagne. C'est-à-dire une hauteur impressionnante.
Arrivées là, il en montait toujours jusqu’à atteindre le chiffre de 100, c’est en tous cas ce qui s’est produit dans le train du 15 Août 1944 à la gare de Pantin. Nous étions si serrées qu’il nous était impossible de nous asseoir par terre toutes en même temps, je ne parle pas de s’allonger. La moitié devait rester debout.
Lorsque la Croix Rouge, envoyée par le Consul de Suède, a fait apporter des boules de pain, celles-ci ont été déposées dans un coin, réduisant encore la place. C’était par une grosse chaleur, je n’ai pas eu à supporter la porte fermée, mais on étouffait littéralement.
Notre brave S.N.C.F. étant la championne de l’exactitude, je sais que, bien que j’aie eu la chance de ne plus être là, ils ont encore attendu des heures avant le départ. Et je ne veux même pas penser aux conditions d’hygiène quand les portes ont été refermées pour un voyage de plusieurs jours.
Est-ce que ca mérite le prix d’un voyage en troisième classe ? Et comment la S.N.C.F. a-t-elle osé demander ce « dédommagement » ?