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Les étapes d'un calvaire

Nouveau messagePosté: 27 Sep 2006, 16:41
de Daniel Laurent
Les étapes d'un calvaire

3 octobre 1940 :
Les premières pierres de l'édifice ont été posées dès le 22 juillet 1940 par la création d'une commission pour la révision des naturalisations puis, le 27 août 1940, par l'abrogation du décret-loi du 21 avril 1939, qui empêchait la propagande antisémite dans la presse. La loi portant statut des juifs a suivi le 3 octobre 1940 : elle exclut les juifs de la fonction publique ainsi que des professions libérales et proclame ouvertement la notion de « race juive » alors que, jusque-là les ordonnances allemandes, de crainte de heurter l'opinion française, ne font référence qu'à la « religion juive ». Ce statut sera renforcé le 2 juin 1941. Les juifs d'Algérie, quant à eux, ne sont plus considérés comme citoyens français à partir du 7 octobre 1940. La loi, à la fois antisémite et xénophobe, livre les « étrangers de race juive » à l'arbitraire policier en conférant aux préfets le pouvoir de les interner dans des camps spéciaux.

Le Commissariat général aux questions juives (CGQJ), véritable ministère aux affaires juives, est créé par Vichy le 29 mars 1941 dans le but d'éliminer les juifs de la vie civile, politique, économique, culturelle, ainsi que de les dépouiller de leurs biens et de provoquer à leur égard des mesures de police « commandées par l'intérêt national ». Organisé par Xavier Vallat, le CGQJ passera entre les mains de Darquier de Pellepoix quand il s'agira, selon la volonté allemande, d'attenter à la vie des juifs. Le CGQJ dispose d'une police aux questions juives, la PQJ, plus tard Section d'enquête et de contrôle (SEC), qui se signale par de nombreux abus.

Ce sont essentiellement les forces de police régulières qui mèneront rafles et arrestations contre une population juive évaluée de 300 000 à 330 000 personnes réparties en 1941 par moitié dans chacune des deux zones avec environ 50 % de juifs étrangers. Suscitées par la section antijuive de la Gestapo, dirigée par Dannecker, les arrestations massives de juifs par la police française débutent le 14 mai 1941 dans l'agglomération parisienne. Elles ne visent que des hommes, Polonais, Tchèques et même Autrichiens (au total 3 747), qui sont dirigés vers deux camps du Loiret sous administration préfectorale, Pithiviers et Beaune-la-Rolande. La deuxième opération a lieu à partir du 20 août 1941 et touche 4 232 juifs, dont un millier de Français.

Le camp de Drancy, sous administration française et sous contrôle étroit de la Gestapo, est créé pour eux. Le 12 décembre 1941, 700 juifs français, surtout des notables, sont arrêtés par la Feldgendarmerie et internés à Compiègne, tandis que les nazis sortent de Drancy 53 juifs pour une exécution massive. Plus de 10 % des résistants fusillés au Mont-Valérien sont juifs, alors que le pourcentage des juifs dans la population française est à peine de 0,7 %. La première déportation des juifs de France a lieu de 27 mars 1942. Elle concerne 1 112 juifs, des hommes, pour moitié juifs français de Compiègne, pour moitié juifs apatrides de Drancy. En juin 1942 s'est installée à Paris une nouvelle direction de la police allemande et des SS avec, à sa tête, le général SS Oberg assisté par le colonel SS Knochen, commandant de la police de sûreté et des services de sécurité, la Sipo-SD, au sein de laquelle opère la Gestapo.

Internements :
Du côté français, Laval et son chef de la police, René Bousquet, obtiennent un renforcement de l'autorité de Vichy en zone occupée en contrepartie d'une collaboration policière accrue contre les ennemis communs au Reich et à Vichy : les juifs, les communistes, les gaullistes, les terroristes. Les mesures antijuives en zone occupée s'intensifient : les ordonnances allemandes relèguent les juifs au rang de parias, en particulier la huitième, du 29 mai 1942, qui prescrit aux juifs de plus de six ans révolus le port de l'étoile jaune en public avec la mention « juif ».

