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POURQUOI IL FAUT JUGER LES CRIMINELS NAZIS

De l'opération T4 à la solution finale, la dictature nazie atteint un degré d'horreur jamais atteint dans l'histoire moderne. Juifs, homosexuels, communistes, dissidents, Tziganes, handicapés sont euthanasiés, déportés, soumis à des expériences médicales.
MODÉRATEUR : Gherla, Frontovik 14

POURQUOI IL FAUT JUGER LES CRIMINELS NAZIS

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de laverdure  Nouveau message 27 Fév 2007, 01:44

Mon activité professionnelle m'a amenée à m'entretenir pendant des années avec des déportés et avec leurs descendants. En 1984, j'ai fait la rencontre d'Anatole LILENSTEIN, torturé et déporté à Dachau en 1943 par Klaus BARBIE. Outre son témoignage sur le traitement réservé à ses victimes par le bourreau de Lyon, Nat m'a fait de nombreuses confidences sur les pensées qui avaient été les siennes lors de sa libération. Ayant eu l'immense chance et le privilège de recueillir ses souvenirs au fil des ans, il me revient d'apporter ici quelques réflexions issues de ces entretiens et d'aborder la question des poursuites judiciaires contre les criminels de guerre du point de vue des victimes.

On ne peut évoquer la traque des anciens criminels nazis et les poursuites judiciaires intentées à leur encontre sans que resurgissent régulièrement les mêmes arguments :
- Quelle est l'utilité de les juger plus de 60 après les faits, d'autant que les témoins et les victimes ont disparu la plupart du temps ?
- A quoi sert de mettre en prison des personnes âgées qui n'ont plus beaucoup de temps à vivre ?

Au-delà du bien fondé (ou non) de tels arguments et de l'aspect purement juridique, rappelons que les crimes contre l'humanité ont un caractère imprescriptible. Si le législateur en a décidé ainsi, c'est notamment pour que ces procès puissent avoir fonction d'exemplarité, non seulement au moment des faits, mais aussi pour la postérité.

Néanmoins, outre un légitime besoin de justice, au moins trois aspects justifient, plus de 60 ans après les faits, d'amener les criminels contre l'humanité devant les tribunaux :

1. le soulagement moral des victimes
2. la prise en compte des crimes par la société
3. l'héritage historique


1. LA SOLITUDE DES VICTIMES :

Si l'on étudie abondamment les bourreaux, leurs motivations ainsi que leurs crimes, leurs victimes sont souvent considérées dans leur immense masse anonyme comme des martyrs sacrifiés par le régime nazi. Elles suscitent compassion, contrition et devoir de mémoire mais, ne pouvant malheureusement pas être ramenées à la vie, elles deviennent des témoins muets à jamais.

Les trop rares survivants et les descendants de déportés se retrouvent seuls dépositaires d'une mémoire familiale accablante. Les premiers doivent, pour raconter ce qui s'est passé, replonger au cœur de l'horreur. Certains d'entre eux se sont d'ailleurs tus pendant plus de 30 ans. Les seconds tâchent de construire leur identité sur des histoires lacunaires, recueillant des bribes d'histoire familiale sans espoir de combler les vides laissés par les disparus. Pour tous, un lourd fardeau : vivre à nouveau et construire sans pour autant oublier le passé.

Il faut se rappeler que dans les années qui suivirent immédiatement la guerre, ceux qui avaient survécu et rentraient des camps pour tenter de se réinsérer dans la vie "normale" durent faire face à beaucoup de problèmes d'ordre psychologique :

Pratiquement tous ceux que j'ai interrogés m'ont dit avoir d'abord éprouvé un énorme sentiment de culpabilité : Pourquoi avaient-ils survécu alors que toute leur famille, leurs enfants, leurs amis, avaient disparu dans les camps ? Aux souvenirs terribles de l'horreur absolue et aux cauchemars incessants s'ajoutait le poids de la culpabilité.

Ensuite, comme le dit très bien Madame Simone VEIL, "ils ont rasé les murs". Misérables fantômes oubliés par ceux qui savaient ou se doutaient, ils devenaient d'encombrantes preuves vivantes du silence coupable d'un monde qui avait laissé se perpétrer une telle barbarie.
En France, où la population avait souffert l'occupation pendant plus de 4 ans et qui allait connaitre encore le rationnement pendant plusieurs années, ils étaient un rappel incessant de cette guerre que tout le monde aurait voulu oublier. Et ce rappel n'était pas forcément le bienvenu. Comment se plaindre des privations devant un homme pesant le poids d'un enfant ?

