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Le protocole d'Hossbach

Le traité de Versailles donne lieu à l'instauration de la République de Weimar puis à la montée du National Socialisme. Quelques années plus tard, l'annexion des Sudètes et de l'Autriche annonce les prémices de la seconde guerre mondiale.
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Le protocole d'Hossbach

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Thierrybulle  Nouveau message 14 Fév 2006, 13:12

Que pensez-vous de la valeur et du poids qu'on a donné au protocole d'Hossbach ? Pour rappel, il s'agit d'un protocole établi à partir des notes du colonel Hossbach et qui résume l'évaluation de la situation internationale et les mesures à prendre par Hitler en 1937. ce document a eu une importance capitale pour l'accusation lors du procès de Nuremberg.


 

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de orpo57  Nouveau message 20 Juil 2007, 22:08

le protocole d'Hossbach était un mémo du Colonel Hossbach qui était aide de camp de Hitler et qui reprenait les minutes d'une conférence qui s'est déroulé à la Chancellerie du Reich entre Hitler, les commandants des 3 armes Fritsch, Raeder et Goering et le ministre des affaires étrangères von Neurath
A cette conférence, Hitler développa un plan à long terme d'expansion territoriale basé sur le principe du Lebensraum (espace vital) de la communauté allemande et de sa détermination de prendre le contrôle de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie.
Ce texte est exemplaire puisqu'il constitue le premier texte où il est fait expressément mention d'une politique militaire d'agression contre des pays voisins et ce dès 1937 soit 2 ans après le rétablissement de la conscription en allemagne.
Georges

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Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 22 Juil 2007, 22:50

A toutes fins utiles, je reproduis ici le texte intégral du compte-rendu dressé par le colonel Hossbach.


Berlin, 10 novembre 1937

Procès-verbal de l’entretien ayant eu lieu à la Chancellerie du Reich le 5 novembre 1937 de 16 h 15 à 20 h 30.

Etaient présents :

* le Führer, Chancelier du Reich.

* le général feld-maréchal Von Blomberg, Ministre de la Guerre.

* le général baron Von Fritsch, commandant en chef de l’armée de terre.

* le commandant en chef de la Luftwaffe, général Göring.

* le baron Von Neurath, Ministre des Affaires Etrangères.

* le colonel Hossbach.


Le Führer constate pour commencer que l’objet de l’entretien d’aujourd’hui était d’une importance telle que sa discussion serait sans doute dans tout autre pays venue en séance du Cabinet, mais que lui - le Führer -, précisément en raison de l’importance du sujet, se refusait à soumettre à la discussion du Cabinet du Reich au grand complet. Les déclarations qui allaient suivre étaient le résultat de réflexions approfondies et des expériences qu’il avait faites au cours de ses quatre années et demie de gouvernement ; il allait exposer à ces Messieurs ses idées essentielles sur les possibilités et les nécessités de l’évolution de notre situation politique extérieure, en quoi il demandait que, dans l’intérêt d’une politique allemande à long terme, on considérât ses déclarations comme son testament, au cas où sa mort se produirait.

Le Führer déclara ensuite :

Le but de la politique allemande était la sauvegarde et la sécurité de la communauté raciale (Volksmasse) ainsi que sa multiplication. Il s’agissait par suite d’une question d’espace.

La communauté raciale allemande comprenait 85 millions d’hommes qui formaient, étant donné le nombre des hommes et l’étroitesse des espaces habités en Europe, un noyau racial plus replié sur lui-même que ce n’était le cas pour aucun autre pays, et qui d’un autre côté possédait plus qu’aucun autre peuple un droit à un espace vital plus vaste. Si, sur le plan territorial aucune acquisition politique ne correspondait au noyau racial allemand, c’était la suite d’une évolution historique de plusieurs siècles, et la persistance de cette situation politique faisait courir le plus grand danger au maintien de la race allemande à son niveau actuel. Il était aussi impossible d’arrêter le déclin de la civilisation allemande (Deutschtum) en Autriche et en Tchécoslovaquie que de maintenir le niveau de vie actuel en Allemagne même. La croissance faisait place à la stérilisation, qui devrait, au cours des années entraîner des désordres sociaux parce qu’une idéologie politique et philosophique n’est efficace qu’aussi longtemps qu’elle peut fournir sa base à la réalisation des exigences vitales réelles d’un peuple. L’avenir de l’Allemagne était donc sous l’entière dépendance d’un règlement territorial nécessaire, et il était dans l’ordre des choses que cette solution ne pût être cherchée que pour l’espace de temps prévisible, comprenant à peu près une à trois générations.

Avant d’aborder la question de la solution territoriale, il y avait lieu de se demander si l’autarcie ou une plus grande participation à l’économie mondiale pouvaient apporter une solution durable à la situation de l’Allemagne.



AUTARCIE

N’est praticable que sous l’autorité rigoureuse du gouvernement national-socialiste qu’elle suppose ; à supposer cette réalisation possible, les résultats en seraient les suivants :

1. Dans le domaine des matières premières, autarcie non totale, mais seulement limitée.

1° L’autarcie est praticable dans la mesure où le charbon est considéré comme une source de matières premières.