En juin 1942, s'engagent des négociations policières franco-allemandes au sujet, cette fois, de l'arrestation massive de familles juives, la décision ayant été prise à Berlin le 11 juin de commencer la déportation de tous les juifs de l'Europe de l'Ouest. Le 25 juin, la Gestapo se fixe comme objectif à moyen terme la déportation de 40 000 juifs : 10 000 juifs apatrides doivent être arrêtés en zone libre et livrés par Vichy, comme s'y est engagé Bousquet le 16 juin ; 30 000 juifs doivent être trouvés en zone occupée, la Gestapo insistant pour que 40 % de ces juifs soient de nationalité française. La Gestapo souligne aussi la nécessité de l'exécution par les seules forces de police française de cette opération massive.

En conseil des ministres, le 26 juin, Laval paraît disposé à refuser l'engagement de la police française en zone occupée et ne semble pas au courant de l'accord donné par Bousquet au sujet des 10 000 juifs de la zone libre. Bousquet décide d'accepter l'engagement exclusif de la police française avec pour seule concession allemande le fait que les juifs français seront épargnés pour le moment. Ce qui a été conclu le 2 juillet entre Bousquet et les chefs de la police nazie en France a été entériné en partie par Pétain et par Laval, le 3 juillet, et confirmé en totalité par Laval aux chefs SS le lendemain. Comme l'écrit Dannecker à Eichmann : « Le président Laval a proposé que, lors de l'évacuation de familles juives de la zone non occupée, les enfants de moins de seize ans soient emmenés eux aussi. Quant aux enfants juifs qui resteraient en zone occupée, la question ne l'intéresse pas. » Ainsi le feu vert pour la déportation des enfants juifs, presque tous nés en France, est-il donné par Vichy aux SS qui vont bientôt s'en servir.

À partir de la rafle du Vel' d'Hiv', et pendant onze semaines, c'est au rythme de trois convois de mille juifs chacun par semaine que va se dérouler la déportation des juifs de France. Une première réaction de protestation s'ébauche avec la lettre envoyée le 22 juillet à Pétain par les cardinaux et archevêques de France assemblés à Paris : « Nous ne pouvons étouffer le cris de notre conscience. » Dans la première quinzaine d'août 1942, Vichy expédie à Drancy trois mille cinq cents juifs qui étaient internés dans les camps de la zone libre. La grande rafle de la zone libre menée à partir du 26 août permet à Vichy de livrer encore six mille cinq cents juifs aux SS ; beaucoup moins que les chiffres prévus. Elle suscite cependant de vives protestations de larges secteurs dans l'opinion publique, appuyées et parfois précédées par les interventions vigoureuses et efficaces des prélats catholiques et du pasteur Boegner.

La déclaration la plus retentissante est celle de Mgr Saliège, archevêque de Toulouse ; la plus déterminante, celle du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon et primat des Gaules. Poussé par l'admirable abbé Chaillet, Mgr Gerlier couvre l' « enlèvement » d'une certaine d'enfants juifs que la préfecture de Lyon allait transférer à Drancy. Cette réaction humanitaire de l'opinion publique française, surtout en zone libre, où elle a évidemment plus de facilités pour s'exprimer, entraîne immédiatement pour le sort des juifs des répercussions bénéfiques.

Mais la Gestapo achève en 1942 de fournir à Auschwitz le contingent prévu en juin de quarante mille déportés, en faisant arrêter par la police française en zone occupée les juifs baltes, yougoslaves, bulgares, hollandais, roumains, grecs et en déportant également de Pithiviers un millier de juifs français qui ont tenté de passer la ligne de démarcation.

La protection italienne
Après l'invasion de la zone libre par les allemands, en novembre 1942, les autorités militaires italiennes protègent, dans leur nouvelle zone d'occupation, les juifs français et étrangers contre les mesures de Vichy (apposition obligatoire de la mention « juif » sur les titres d'identité et sur la carte d'alimentation) ainsi qu'en empêchant, au besoin par la force, les arrestations de juifs. Des pressions allemandes s'exercent sur Mussolini, qui se décide, le 18 mars 1943, à transférer aux autorités françaises les pouvoirs de police sur les juifs dans sa zone d'occupation. Le lendemain même, il se ravise sous l'effet d'un document relatant les atrocités nazies à l'Est contre les juifs. Le Duce confie le traitement de la question juive dans la zone d'occupation italienne à sa police civile.