Les survivants, en plus de se sentir coupables d'être encore en vie, se sont sentis gênants dans le monde des vivants. Car ils reviennent de l'au-delà : ils ont vécu l'indicible, une part d'eux-mêmes est morte dans les camps et la lumière s'est éteinte de leur regard. Certains y ont même perdu leur foi. Et ils sont revenus de cet enfer. Ce qui constitue en soi un témoignage troublant.

A quoi il faut ajouter ce qui peut sembler paradoxal mais qui, à l'aune des théories négationnistes, résonne d'un sens nouveau : Ils pensaient qu'on ne les croirait pas lorsqu'ils raconteraient l'horreur des camps, les détails macabres d'une extermination systématique pratiquée à une cadence industrielle.

Toujours dans le souci de rester discrets, de ne pas "sortir du lot", certains sont même allés jusqu'à changer de nom. Ils essayaient de ne pas attirer l'attention, de se fondre dans le décor. Ils se souvenaient encore d'avoir porté l'étoile jaune, d'avoir été raflés par des gendarmes ou des policiers français (du régime de Vichy, certes, mais de cette France qu'ils croyaient leur pays), d'avoir été dénoncés, trahis.
Pour ces différentes raisons, beaucoup d'entre eux ont gardé le silence sur ce qu'ils avaient vécu. D'autres, souvent longtemps après lorsque les cicatrices de la guerre s'étaient estompées, ont écrit des livres, témoigné dans des films, participé à des conférences.

Pour les descendants des victimes, il s'agit non seulement d'établir une identité dont les racines ont disparu comme pour la plupart des orphelins, mais encore et surtout, de parvenir à faire un deuil nécessaire à la construction sereine d'une vie. Et dans le lent travail de deuil, il est un lieu qui sert d'ancrage à la mémoire de ceux qui ont disparu, un endroit où se recueillir et se souvenir, c'est-à-dire une sépulture.

Or, pour les descendants de ceux qui ont péri dans les chambres à gaz, point de tombe : leurs parents sont partis dans la fumée des fours crématoires ou dans des fosses communes. Ce lieu symbolique où repose le défunt est devenu virtuel et cette virtualité rend impossible les rites funéraires qui entérinent l'adieu d'une génération à la précédente.

De fait, non seulement la preuve concrète de la mort n'existe pas, mais il reste un espoir, certes fou et ténu, de voir réapparaître un jour le disparu. Dans ces conditions, beaucoup ont attendu plus de trente ans, s'accrochant au moindre indice. Allant parfois jusqu'à nier une trop dure réalité (1). Il n'est pas difficile de comprendre que bâtir sa vie sur une telle hypothèse peut rapidement tourner à l'obsession et au déséquilibre.

Sans arriver à de telles extrémités, il reste ardu d'accepter la disparition des êtres chers (ceux qui, par exemple, ont perdu un parent en mer connaissent bien ce phénomène, non seulement l'être cher leur a été enlevé, mais le corps ne leur a pas été rendu).

Pour les uns comme pour les autres, il ne reste donc, pour cristalliser la mémoire, que de maigres souvenirs dans le meilleur des cas et des lieux de mémoire, comme les monuments et, bien entendu, les camps.

S'il est parfois douloureux de visiter un cimetière, il faut imaginer ce que peut représenter la visite d'un camp d'extermination pour quelqu'un qui y a perdu tout ou partie de sa famille. Certains ne sont jamais parvenus à s'y rendre. Et ceux qui n'y parviennent pas se sentent parfois coupables, à leur tour, de n'être pas assez forts.

Sans parler de ceux qui en ont réchappé et qui, cela se comprend aisément, ne peuvent y revenir sans plonger dans le plus profond désarroi.

De plus, ces lieux étant déserts et conservés en l'état, ils vont se désagrégeant, ajoutant à la désolation le spectacle affligeant d'une disparition à plus ou moins longue échéance.

Bref, les camps ne constituent qu'un ersatz de sépulture où il est difficile d'emmener les jeunes générations pour leur montrer où sont leurs racines.

Les familles ont donc été privées des soins et des cérémonies religieuses à prodiguer à la dépouille du défunt, du choix du lieu de sépulture qui correspond souvent au lieu de naissance et au berceau familial.

