Post Numéro: 28 de Petit_Pas 06 Mar 2007, 21:11
Salut,
laverdure a écrit: Ou alors, on adopte une attitude franchement cynique et on décide que pour telle négociation (c'est juste un exemple) on doit sacrifier x miliers de vies et on le fait, mais sans se voiler la face.
Ca a l'air horrifiant dit comme ça, mais n'est-ce pas ce que les Alliés ont fait en ne bombardant ni les camps ni les voies ferrées ?
Euh je crois que la deuxième partie de cette affirmation est erronée : en effet, les Alliées n'ont eu de cesse de bombarder les voies ferrées et, de fait, tout ce qui pouvait servir de voie de communication, afin d'entraver l'effort de guerre du IIIe Reich en limitant l'approvisionnement des usines, en détruisant des stocks, en empêchant les armées allemandes de se déplacer comme bon leur semblaient... Mais le fait est que très rapidement les unités du génie de la Wermacht mirent au point des techniques de reconstruction, notamment pour les voies ferrées, qui rendirent vite caduc l'opportunité de ce genre d'objectif. En effet, ils ne leur fallait que quelques heures pour remédier aux dégâts faits par les bombardements (qui restaient très imprécis et peu efficaces, pour ne pas dire "rentables" au vu de l'effort fourni pour mettre en place un carpet bombing en règle). En fait les Allemands finirent par "négliger" la menace du bombardement des voies ferrées mais par redouter les attentats qui, en faisant dérailler un train, causaient infiniment plus de dégâts plus durs à réparer que les bombardements.
Pour ce qui est du bombardement des camps, la question ne se pose même pas, surtout évoquée 60 ans après les faits. On crie depuis peu à hue et à dia que les Alliés n'ont pas fait leur boulot en ne bombardant pas les camps. Je trouve l'idée absurde dans la mesure où ces camps n'étaient absolument pas des objectifs militaires (ce que l'on reproche aujourd'hui aux bombardements effectués sur les villes allemandes...) mais en plus, sachant qu'y étaient internés des opposants aux régime hitlérien, des victimes de la politique raciste nazie... comment l'état major allié aurait il pu justifier le bombardement de ces camps où survivaient des victimes innocentes en plein coeur du IIIe Reich ??? Je trouve idiot de penser que le bombardement d'Auschwitz, qui était et de loin le plus grand des camps nazis et donc la cible la plus facile, aurait pu mettre un terme au génocide et à la déportation !!! D'abord parce qu'il y avait beaucoup d'autres camps, plus petits mais tout aussi efficaces, disséminés sur tout le territoire ennemi. Ensuite parce que la précision des bombardements à l'époque était quasi nulle, d'où le carpet bombing. Que serait il arrivé si les Alliés avaient décidé de bombarder un camp, de faire un carpet bombing sur Auschwitz ? Des centaines de morts, peut être plus (150 000 personnes étaient internées à Auschwitz à l'été 44 !!!), des milliers de blessés, des survivants qui auraient peut être pu s'enfuir du camp mais pour aller où ??? Je conçois le désarroi de tous ces hommes et de toutes ces femmes qui voyaient les bombardiers passer au-dessus de leurs têtes sans jamais rien tenter pour les sauver (citation de mémoire du témoignage d'une ancienne déportée d'Auschwitz dans le reportage sur le bombardement des usines de Monovitz) mais je reste convaincue que le moyen le plus sûr de les sauver à l'époque était de gagner la guerre le plus rapidement possible en consacrant tous les moyens militaires à cette tâche et non à des objectifs pseudos humanitaires irréalisables compte tenu des circonstances de l'époque.
Enfin pour ce qui est de ton article sur l'intérêt de juger les crimes contre l'Humanité 60 ans après les faits, je le trouve remarquable à plus d'un titre car il a le mérite de rappeler ce que veut dire "rendre la justice" mais surtout il nous rappelle avec une très grande humanité ce que nous, citoyens de France et du Monde, devons à la mémoire des victimes anonymes d'un génocide quelqu'il soit : rechercher et témoigner de la vérité pour que la dignité humaine soit rendue aux victimes et à leurs familles par la reconnaissance judiciaire du drame qu'ils ont souffert et la condamnation sans appel de leurs bourreaux, même 60 ans après les faits.