L'inspecteur général Lo Spinoso, chargé de cette mission, se fait conseiller par Angelo Donati, juif italien dont l'efficacité fut remarquable, et il continue à protéger systématiquement les juifs. Pendant le premier semestre de 1943, la section antijuive de la Gestapo alimente les trains de déportation avec les juifs français détenus pour avoir commis des infractions, avec des rafles menées conjointement par des policiers français et allemands à Marseille, par la préfecture de police à Paris, par la gendarmerie de la zone sud ; mais les SS ont conscience que la défaite de Stalingrad accentue les réticences de Vichy. Ils tentent d'obtenir de Laval la révocation des naturalisations de juifs obtenues depuis 1927. Mais la chute de Mussolini, le 25 juillet, rend Laval circonspect, et la loi prévue ne sera pas publiée.

En représailles, les SS décident d'inclure, systématiquement cette fois, les juifs français dans les déportations ; mais ils ne reçoivent de Berlin d'autre renfort policier qu'un commando d'une dizaine d'hommes dirigé par Aloïs Brünner, l'un des plus redoutables délégués d'Eichmann. Ce commando déclenche une terrible chasse aux juifs sur la Côte d'Azur. Le 8 septembre, en effet, les Alliés ont prématurément rendu public l'armistice signé par les Italiens, empêchant ceux-ci, de transférer en Italie, afin de les transporter en Afrique du Nord, une vingtaine de milliers de juifs réfugiés dans la région niçoise. Le remplissage des trains (quatorze convois en 1944, dont deux de 1 500 personnes) s'effectue par la poursuite à Paris de rafles par la préfecture de police visant les juifs étrangers (plus de 4 000), ainsi que par des rafles en province menées parfois par la police allemande et visant indistinctement juifs français et juifs étrangers.

La nomination de Darnand au poste de secrétaire général au maintien de l'ordre et le rôle accru de sa milice facilitent les arrestations de juifs français ainsi que les fusillades ou exécutions sommaires (environ un millier). Heureusement, les organisations juives ont dissous à temps leurs foyers plus ou moins clandestins d'enfants juifs, sauf en deux cas : celui d'Izieu (Ain), où Klaus Barbie fait rafler quarante-quatre enfants le 6 avril 1944, et celui des foyers de l'UGIF, dans la région parisienne liquidés le 20 juillet par Brünner, qui déporte plus de trois cents enfants par le dernier grand convoi de Drancy, le 31 juillet.
Source : Serge Klarsfeld, Le Monde du 11 mai 1985

Nouveau messagePosté: 27 Sep 2006, 17:04
de Fix
tu vas te faire taper dessus ;) le statut des juif est du 18 Octobre et non du 3 (un décret n'est valable que au moment de son apparition dans le JO)
http://www.delpla.org/forum/viewtopic.php?t=25
;)

par contre ça sucite une question que je n'avais jamais abordé
qu'en est il de la question juive en Italie? Je sais que la population de villes comme venise a systematiquement caché les juifs mais pour le reste je suis un peu sans infos. Les italiens ont coopérés? (apparament pas d'apres ton post au dessus ;)) de quel manière et sous quel arguments se sont ils opposés au demandes allemandes dans ce sens?

Nouveau messagePosté: 27 Sep 2006, 17:40
de Daniel Laurent
Salut Fix,
Fix a écrit:tu vas te faire taper dessus ;) le statut des juif est du 18 Octobre et non du 3 (un décret n'est valable que au moment de son apparition dans le JO)

Arf, non, pas moi, c'est Klarsfeld qui doit se prendre les baffes a ce sujet
:D

La, c'est toi qui va te faire taper dessus, Monsieur Delpla, que j'aimes beaucoup, n'est pas en odeur de saintete sur ce forum...
par contre ça suscite une question que je n'avais jamais abordé
qu'en est il de la question juive en Italie? Je sais que la population de villes comme venise a systematiquement caché les juifs mais pour le reste je suis un peu sans infos. Les italiens ont coopérés? (apparament pas d'apres ton post au dessus ;)) de quel manière et sous quel arguments se sont ils opposés au demandes allemandes dans ce sens?