2° La situation est déjà beaucoup plus difficile dans le domaine des minerais. Nous pouvons subvenir à nos besoins en ce qui concerne le fer et les métaux légers, mais non en ce qui concerne d’autres matières premières, cuivre, étain...

3° Textiles - nous pouvons subvenir à nos besoins dans la mesure où notre production de bois est suffisante. Pas de solution durable possible.

4° Matières grasses alimentaires, possible.

2. Dans la catégorie de l’alimentation, il faut répondre un " non " catégorique à la question de l’autarcie.

L’élévation générale du niveau de vie depuis trente ou quarante ans a été accompagnée par une augmentation des besoins et une consommation intérieure croissante même de la part des producteurs, des paysans par exemple. Les fruits de l’augmentation de la production agricole étant absorbés par l’augmentation des besoins, ils ne représentent donc aucune augmentation absolue de la production. Une nouvelle augmentation de la production obtenue en demandant un plus grand rendement de la terre, qui donne déjà, à la suite de l’emploi d’engrais artificiels, des signes d’épuisement, est presque impossible ; il est donc certain que même en augmentant la production au maximum, on ne pourra éviter un recours au marché mondial. Le nombre de devises non négligeable qu’il faut consacrer déjà dans les années de bonnes récoltes aux importations devant assurer le ravitaillement prend des proportions catastrophiques dans les années de mauvaises récoltes. L’éventualité d’une catastrophe augmente avec l’accroissement de la population ; l’excédent des naissances de 560 000 par an ayant pour suite une augmentation de la consommation du pain d’autant plus grande que l’enfant consomme plus de pain que l’adulte.

Il est impossible à la longue de faire face aux difficultés de ravitaillement par un abaissement du niveau de vie et par des rationalisations sur un continent jouissant de conditions de vie à peu près uniformes. Depuis que la solution du chômage a rendu effective la pleine capacité de consommation, il serait peut-être possible d’apporter quelques améliorations de détail à notre production agricole intérieure, mais non de transformer vraiment la base de notre ravitaillement. L’autarcie est donc impraticable aussi bien dans le domaine du ravitaillement que sur un plan général.



PARTICIPATION A L'ECONOMIE MONDIALE

Elle a des limites que nous ne saurions dépasser. Les fluctuations du marché s’opposent à l’établissement de la position allemande sur une base solide ; les traités de commerce n’offrent aucune garantie d’exécution effective. Il est essentiel notamment de se souvenir que depuis la guerre mondiale il y a eu l’industrialisation de pays qui étaient précisément autrefois exportateurs de produits alimentaires. Nous vivons à une époque d’impérialisme économique où la tendance colonialiste nous ramène aux temps les plus primitifs ; la poussée expansionniste du Japon et de l’Italie a des causes économiques ; de même, l’Allemagne est stimulée par les besoins économiques. La possibilité de l’expansion économique est particulièrement précaire pour les pays situés en dehors des grands empires économiques.

L’essor provoqué dans l’économie mondiale par la politique de réarmement ne constituera jamais la base d’un équilibre économique de longue durée, auquel les désordres économiques issus du bolchévisme s’opposeraient d’ailleurs avant tout. C’est une grave faiblesse militaire pour un Etat de faire reposer sa subsistance sur le commerce extérieur. Etant donné que notre commerce extérieur est acheminé par les mers que contrôle l’Angleterre, le problème réside pour nous moins dans l’approvisionnement en devises que dans la sécurité des transports, qui constitue la grande faiblesse de notre ravitaillement en temps de guerre.

La seule ressource, qui peut nous sembler chimérique, résiderait dans l’acquisition d’un plus vaste espace vital, une aspiration qui a été de tout temps à l’origine de la formation des Etats et des mouvements de population. On s’explique que cette aspiration ne rencontre aucun intérêt à Genève et auprès des Etats saturés. Que si l’on place au premier plan la sécurité de notre ravitaillement, c’est en Europe qu’il faudrait chercher l’espace qu’elle implique nécessairement, et non, comme le conçoit le capitalisme libéral, dans l’exploitation coloniale. Il s’agit de gagner non des hommes, mais des territoires ayant une valeur agricole. De même, il est plus rationnel de chercher les territoires devant fournir des matières premières en Europe à proximité immédiate du Reich, et non au delà des mers. La solution de ce problème doit être valable pour une ou deux générations, mais il faut laisser aux générations suivantes le soin de répondre aux nécessités des époques ultérieures. Les grandes communautés mondiales politiques progressent somme toute avec lenteur ; c’est au cœur du continent européen que le peuple allemand avec sa forte unité raciale trouvera les conditions premières les plus favorables de ce progrès. Or l’Histoire a montré de tout temps (Empire romain mondial, Empire anglais) qu’une expansion territoriale ne va jamais sans risques et sans avoir à briser des résistances. Les réactions sont également inévitables. Il n’y a jamais eu de territoires sans maître, et l’attaquant se heurte toujours au possesseur.