Sur cette spécificité propre aux enfants de déportés, il faut lire le témoignage, lors du procès Klaus Barbie, de l'un de ces descendants, Michel Godot-Goldberg, membre de l'Association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France et témoin de la partie civile lors du procès (2).

« Ces morts, puisqu'ils sont devenus morts, sont devenus morts de façon abstraite ; il n'y avait ni date, ni témoins, ni cadavres, ni cérémonie funéraire, ni tombe sur laquelle se recueillir. J'ai trois enfants aujourd'hui. Pendant des années, quand ma fille me disait : "mais papa, pourquoi on ne va pas sur la tombe de ton papa ?", je n'osais rien dire parce que je n'osais pas déverser sur elle les faits qui avaient été déversés sur moi, et pour cause, à un âge où ça m'avait incontestablement affecté de façon majeure. Mais, au fond, nous avons été privés de deuil et, quand on ne prend pas le deuil, on ne le quitte jamais ou très difficilement (...) ».

A toutes ces souffrances, il faut encore ajouter ces hasards qui mirent en présence criminels et victimes. Croiser le regard de leur ancien tortionnaire en sachant qu'il ne sera pas inquiété ou découvrir que les bourreaux coulent des jours tranquilles dans un paradis sud-américain ne peut que conduire les déportés à ressentir un cruel sentiment d'injustice, comme une dernière offense faite à leurs camarades sacrifiés.
Dernière édition par laverdure le 05 Mai 2007, 23:05, édité 3 fois.


 

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de laverdure  Nouveau message 27 Fév 2007, 02:00

2 - LE ROLE DE LA JUSTICE DANS LA RECONNAISSANCE DE LA SOUFFRANCE DES VICTIMES :

Une procédure judiciaire aboutissant à un procès constitue une forme de psychothérapie, individuelle et collective, pour les victimes et leurs descendants, car il permet de faire revivre les noms des personnes disparues :

Michel Godot-Goldberg « Ce procès est (...) une façon de rendre hommage à ces morts qui n'avaient pas d'identité (...) et qu'on a soit escamotés, soit groupés ensemble dans un chiffre finalement effrayant et abstrait qui ne signifie rien, six millions. »

Dans le cas spécifique du procès de Klaus Barbie, au terme d'une instruction qui a débuté en 1983 pour aboutir en Cour d'Assises en 1987, le président CERDINI, afin de prévenir toute déviance notamment de la défense, avait décidé que seuls les documents écrits serviraient au jury pour fonder son intime conviction. Dans ce cas particulier, la valeur du témoignage n'était donc pas la même que dans un autre procès d'Assises.

La parole des témoins avait pour fonction principale, non d'établir la vérité, mais de permettre aux victimes de délivrer un message sur la barbarie nazie et sur l'horreur du judéocide.
Enfin, et ce n'est pas la moindre des qualités de ces procès, les victimes, leurs descendants peuvent enfin se dire que justice a été faite et que nul crime ne peut rester impuni.


3. LES VICTIMES, COMPOSANTES DE LA SOCIETE :

Dans notre société, le système judiciaire a pour fonction de protéger tous les citoyens, que ce soit le coupable - présumé innocent jusqu'à jugement contraire - ou la victime.
En étendant son bras protecteur sur la tête des victimes, la Justice prend en compte les préjudices physiques, moraux et psychologiques dans les jugements qu'elle rend.

Il ne s'agit pas ici d'une justice immanente mais d'une justice humaine : Entendre la souffrance des victimes, faire appliquer la loi pour les protéger, juger les coupables, les défendre et les condamner. Une société équitable se fonde sur ces principes.
Il n'est pas ici question de vengeance mais de réparation et de reconnaissance des préjudices infligés.

Depuis 1964, soit 20 ans après les faits, les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles en France (3).

Trois conséquences découlent de ce fait :
- Quel que soit le temps écoulé, il sera toujours possible d'intenter une action en justice.
- Cette mesure permet aux recherches, toujours très longues, de découvrir des documents établissant preuve, de retrouver des témoins et les auteurs des crimes
- Et permet de juger les criminels après un délai suffisamment long pour que justice soit rendue sans haine ni esprit de vengeance.