La, je ne peux que te parler du Sud-Est de la France occupe par les Italiens et en particulier Menton. Mais je pense que ce que je dis est plus ou moins applicable a toute l'Italie.

Les Italiens, dans les Alpes Maritimes, ont toujours refuse de pourchasser les Juifs. Le Fascisme, contrairement au Nazisme, n'etait pas anti-semite. Il avait des defauts, certes, et des graves, mais pas celui-la.

De nombreux Juifs se sont refugies pendant la DGM, en toute securite, dans la region de Menton. Lorsque l'Italie capitule en septembre 1943 et que les Allemands occupent Menton, la situation change mais d'une part les Allemands ont autres choses a faire que de pourchasser les juifs et d'autre part ils ne sont plus officiellement Juifs, des circuits de protection sont en place.

Source : Pierre Drumacher, un copain de l'epoque ou j'ai passe mon BEPC a Menton, c'etait en, argh, 1967, ca ne me rajeunis pas.
Juif dont les parents etaient de ces refugies DGM a Menton.
Il avait un nez qui aurait passionne Himmler et ses "scientifiques" ainsi qu'une haine tres communicative des Nazis qui fait partie de la petite liste des choses qui m'ont emmene a etre ici, avec vous, aujourd'hui.

Nouveau messagePosté: 29 Sep 2006, 21:19
de François Delpla
Bonsoir !


Le statut des Juifs est dit paresseusement du 3 octobre, alors qu'il est du 18, date de sa parution au JO. Mais je ne reprends pas les gens à ce sujet pour le plaisir d'une cuistrerie du juriste que je ne suis pas. C'est qu'en fait il n'y a aucune information de presse ou de radio sur l'adoption d'un texte le 3 ou le 4 et on n'a aucune preuve qu'un conseil vichyssois des ministres ait tranché la question le 3; on trouve cette dernière date dans le JO du 18, un point c'est tout. Et je n'ai pas un respect tel pour le régime de Vichy que je me contente de sa prose pour prouver un fait historique.

non

Nouveau messagePosté: 29 Sep 2006, 23:36
de juin1944
La, c'est toi qui va te faire taper dessus, Monsieur Delpla, que j'aimes beaucoup, n'est pas en odeur de saintete sur ce forum...

Daniel , fais nous la grâce de tes remarques qui engagent l'équipe d'administration en nous faisant tenir des propos qu'aucun d'entre nous n'a jamais proféré. François Delpla est le bienvenu ici et ses interventions sont toujours sources d'échanges et de débat.

Re: non

Nouveau messagePosté: 30 Sep 2006, 08:45
de François Delpla
juin1944 a écrit:
(...)

François Delpla est le bienvenu ici et ses interventions sont toujours sources d'échanges et de débat.


Disons que petit à petit, après une période où le vitriol coula à flots, on semble mieux comprendre pourquoi il fréquente les forums : point du tout pour la pub et uniquement pour le débat. Et que Daniel a joué dans cette évolution un rôle globalement positif !

Re: non

Nouveau messagePosté: 30 Sep 2006, 11:31
de Daniel Laurent
Bonjour,
Quelques complements sur le sujet :

D'octobre 1940 à la fin de 1942, l'État français adopta et publia au Journal officiel plus d'une centaine de textes juridiques, décrets et lois visant les juifs. En interdisant à ces derniers certaines professions et en les dépouillant d'une partie de leurs biens, les autorités de Vichy contribuaient indiscutablement à les affaiblir et à les marginaliser. Cette politique délibérée (mais rarement revendiquée publiquement) reposait sur un véritable arsenal législatif dont la pièce maîtresse était précisément le statut des juifs. Toute la législation antijuive de Vichy a relevé de ce statut qui, pour la première fois en France, donnait une définition juridique des juifs et détaillait les fonctions et professions qui leur étaient dès lors interdites.