La question est de savoir pour l’Allemagne où le maximum de bénéfices peut être obtenue avec le minimum d’efforts.

La politique allemande doit compter avec ses deux ennemis irréductibles, l’Angleterre et la France, qui ressentent la présence d’un puissant colosse allemand au centre de l’Europe comme une plaie au flanc ; ils s’opposent à un nouvel accroissement de la puissance allemande aussi bien en Europe qu’outre-mer et pourront s’appuyer en cela sur l’approbation d tous les partis. Ces deux pays verraient, dans l’établissement de leurs lignes de communications maritimes, une garantie apportée au commerce allemand, et par contrecoup, un renforcement de la position allemande en Europe.

En raison de l’opposition des dominions, l’Angleterre ne peut nous faire aucune concession sur ses positions coloniales. Après la perte de prestige qu’a subie l’Angleterre du fait que l’Abyssinie est devenue une possession italienne, il ne faut plus compter sur le retour de l’Afrique orientale. L’esprit de conciliation de l’Angleterre s’exprimera tout au plus dans la faculté qui nous sera laissée de satisfaire nos prétentions coloniales en nous appropriant des colonies qui ne sont actuellement pas des possessions anglaises, par exemple l’Angola. Les concessions françaises seront probablement dans la même ligne.

Il ne pourra être question de discuter sérieusement un retour de nos colonies qu’à un moment où l’Angleterre se trouvera en difficultés, et où le Reich allemand sera fort et armé.

Le Führer ne partage pas l’opinion selon laquelle l’Empire serait inébranlable. C’est moins dans les pays conquis que dans les pays concurrents que se rencontre l’opposition à l’Empire. L’Empire anglais et l’Empire romain ne sont pas d’une solidité comparable ; depuis les guerres puniques, l’Empire romain ne s’est heurté à aucun adversaire politique sérieux. Ce n’est que sous l’effet dissolvant du christianisme et des signes de vieillissement qui se manifestent dans tout Etat que l’ancienne Rome a succombé à l’assaut des Germains.

A côté de l’Empire anglais se dressent dès maintenant des Etats plus puissants. Ce n’est plus qu’en faisant alliance avec d’autres Etats, et non par ses seules forces, que la métropole anglaise est en mesure de défendre ses possessions coloniales. Comment l’Angleterre pourrait-elle défendre seule le Canada par exemple contre une attaque américaine, ou ses intérêts d’Extrême-Orient contre le Japon ?

Que la Couronne d’Angleterre soit déclarée le symbole de l’unité de l’Empire est déjà l’aveu que celle-ci ne peut être maintenue à la longue par la seule puissance politiques. Des symptômes significatifs peuvent être relevés dans ce sens :

1. l’aspiration de l’Irlande à l’indépendance ;

2. les conflits constitutionnels aux Indes où l’Angleterre a ouvert aux Hindous par ses demi-mesures la possibilités de faire arme contre elle d’une non-observation de ses engagements constitutionnels ;

3. l’affaiblissement de la position de l’Angleterre en Extrême-Orient du fait du Japon

4. la rivalité en Méditerranée avec l’Italie, qui, se réclamant de son histoire, poussée par la misère et menée par un génie, consolide sa puissance, et est amenée par là à contrecarrer les intérêts anglais dans une mesure grandissante. L’issue de la guerre d’Abyssinie est pour l’Angleterre une perte de prestige que l’Italie s’applique à aggraver en suscitant des troubles dans le monde arabe.

On doit constater, en somme, que malgré toute sa fermeté théorique, l’Empire ne peut être maintenu à la longue par 45 millions d’Anglais. Le rapport du chiffre de la population e l’Empire à celui de la population métropolitaine de 9 à 1 doit nous avertir de ne pas laisser lors d’expansions territoriales, la base constituée par le chiffre de notre population propre à devenir trop étroite.

La position de la France est plus favorable que celle de l’Angleterre. L’Empire français a une situation géographique plus avantageuse, la population de ses possessions coloniales constitue un apport militaire supplémentaire. Mais la France s’achemine vers des difficultés politiques intérieures. Dans la vie des peuples, le régime parlementaire occupe 10 % et le régime totalitaire environ 90 % de leur histoire. Quoi qu’il en soit, il faut tenir compte aujourd’hui dans nos calculs politiques des facteurs suivants : l’Angleterre, la France, la Russie et les petits Etats limitrophes.

Il n’y a que la violence qui puisse apporter une solution au problème allemand, et la violence ne va pas sans risques. Les luttes de Frédéric le Grand pour la Silésie et les guerres de Bismarck contre l’Autriche et la France ont été d’un risque extrême, et seule la rapidité de l’action prussienne en 1870 a empêché l’Autriche d’entrer en guerre. Si l’on fait du recours délibéré à la violence avec acceptation des risques le point de départ des considérations suivantes, il reste à répondre à ces deux questions : " quand ? " et " comment ? ". Il faut à ce propos envisager trois cas.


PREMIER CAS : PERIODE 1943-1945

Après cette période, il ne faudra plus attendre de changement qu’à notre désavantage.