Si les survivants, dont le nombre s'amenuise, et les descendants des déportés se sont exprimés au travers de différents media, en l'absence de tels procès, ils n'avaient pas la possibilité de témoigner au sein d'une institution, et par là même, les crimes dont ils avaient été les victimes restaient non seulement impunis mais encore inscrits dans une histoire certes reconnue, mais dont l'Etat ne prenait pas officiellement acte.

Rappelons-le, certaines de ces victimes avaient été raflées par des gendarmes et des policiers français.

En instruisant des procédures contre les criminels contre l'humanité, l'appareil judiciaire français a pris acte de ces faits et s'est rangé aux côtés des victimes en exposant aux yeux de l'ensemble des citoyens les plaintes qu'il a reçues, les faits et la défense des accusés.

Une façon d'entériner la reconnaissance par l'Etat Français de la citoyenneté des victimes et de ses devoirs envers elles et, dans des cas comme celui de Maurice PAPON, de reconnaître ses responsabilités.

Ces procès ont donc une fonction d'exemplarité et constituent une chance unique pour les victimes ou leurs descendants de s'exprimer en un lieu dédié à l'établissement de la vérité.
Passant du statut de victime à celui de partie civile, les victimes peuvent siéger sur le banc des accusateurs avec le soutien de la Justice Française, incarnation du peuple français.


4. DES PROCES POUR L'HISTOIRE ET LA MEMOIRE :

Dès la fin de la guerre, les Alliés vainqueurs du nazisme, entamèrent une démarche judiciaire historique en jugeant les hauts dignitaires du régime hitlérien au Tribunal Militaire de Nuremberg.

En 1945, les mémoires étaient encore fraîches et le Procès de Nuremberg scellait définitivement la fin du III° Reich. Dans le souci de fixer à jamais dans les consciences les actes abominables auxquels s'étaient livrés les nazis, ce procès fut filmé et enregistré, afin que nul ne puisse jamais nier les faits.

Autre "première", l'une des preuves qui servit à incriminer les accusés fut un film sur les camps de concentration : "Les camps de concentration nazis (PS-2430)" fut réalisé à partir des prises de vues tournées lors de l'ouverture de différents camps par les Américains et les Britanniques. Ce film a été monté par l'unité photographique et cinématographique de l'OSS sous la direction de John FORD. Georges STEVENS, responsable des unités de tournage, l'avalisa en y insérant en guise de générique un avertissement stipulant que ce film de deux heures avait été réalisé sans trucages, afin que nul ne puisse contester la véracité des images.

Si la communauté internationale a entériné lors du procès de Nuremberg la notion de crime contre l'humanité et de génocide (qualifications forgées et utilisées pour la première fois dans un cadre juridique), en recevant des preuves, en écoutant des témoignages et en exécutant les principaux responsables des atrocités commises par les nazis, ces faits établis sont cependant remis en question par les "théories" négationnistes qui contestent ou relativisent ces faits (4).

Les procès pour crimes contre l'humanité sont donc toujours nécessaires pour continuer à réfuter ces supputations pseudo historiques.

De plus, outre le fait qu'ils nient l'existence des chambres à gaz (et ce n'est qu'un des nombreux exemples des fallacieux mensonges répandus par ces soi-disant historiens), les négationnistes qui nient ces crimes nient de ce fait l'existence même des victimes.

Car nier l'existence des camps d'extermination, des chambres à gaz, des fours crématoires et des massacres, c'est aussi nier l'existence des victimes et de leurs descendants.

Michel Godot-Goldberg a posé cette question à la barre des témoins de l'accusation du procès Barbie :
"Parce que si elles n'ont pas existé, qui sommes-nous, nous ?"

Pour les descendants des déportés, nier les chambres à gaz, c'est en quelque sorte tuer "une deuxième fois" ces millions de victimes qu'aucune sépulture ne rappelle à notre souvenir.

Le négationnisme ne fait pas qu'effacer l'histoire, il oblitère également le présent et hypothèque lourdement l'avenir.


Dans ce contexte, l'utilité des procès pour crime contre l'humanité est réaffirmée et vient rafraîchir une mémoire récente parfois oublieuse de périodes de l'histoire qui semblent aujourd'hui lointaines. Mais pour les victimes et leurs parents, le temps s'est arrêté à Auschwitz, Dachau, Treblinka, Sobibor, Mathausen, Buchenwald, Sachsenhausen, Majdanek, Natzweiler, Belzec, Chelmno, Bergen-Belsen, Ravensbrück, Jasenovac, etc, etc.


