Le retour des déportés
Lorsque les déportés ont commencé à rentrer en 1945, ils ne sont pas revenus très vite. La libération des camps avait été quelque chose d’effroyable qui avait pris de court les libérateurs eux-mêmes.
Ceux qui revenaient étaient souvent de grands malades – Combien sont rentrés chez eux pour mourir ?-
A cette époque des Centres d’Accueils avaient été créés un peu partout dans Paris. Il y avait souvent des hôtels réquisitionnés.
Ce jour là, devant un hôtel de la rue Caulaincourt, il y avait un attroupement et j’ai appris que l’on attendait des déportés. J’avais toujours l’espoir de voir revenir mes camarades et moi aussi, j’ai attendu leur arrivée. C’est un autobus de la R.A.T.P. qui est arrivé, un de ces bus dont on descendait par l’arrière, avec une plate forme. A l’intérieur, il y avait des hommes dans leur costume rayé. Ils arrivaient de l’aéroport du Bourget (Orly n’existait pas encore, alors Roissy …)
Le bus s’est placé le dos à l’entrée, de façon à les faire marcher le moins possible, et chacun d’entre eux, était soutenu par deux personnes pour faire les quelques pas nécessaires.
C’est alors qu’un petit bonhomme, 7 ans peut-être, s’est approché de l’un d’eux, a qui personne n’aurait pu donner un âge… l’enfant lui a tendu la main en lui disant d’une petite voix claire « bonjour Monsieur ». L’homme a pris la petite main dans la sienne et deux grosses larmes ont coulé sur son visage.
Depuis combien de temps ne lui avait-on pas dit Monsieur ?