L’équipement de l’armée, de la marine de guerre et de l’aviation, ainsi que la formation du corps des officiers sont presque achevés. L’équipement et l’armement sont modernes. Si l’on attend encore, ils risquent d’être périmés. En particulier le secret des "armes spéciales" ne peut être indéfiniment gardé. La constitution de réserves ne se limite pas au recrutement des jeunes classes. Il ne faut pas compter sur un appoint des classes anciennes déjà formées.

Par rapport au réarmement effectué jusqu’ici par les autres pays, notre puissance diminue. Si nous n’agissons pas d’ici 1943-1945, la crise d’alimentation peut se faire sentir d’une année à l’autre, faute de réserves, et nous ne disposons pas de devises suffisantes pour pallier cette crise. Ce sera là un " moment de faiblesse " du régime.

En outre, le monde attend notre attaque et renforce chaque année ses contre-mesures. C’est pendant que les autres pays se barricadent qu’il faut que nous passions à l’offensive.

Ce que sera réellement la situation dans les années 1943-1945 personne ne le sait aujourd’hui. Une seule chose est certaine, c’est que nous ne pouvons pas attendre plus longtemps.

D’une part, la grande Wehrmacht, qu’il est nécessaire de maintenir à son niveau actuel, puis le mouvement national-socialiste et ses chefs qui prennent de l’âge, d’autre part la perspective d’une baisse du niveau de vie et d’une diminution des naissances ne nous laisse pas le choix : il nous faut agir. Si le Führer est alors encore en vie, il est irrévocablement décidé à résoudre le problème de l’espace vital allemand au plus tard en 1943-1945. La nécessité d’agir avant 1943-1945 est à envisager dans les cas 2 et 3.


CAS N°2

Si la tension sociale en France évolue vers une crise de politique intérieure telle que l’armée française s’y trouve absorbée dans une guerre contre l’Allemagne, le moment sera venu d’agir contre la Tchécoslovaquie.


CAS N°3

Si la France est engagée de telle sorte dans une guerre contre un autre Etat qu’elle est dans l’impossibilité de " marcher " contre l’Allemagne.

Pour améliorer notre situation politico-militaire, dans tous les cas où nous serions impliqués dans une guerre, notre objectif n°1 consiste à abattre du même coup la Tchécoslovaquie et l’Autriche, afin de parer au danger d’une attaque de flanc si nous marchions vers l’Ouest. En cas de conflit avec la France, il n’est guère vraisemblable que la Tchécoslovaquie nous déclare la guerre le même jour que la France. Toutefois, la volonté de la Tchécoslovaquie de participer à la guerre grandirait en fonction même de notre affaiblissement, et cette participation se ferait sentir par une attaque vers la Silésie, vers le Nord ou vers l’Ouest.

Une fois abattue la Tchécoslovaquie, et créée une frontière commune Allemagne-Hongrie, on peut vraisemblablement compter sur une attitude de neutralité de la Pologne dans un conflit franco-allemand. Nos accords avec la Pologne ne dureront qu’autant que la puissance de l’Allemagne ne sera pas ébranlée. En cas de défaillance de l’Allemagne, on doit s’attendre à une attaque de la Pologne contre la Prusse Orientale, sinon contre la Poméranie et la Silésie.

Dans l’hypothèse où l’évolution de la situation aboutirait à une action concertée de notre part dans les années 1943-1945, l’attitude à prévoir de la France, de l’Angleterre, de l’Italie, de la Pologne et de la Russie serait probablement la suivante :

Au fond, le Führer croit que l’Angleterre, selon toute vraisemblance, et probablement aussi la France, ont déjà secrètement rayé de leurs livres la Tchécoslovaquie et qu’elles se sont faites à l’idée que cette question serait réglée un jour ou l’autre par l’Allemagne. Les difficultés de l’Empire et la perspective de s’engager dans une guerre européenne de longue durée sont des facteurs déterminants pour une non-participation de l’Angleterre à une guerre contre l’Allemagne. L’attitude anglaise ne sera certainement pas sans influence sur celle de la France. Une attaque que déclencherait la France sans le soutien de l’Angleterre et avec la perspective que son offensive se heurte à nos fortifications de l’Ouest est bien peu probable. Sans l’aide de l’Angleterre, le passage à travers la Belgique et la Hollande par la France n’est pas à prévoir, pas plus qu’en cas de conflit avec la France nous ne pourrions envisager ce passage qui, de toute façon, aurait pour conséquence l’hostilité de l’Angleterre. Naturellement, nous devrons toujours faire barrage à l’Ouest pendant que nous attaquerons l’Autriche et la Tchécoslovaquie et l’Autriche.