Deux statuts des juifs, rédigés à l'initiative, sous l'autorité et la signature de Philippe Pétain, ont en fait été adoptés dès la première année de "l'État français". Le premier, daté du 3 octobre 1940 et publié au Journal officiel le 18 octobre 1940, a été élaboré par Raphaël Alibert et Marcel Peyrouton, respectivement titulaires du ministère de la Justice et de l'Intérieur. Le second, qui complète et remplace le précédent, est daté du 2 juin 1941 et publié au J.O. le 14 juin 1941. Il a été conçu par Joseph Barthélemy et Xavier Vallat, respectivement titulaires du ministère de la Justice et du commissariat général aux Questions juives.

Le premier statut des juifs marque sans conteste le point de départ d'un antisémitisme d'État. En France, alors que rien ne distinguait les juifs des non-juifs, ce statut remet en effet en question, pour la première fois depuis 1791, la place des juifs au sein de la société. L'exposé des motifs qui accompagne sa publication s'efforce d'en justifier la nécessité :
"[...]. Partout, et spécialement dans les services publics, si réelles que soient d'honorables exceptions dont chacun pourrait fournir un exemple, l'influence des juifs s'est fait sentir, insinuante et finalement décomposante. Tous les observateurs s'accordent à constater les effets fâcheux de leur activité au cours des années récentes durant lesquelles ils eurent dans la direction de nos affaires une part prépondérante. Les faits sont là et commandent l'action du gouvernement à qui incombe la tâche pathétique de restauration française. [...]"

Le statut donne tout d'abord une définition juridique du juif :

"Art. 1er. Est regardé comme juif, pour l'application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif."

Cette définition, largement inspirée de l'Allemagne nazie ne prend évidemment nullement en compte le sentiment personnel d'appartenance (ou de non-appartenance) au judaïsme. En faisant référence à la "race juive" des grands-parents, les autorités françaises se situent de plus bien au-delà de l'antijudaïsme religieux traditionnel. C'est désormais un antisémitisme véritablement "racial" qui imprègne une partie du droit français.

Le statut énumère ensuite (art. 2 ) les fonctions et professions qui sont dorénavant interdites aux juifs: membres du gouvernement et des administrations centrales, des diverses cours de justice, des préfectures et sous-préfectures, de la police, de l'armée, des corps enseignants...

Pour accéder aux fonctions publiques non mentionnées (art. 3 ) les juifs doivent nécessairement pouvoir "exciper de l'une des conditions suivantes" :

"a- Être titulaire de la carte de combattant 1914-1918 ou avoir été cité au cours de la campagne 1914-1918;

"b- Avoir été cité à l'ordre du jour au cours de la campagne 1939-1940;

"c- Être décoré de la Légion d'honneur à titre militaire ou de la médaille militaire".

Alors que le principe d'un numerus clausus visant les juifs exerçant des professions libérales est clairement affirmé (art. 4 ), le statut prescrit aussi l'élimination complète des juifs travaillant dans la presse, le cinéma et la radio (art. 5 ). Il expose par ailleurs les modalités de la mise en application de l'exclusion des juifs de la fonction publique (art. 7 ) et précise les conditions dans lesquelles, "par décret individuel pris en conseil d'État et dûment motivé", quelques juifs ayant "rendu des services exceptionnels à l'État français", pourront éventuellement "être relevés des interdictions prévues par la loi" (art. 8 ). La loi "est applicable à l'Algérie, aux colonies, pays de protectorat et territoires sous mandat" (art. 9 ).