5 - L'EXEMPLARITE DU PROCES BARBIE ET SA SPECIFICITE :

Depuis 1954, l'enregistrement visuel ou sonore des audiences publiques est interdit en France. Toutefois, depuis 1981, les photographes et les cameramen sont autorisés à pénétrer dans la salle d'audience pour effectuer des prises de vues juste avant l'ouverture des débats, et ceci après obtention de l'accord des parties.

En 1984, la perspective du procès historique de Klaus Barbie poussa les législateurs à prendre de nouvelles dispositions pour permettre l'enregistrement et la diffusion des images des prétoires. Le 11 juillet 1985, la loi dite BADINTER "tendant à la constitution d'archives audiovisuelles de la justice" est votée au Parlement.

Cette loi, directement issue de la volonté du Garde des Sceaux d'inscrire le procès dans la mémoire de la France et de servir l'Histoire, autorise l'enregistrement des audiences "présentant un intérêt pour la constitution d'archives historiques de la justice".
Le procès de Klaus Barbie sera le premier à faire l'objet d'un enregistrement audiovisuel.

Pendant 20 ans, ces archives ne sont normalement consultables que sur autorisation.

A l'expiration de ce délai, la consultation des enregistrements est libre, mais leur diffusion et leur reproduction demeurent soumises à autorisation. Après 50 ans, la reproduction et la diffusion sont entièrement libres.

Néanmoins, la Cour d'Assises, dans un souci pédagogique et historique, a autorisé à titre spécial la levée du secret qui prévoit que ces archives n'auraient dû être diffusées qu'en 2037. Dans les faits, la chaîne publique Histoire a diffusé à plusieurs reprises l'intégralité du procès BARBIE et des extraits de ces archives ont pu être utilisés dans la réalisation de films documentaires. Une autre décision du Tribunal de Grande Instance de Paris a également autorisé la chaîne à mettre ces archives audiovisuelles sur son site Internet parallèlement à la diffusion télévisuelle.

Le procès Barbie constitue donc un ensemble d'archives unique conservé à l'Institut National de l'Audiovisuel. Il dure 185 heures qui correspondent aux 37 audiences du procès.

En 1990, la loi fut amendée pour permettre la diffusion dès la procédure judiciaire achevée de procès pour crime contre l'humanité. Dans tous les cas, la loi stipule que "les enregistrements sont réalisés dans des conditions ne portant atteinte ni au bon déroulement des débats ni au libre exercice des droits de la défense" et qu'ils sont effectués "à partir de points fixes".
Par la suite, les procès TOUVIER et PAPON feront à leur tour l'objet d'enregistrements filmés et seront également diffusés par la chaîne Histoire.

A l'heure où les théories négationnistes font florès, la diffusion télévisée et sur Internet de ces procès apporte un argument supplémentaire à opposer à ceux qui se font leurs propagateurs. La publicité autour de ces procès ne peut que contribuer à rappeler les crimes commis par le régime nazi.

Et pour l'avenir, les enregistrements de ces procès permettent d'édifier les plus jeunes en leur donnant à entendre les témoignages directs des victimes et de leurs descendants. Pour que les quelques 14 millions de morts (5) ne l'aient pas été en vain.

Aujourd'hui encore, des génocides sont perpétrés, des populations poursuivies et massacrées du seul fait de leur appartenance à un groupe religieux ou ethnique.

Les procès au chef de crime contre l'humanité sont l'un des moyens de faire retentir les voix des victimes et, peut-être, de leur permettre de retrouver enfin la paix de l'âme.


Ce texte est dédié à la mémoire de mon maître et ami Nat LILENSTEIN, puisse son âme être enfin apaisée.

------------------------------------------------------------------------------------
Sources et références :
1. Sur "l'attente du survivant", un roman de Robert BOBER "Quoi de neuf sur la guerre" P.O.L 1993
et son adaptation cinématographique "Un Monde presque paisible" par Michel DEVILLE 2002
2. Témoignage Michel Godot-Goldberg : documents TELEDOC du CNDP http://www.cndp.fr/Tice/Teledoc/dossier ... barbie.htm
3. Pierre TRUCHE : chronologie sur la notion de crime contre l'humanité
http://www.histoire.fr/vert/html/fbarbie.htm
4. Sur le négationnisme, voir les articles :
- de Daniel Laurent :
http://www.histoquiz-contemporain.com/p ... storyid=92
- de Nicolas Bernard et Gilles Karmasyn :
http://www.phdn.org/negation/index.html
5. Nombre estimé des victimes des camps ou des massacres :
6 millions d'Israélites
3 millions de prisonniers Soviétiques
3 millions de Polonais non israélites
700 000 à 900 000 Serbes
250 000 Tziganes
80 000 opposants politiques divers (dont Allemands)
70 000 handicapés
15 000 à 20 000 homosexuels
2 500 témoins de Jéhovah
soit un total estimé entre 13 117 500 et 13 322 500 victimes