Il faut tenir compte du fait que d’une année à l’autre la Tchécoslovaquie renforce ses dispositifs de défense, de même qu’avec le temps se consolide la valeur intrinsèque de l’armée autrichienne. Bien que la densité de population soit assez forte, surtout en Tchécoslovaquie, l’incorporation de la Tchécoslovaquie et de l’Autriche rapporterait de quoi nourrir 5 à 6 millions d’hommes, à condition qu’on ait recours à une émigration forcée de 2 millions d’habitants en Tchécoslovaquie et de 1 million en Autriche. Le rattachement des deux Etats à l’Allemagne signifie un allégement substantiel des charges politico-militaires en raison du raccourcissement et l’amélioration de la ligne frontière, de la faculté d’employer à d’autres fins des troupes devenues disponibles et de la possibilité de constituer de nouveaux corps de troupes jusqu'à un effectif d’environ 12 divisions, à raison d’une division nouvelle par million d’habitants.

On n’a pas à craindre que l’Italie proteste contre la liquidation de la Tchécoslovaquie. Par contre, il est impossible de prévoir aujourd’hui comment elle se comportera dans la question autrichienne ; tout dépend de savoir si le Duce sera encore en vie.

Le coefficient de surprise et de rapidité de notre action sera déterminant pour l’attitude de la Pologne. Celle-ci n’aura pas grande envie d’entrer en guerre contre une Allemagne victorieuse - avec la Russie dans le dos.

Nous devons parer à une intervention militaire de la Russie par la rapidité de nos opérations ; cette intervention est d’ailleurs plus que douteuse, étant donné l’attitude du Japon. Si le cas n°2 - paralysie de la France par la guerre civile - se produit, notre adversaire le plus dangereux étant éliminé, il faudra exploiter la situation pour pouvoir frapper la Tchécoslovaquie à tout moment.

Le cas n°3 se place pour le Führer dans un avenir assez proche. Ce cas peut se produire à la faveur des tensions actuelles en Méditerranée, et le Führer est décidé à l’exploiter, à quelque moment qu’il se produise, et même dès l’année 1938.

D’après les expériences faites au cours des événements militaires en Espagne, le Führer ne voit pas encore imminente la fin de ces événements. Compte tenu du temps exigé jusqu’ici par les offensives de Franco, il est possible que la guerre dure encore environ trois ans. D’autre part, on ne désire pas non plus du point de vue allemand une victoire 100 % de Franco. Nous avons bien plutôt intérêt à la continuation de la guerre et au maintien de la tension en Méditerranée. Si Franco possède sans partage la péninsule ibérique, il met fin à toute ingérence possible de l’Italie et à l’occupation des Baléares par cette dernière. Puisque nous avons intérêt à la continuation de la guerre en Espagne, notre politique dans l’immédiat doit renforcer les arrières de l’Italie pour qu’elle puisse se maintenir aux Baléares. Mais l’installation de l’Italie dans les Baléares n’est tolérable ni pour la France ni pour l’Angleterre, et peut conduire à une guerre de la France et de l’Angleterre contre l’Italie, guerre à l’occasion de laquelle l’Espagne - si elle est entièrement dans les mains des Blancs, peut se ranger aux côtés des adversaires de l’Italie. Une défaite de l’Italie dans cette guerre est peu probable. L’Allemagne lui est ouverte pour compléter son approvisionnement en matières premières. Le Führer imagine comme suit la stratégie militaire de l’Italie : elle restera sur la défensive sur sa frontière Ouest contre la France et luttera contre la France en partant de la Libye pour attaquer les possessions coloniales françaises de l’Afrique du Nord.

Un débarquement des troupes franco-anglaises sur les côtes de l’Italie étant impossible, et une offensive française par les Alpes contre l’Italie du Nord très difficile, car elle se briserait probablement contre les puissantes fortifications italiennes, le centre de gravité des opérations est en Afrique du Nord. La menace que fera peser sur les voies de transport françaises la flotte italienne paralysera dans une large mesure le transport de troupes d’Afrique du Nord à la France, de telle sorte que la France ne disposera que de ses forces métropolitaines sur ses frontières avec l’Allemagne et l’Italie.

Si l’Allemagne profite de cette guerre pour liquider la question tchèque et autrichienne, on est fondé à admettre que l’Angleterre - engagée dans une guerre avec l’Italie - ne se décidera pas à marcher contre l’Allemagne. Sans le soutien de l’Angleterre, une action militaire de la France contre l’Allemagne est peu probable.

Le moment de notre attaque contre la Tchécoslovaquie et l’Autriche doit dépendre de l’évolution de la guerre italo-franco-anglaise et il ne coïncide pas avec l’ouverture des hostilités par ces trois pays. Le Führer ne songe pas non plus à des arrangements militaires avec l’Italie ; mais il veut au contraire, en toute indépendance, exploiter cette occasion favorable unique qui lui sera offerte, pour déclencher et mener la campagne contre la Tchécoslovaquie, l’attaque contre ce pays devant avoir lieu " avec la vitesse de l’éclair ".