Le second statut n'introduit pas de changements fondamentaux. Il donne surtout une définition plus large des juifs puisqu'il suffit d'avoir "deux grands-parents de race juive" pour être considéré comme juif, sauf si on peut prouver qu'une conversion à une autre religion est intervenue avant la date du 25 juin 1940 (art. 1er). Ce statut étend aussi la liste des professions interdites aux juifs: banquier, agent immobilier, courtier... (art. 5 ) et précise les modalités (très compliquées) à remplir pour pouvoir simplement demander à bénéficier d'une dérogation (art. 8 ). Il détaille enfin les sanctions encourues par les individus qui tenteraient sciemment de se soustraire aux interdictions prévues par la loi: amende comprise entre 500 et 20 000 francs et peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à "cinq ans d'internement dans un camp spécial, même si l'intéressé est Français" (art. 9 ).

Une loi, datée du 2 juin 1941 et également publiée au J.O. le 14 juin 1941, complète le second statut en prescrivant le recensement obligatoire de tous les juifs auprès des services des préfectures et des sous-préfectures.

Dès octobre 1941, on dénombre le renvoi de 2 671 fonctionnaires juifs dans les trois départements français d'Algérie. En métropole, un document daté d'avril 1942 fait état de l'exclusion de 3 422 fonctionnaires juifs et précise que 2 910 d'entre eux ont été révoqués en application du premier statut et 512 en application du second statut. Très peu de dérogations ont été accordées: dans l'enseignement par exemple, 18, sur plus de 1 200 fonctionnaires concernés. Toutefois, ceux qui ont pu en bénéficier n'ont pas tous échappé aux rafles et aux persécutions. Sur les 350 000 juifs environ que comptait alors la France, 76 000 ont été déportés entre mars 1942 et juillet 1944.

On peut consulter les ouvrages suivants: R. SARRAUTE & P. TAGER, Les Juifs sous l'Occupation: 1940-1944, Recueil des textes officiels français et allemands 1940-1944, C.D.J.C., Paris, 1945, rééd. C.D.J.C.-F.F.D.J.F., Paris, 1982 / S. KLARSFELD dir., Le Statut des juifs de Vichy, C.D.J.C., Paris, 1991 / C. SINGER, Vichy, l'Université et les juifs: le silence et la mémoire, Les Belles Lettres, Paris, 1992, rééd. Hachette-Pluriel, Paris, 1996 / D. RÉMY, Les Lois de Vichy, Romillat, Paris, 1992 / D. GROS dir., Le Droit antisémite de Vichy, Le genre humain 30-31, Seuil, Paris, 1996.

François Delpla a écrit:Disons que petit à petit, après une période où le vitriol coula à flots, on semble mieux comprendre pourquoi il fréquente les forums : point du tout pour la pub et uniquement pour le débat. Et que Daniel a joué dans cette évolution un rôle globalement positif !

;)

Nouveau messagePosté: 04 Oct 2006, 11:45
de St Ex
En ce qui concerne les juifs en Italie, il y eut un film: "le jardin des Finzy-Contini" me semble-t-il. Recherche sur Google ou allo ciné (c'était tiré d'un bouquin).

St Ex

Nouveau messagePosté: 06 Oct 2006, 10:36
de Fix
il semble qu'il y a bien eu des lois anti juives et relativement tot

du moins c'est ce qu'ils disent ici
http://www.histoiredesjuifs.com/categor ... tegory=652

17/11/1938
Première législation italienne anti-juive. Les Juifs se voient fermer le service civil ; les Juifs devenus citoyens après 1918 sont privés de leur citoyenneté et doivent quitter l’Italie. Les officiers Juifs de l’armée italienne sont radiés. L’un deux, le Colonel de Segre, se suicidera devant ses hommes.


C'est avant le pacte d'acier quand même je suis étonné de la "précocité" de cette législation pour l'Italie. J'aurais pensé qu'il n'avaient rien adopté avant au moins 1940 et l'entrée en guerre.

Nouveau messagePosté: 06 Oct 2006, 17:43
de St Ex
C'est avant le pacte d'acier quand même je suis étonné de la "précocité" de cette législation pour l'Italie. J'aurais pensé qu'il n'avaient rien adopté avant au moins 1940 et l'entrée en guerre.[/quote]

Tiens Fix, va voir là, ça a bien commencé en 1938:

http://dvdtoile.com/Film.php?id=19734

St Ex