 

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Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de hilarion  Nouveau message 27 Fév 2007, 20:37

Très intéressant article. J'ai vu sur la chaîne histoire la traque d'Adolf Eichmann par les Israéliens. Ces derniers ont mis le paquet pour le récupérer. De plus la seule condamnation à mort qui a été prononcé dans l'état d'Israel a été celle ci car la constitution de ce pays ne prévoit la peine de mort que pour les criminels de guerre nazi.


 

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Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 27 Fév 2007, 20:44

Bonsoir à toutes et à tous,
C'est une contribution très, très intéressante que Laverdure vient de mettre en ligne.
Vu la qualité de l'article et l'importance du sujet abordé, je me dois de demander à notre ami Hilarion, si un tel article n'aurait pas sa place dans le '' Centre de Documentation ''
Bien amicalement
Prosper ;)
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Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 27 Fév 2007, 22:24

Vu la qualité de l'article, je ne croyais pas qu'il y avait besoin de prier l'Amiral hilarion pour voir cette oeuvre dans le centre de documentation !


 

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Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 27 Fév 2007, 22:38

Audie Murphy a écrit:Vu la qualité de l'article, je ne croyais pas qu'il y avait besoin de prier l'Amiral hilarion pour voir cette oeuvre dans le centre de documentation !

Tu me cherches des crosses toi??? :evil:
Prosper :cheers:
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Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de hilarion  Nouveau message 28 Fév 2007, 07:36

Prosper Vandenbroucke a écrit:
Audie Murphy a écrit:Vu la qualité de l'article, je ne croyais pas qu'il y avait besoin de prier l'Amiral hilarion pour voir cette oeuvre dans le centre de documentation !

Tu me cherches des crosses toi??? :evil:
Prosper :cheers:

On se calme les 2 enfants de choeur ;) hier soir c'etait soirée GIGN, ce soir parents d'élèves et demanin on sort certaienement le gosse au cinéma (Zgorzelsky) pour aller voir Paroles de nos pères...Donc ce sera en fin de semaine dans le centre de doc

Ite missa est 8)


 

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Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Igor  Nouveau message 28 Fév 2007, 10:07

hilarion a écrit:On se calme les 2 enfants de choeur ;) hier soir c'etait soirée GIGN, ce soir parents d'élèves et demanin on sort certaienement le gosse au cinéma (Zgorzelsky) pour aller voir Paroles de nos pères...Donc ce sera en fin de semaine dans le centre de doc

Ite missa est 8)


Les Brestois parlent aux brestois ...

Donc c'est bon pour demain soir ?


 

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Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de laverdure  Nouveau message 28 Fév 2007, 15:03

est-ce que je peux dire juste un petit truc ?
c'est pas un article à proprement parler. C'est des réflexions (oui, ça m'arrive de réfléchir :P ) même si les refs indiquées sont des sources tout ce qu'il y a de plus solides.
Ce que j'aimerais, c'est que ça ouvre à débat, notamment par rapport à la diffusion récente de la "traque des nazis" de Costelle ou la mort récente de Papon qui amène à reparler du procès.
Et les suites (hier) du jugement de la CIJ sur l'ex-Yougoslavie.
Ceci est un problème d'actualité (hélas) et pas seulement quelque chose qui s'est passé il y a 60 ans.
Et la réflexion d'Hilarion sur le procès Eichmann est très intéressante car effectivement, ce sont les constitutions des pays concernés qui orientent de tels procès.


 

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Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Zgorzelsky  Nouveau message 28 Fév 2007, 17:29

Mode HS/on

Les brestois répondent aux brestois

Pour moi c'est green, suffit de convenir d'un horaire. On continue peut-être en MP, avant de se faire accuser de flood (un comble pour l'équipe de modération)

Mode HS/off

Phil


 

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