En donnant leur opinion sur la situation, le feld-maréchal Von Blomberg et le général Von Fritsch rappelèrent la nécessité pour l’Allemagne de ne pas avoir l’Angleterre et la France comme adversaires, et ils déclarèrent qu’en cas de guerre avec l’Italie l’armée française ne se trouverait pas engagée au point de ne plus pouvoir intervenir avec supériorité contre nos frontières de l’Ouest. Les forces françaises affectées à la frontière des Alpes contre l’Italie pourraient représenter, selon le général Von Fritsch, l’effectif de 20 divisions environ, ce qui laissait disponible des forces françaises très supérieures aux nôtres à notre frontière de l’Ouest, ayant mission, selon le point de vue allemand, d’envahir la rive gauche du Rhin. Il fallait tenir compte particulièrement ici de l’avance dont bénéficiait la France en matière de mobilisation et considérer qu’abstraction faite de la valeur insignifiante de nos dispositifs de défense dans leur état actuel - le feld-maréchal Von Blomberg mit l’accent sur ce point - les 4 divisions motorisées que nous avions prévues pour l’Ouest étaient plus ou moins incapables de se mouvoir. Relativement à notre offensive vers le Sud-Est, le feld-maréchal Von Blomberg signala particulièrement la puissance des fortifications tchèques, dont la structure rappelait celle d’une ligne Maginot et rendait notre attaque très difficile.

Le général Von Fritsch fit remarquer qu’il avait demandé cet hiver qu’on étudiât précisément les possibilités de diriger les opérations contre la Tchécoslovaquie en tenant particulièrement compte du système de fortifications tchèques, qu’il y aurait à vaincre ; le général déclara en outre qu’en raison des circonstances présentes il se voyait contraint de renoncer au congé à l’étranger qu’il devait prendre à partir du 10 novembre. Le Führer ne fut pas de cet avis, estimant que la possibilité qu’un conflit italo-français n’était pas aussi imminente. Le Ministre des Affaires Etrangères ayant objecté qu’un conflit italo-français n’était pas aussi proche que le Führer semblait le croire, ce dernier cita l’été de 1938 comme date possible, selon lui. En réponse aux réflexions exprimées par le feld-maréchal Von Blomberg et le général Von Fritsch au sujet de l’attitude de l’Angleterre et de la France, le Führer confirma ses déclarations antérieures, savoir qu’il était convaincu de l’abstention de l’Angleterre, et qu’en conséquence il ne croyait pas à une action militaire de la France. Si le conflit méditerranéen en question devait aboutir à une mobilisation générale en Europe, nous devrions alors agir immédiatement contre la Tchécoslovaquie ; si par contre, les puissances non engagées dans la guerre déclaraient s’en désintéresser, l’Allemagne devrait commencer par adopter la même attitude.

Le général Göring estima qu’eu égard aux déclarations du Führer, il convenait de songer à liquider notre entreprise militaire en Espagne. Le Führer se déclara d’accord, sous réserve toutefois de fixer la décision au moment opportun.

La seconde partie de l’entretien a eu pour objet des questions matérielles d’armement.

HOSSBACH.

Certifié conforme : Colonel KINZBACH (Etat-Major général).
« Choisir la victime, préparer soigneusement le coup, assouvir une vengeance implacable, puis aller dormir… Il n'y a rien de plus doux au monde » (Staline).

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Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 22 Juil 2007, 22:54

Et voici l'analyse à laquelle je me livrais, voici quelques années :

Hitler a ainsi présenté sa politique, terrifiant ses généraux et son Ministre des Affaires Etrangères. Si la théorie du Lebensraum est largement exposée, il n’évoque guère l’Union soviétique, passant sous silence son anticommunisme bien connu, ce qui peut paraître surprenant. A-t-il voulu rassurer ses Ministres et ses généraux en leur cachant ses véritables projets concernant l’URSS ? A-t-il préféré attendre de liquider la Tchécoslovaquie et l’Autriche avant de passer à l’étape suivante ? Ou bien n’avait-il aucun véritable projet à long terme, comme le soutiennent des historiens qui, à la manière de Hans Mommsen, défendent la thèse d’un Hitler opportuniste, agissant sans plan préétabli, sachant saisir les occasions qui se présentent, dans l’intention de renforcer le prestige de son régime ?

On déduira de ce procès-verbal que Hitler compte en tout état de cause éliminer l’Autriche et la Tchécoslovaquie, et que c’est exactement ce qui va se passer, avec un brin d’improvisation et quelques couches de machiavélisme, en cette année 1938. Songe-t-il alors réellement à une guerre ? Ce n’est pas ce que pense Göring, qui, sitôt Hitler parti, assurera à l’amiral Raeder (qui sait pertinemment que la Kriegsmarine n’est pas prête à affronter la Royal Navy) que le Führer n’avait voulu que faire pression sur l’armée afin qu’elle accélère son programme de réarmement. Von Blomberg ne lui tiendra pas un autre discours et l’Amiral repartira soulagé. En revanche, Von Neurath aura cru Hitler sur parole, eu égard au nombre de crises cardiaques qui terrasseront le Ministre après cet entretien. Comme le général Von Fritsch, il s’opposera à ce revirement de la diplomatie allemande : tous les deux seront contraints de quitter leur poste dans les deux mois qui vont suivre.

Les prédictions hitlériennes concernant la Grande-Bretagne et la France vont se réaliser point par point, du moins en ce qui concerne les futures crises autrichienne et tchèque (sa présentation de la situation de l’Empire britannique est d’une justesse remarquable). Sauf en ce qui concerne cette fameuse guerre en Méditerranée pour les Baléares (que d’ailleurs les Italiens n’occupent que partiellement - les Républicains espagnols tiennent encore Minorque). Il est vrai qu’un sérieux incident international avait opposé l’Allemagne aux Républicains, en mai 1937. Des navires de guerre allemands y avaient été attaqués par des éléments isolés de l’aviation espagnole. Le "cuirassé de poche" KMS Deutschland avait été endommagé le 26 mai à Ibiza, perdant 32 marins mortellement blessés. Il avait fallu six heures à Von Neurath pour apaiser la colère du Führer. La guerre n’avait été évitée que par la politique de prudence adoptée par les antifranquistes, qui ne souhaitaient pas affronter le Reich de manière directe.

Cela étant, le scénario sur lequel s’étend Hitler paraît bien improbable. Imagine-t-il réellement Franco déclarer la guerre à son ancien allié Mussolini, au risque de se déstabiliser politiquement au regard de sa propre propagande et des partisans du Duce que compte son propre gouvernement ? Cependant, il faut remarquer que Hitler ne se trompe pas, lorsqu’il veut maintenir la tension en Méditerranée : l’état-major français envisagera bien, en 1938, une offensive en Espagne, et restera obnubilé par la menace italienne qui pèse sur les Alpes et la Tunisie.

Hitler reste ainsi prudent dans son délire impérialiste, avertissant ses hauts fonctionnaires qu’il visera la maximum de gains avec le minimum de pertes.

Le plus surprenant ? Les services secrets français n’ignorent rien du compte rendu de la conférence. Un membre de l’Office de la Recherche du Reich (Forchungsamt), organisme chargé des écoutes radio, téléphoniques et radiogoniométriques, Hans Thilo Schmidt (membre du N.S.D.A.P. depuis 1932), a livré au 2e Bureau le détail des objectifs hitlériens. Le général Hossbach en a en effet parlé au général Rudolf Schmidt, qui n’est autre que le frère de l’agent pro-français. Sept jours après la conférence de la Chancellerie, le colonel Rivet, chef des services de renseignements et de contre-espionnage de l’armée (1936-1944), rencontre Daladier, qui ne se préoccupe guère de ces informations et recommande à Rivet de se charger plutôt de "cuisine intérieure" : les problèmes frontaliers soulevés par la guerre d’Espagne, le Parti communiste, etc..

Ce n’est pas tout. Quelques jours après la conférence, Göring expose à l’ambassadeur des Etats-Unis en France, William Bullitt, le contenu de cette conférence, en évoquant les revendications nazies sur l’Autriche et les Sudètes. Pourquoi le futur Reichsmarschall, qui a dû recevoir le plein accord de son Führer pour se livrer à de telles confidences, livre-t-il ainsi sur un plateau les prétentions de Berlin ? Hitler aurait-il voulu préparer le terrain ? Sonder les opinions gouvernementales occidentales ? Ou bien "brûler ses vaisseaux" ?
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Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 23 Juil 2007, 07:56

Bonjour,
Merci pour le texte integral, je n'en avais que des extraits.

L'Amiral Raeder n'est pas dans la liste des participants, au debut du document.
C'est une typo ?


 

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Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 23 Juil 2007, 08:18

Rebonjour,
J'ai bien aime votre analyse de ces protocoles, mais il y a une question qui me chiffonne, celle de la portee de l'anticommunisme d'Hitler.
(Si c'est trop hors-sujet ici, que les modos moderent, merci)

Selon ce que j'ai pu lire et conclure, l'anticommunisme d'Hitler est plus de circonstance que de conviction politique intime. C'est un outil, pas un but.

Il s'en est servi pendant la course au pouvoir, pour reduire un adversaire politique, lui prendre des voix et des militants tout en rassurant le patronat. C'etait un outil interne.

Ensuite, c'est encore un outil, mais externe. Le mythe de la "Croisade contre le Bolchevisme" est destine a rassurer les puissances occidentales qui, elles, sont veritablement anticommunistes et, accessoirement, a pieger des volontaires etrangers qui y croyaient en se battant sur le Front de l'Est alors que le but de la manipulation etait le Lebensraum et lui seul.

Staline aurait ete le Tsar de toutes les Russies ou le Secretaire General du Parti Conservateur que cela n'aurait rien change. Notez au passage qu'il parle toujours de la Russie, jamais de l'URSS.


 

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Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Juil 2007, 13:13

Il est vrai qu'il existe plusieurs variétés d'anticommunisme, comme il existe de nombreuses variantes du communisme. L'anticommunisme de Joseph McCarthy était à la fois la résultante de ce que l'Amérique peut produire de pire et un outil démagogique. L'anticommunisme des catholiques était hostile à un mouvement bien plus dangereux que l'athéisme, puisque visant la destruction des religions. L'anticommunisme des combattants d'Indochine s'intégrait au cadre d'une décolonisation pas toujours bien comprise. L'anticommunisme d'un dissident soviétique se traduisait par une réclamation plus forte d'une libéralisation du régime.

L'anticommunisme de Hitler, quoique sincèrement virulent, ne présente guère de rapports avec ces formes d'hostilité. Selon lui, le communisme est une invention juive, une émanation de la vermine, le summum de l'escroquerie criminelle. Je cite une fois de plus Mein Kampf, dont les extraits parlent d'eux-mêmes (p. 660-662) :

Le danger auquel la Russie a succombé menacera toujours l'Allemagne. Seul, un bourgeois naïf peut s'imaginer que le bolchévisme est conjuré. Dans son esprit superficiel, il ne soupçonne nullement qu'il s'agit ici d'une manifestation instinctive : l'aspiration du peuple juif à la domination universelle, tendance aussi naturelle que celle qui pousse l'Anglo-Saxon à s'assurer le pouvoir sur cette terre. Et le Juif agit tout comme l'Anglo-Saxon, qui avance dans cette voie à sa manière et mène la lutte avec les armes qui lui sont propres. Le Juif aussi suit sa voie, cette voie qui le conduit à se glisser dans les peuples et à les vider de leur substance ; et il combat avec ses armes, qui sont le mensonge et la calomnie, l'empoisonnement et la décomposition, accentuant la lutte jusqu'à l'extermination sanglante de l'adversaire détesté.

Nous devons voir dans le bolchévisme russe la tentative des Juifs au vingtième siècle, pour conquérir la domination mondiale ; à d'autres époques, ils ont pareillement essayé d'atteindre le même but avec des moyens, autres que les moyens actuels, qui leur étaient cependant intérieurement apparentés. Cette tendance est trop profondément ancrée dans tout leur être. Les autres peuples ne renoncent pas d'eux-mêmes à suivre l'instinct qui les fait développer leur genre et leur puissance : ils y sont forcés par des circonstances extérieures ou bien cela constitue chez eux un signe de sénilité ; le Juif non plus n'interrompt pas sa marche vers la dictature mondiale par un renoncement volontaire ou bien en refoulant en lui-même son éternelle aspiration. Lui aussi ne saurait être forcé à rebrousser chemin que par des forces extérieures à lui-même, car son instinct de domination mondiale ne s'éteindra qu'avec lui. Mais l'impuissance des peuples, leur mort de vieillesse ne surviennent que lorsqu'ils ont renoncé à la pureté de leur sang. Et le Juif sait le préserver mieux que tout autre peuple au monde. Il poursuivra donc toujours son chemin fatal, jusqu'à ce que s'oppose à lui une autre force qui, en une lutte titanesque, renvoie à Lucifer celui qui monte à l'assaut du ciel.

L'Allemagne est aujourd'hui le prochain objectif important du bolchévisme. Il faut toute la force d'une grande idée, toute la conscience d'une mission à remplir, pour arracher encore une fois notre peuple à l'étreinte de cette hydre, pour arrêter les progrès de la contamination de notre sang, pour que les forces libérées de la nation puissent entrer en jeu pour assurer la sécurité de notre peuple et rendre impossible, jusque dans le plus lointain avenir, le retour des récentes catastrophes. Mais si on poursuit ce but, c'est folie que de s'allier avec une puissance soumise à l'ennemi mortel de notre race. Comment veut-on libérer le peuple allemand de cette étreinte empoisonnée, si on s'y engage aussi ? Comment expliquer à l'ouvrier allemand que le bolchévisme est un crime damnable contre l'humanité, quand on s'allie soi-même avec les organisations de cette engeance infernale, et, somme toute, qu'on les reconnaît ? De quel droit condamner alors dans la masse un individu pour ses sympathies à l'égard de certaines conceptions, quand les propres chefs de l'Etat prennent comme alliés les champions de ces mêmes idées.

La lutte contre la bolchévisation mondiale juive exige une attitude nette vis-à-vis de la Russie soviétique. On ne peut pas chasser le diable par Belzébuth.


Hitler voit le Juif comme un bacille, un virus - langage qui exclut, d'emblée, l'idée qu'il se soit contenté de vouloir expulser les Juifs de la sphère d'influence allemande, puisqu'en toute logique un virus ne s'expulse pas, il se détruit. Le communisme, en ce sens, n'est qu'un vecteur de contamination, le nouveau visage séduisant du Juif par lequel ce dernier va infiltrer et déstabiliser les Aryens, outre d'être la nouvelle forme de barbarie et d'esclavage qui affectera les dégénérés slaves.

En d'autres termes, l'anticommunisme du Führer n'est qu'une résultante de son antisémitisme forcené. C'est pourquoi il usera souvent du qualificatif "judéo-bolchevisme" pour désigner l'URSS et le Komintern.

Dans le même temps, il n'ignore certes pas que cet anticommunisme là diffère profondément de celui des conservateurs - allemands, britanniques, français, américains, italiens, espagnols, balkaniques, japonais -, un tantinet plus classique et diversifié, ce au nom de la démocratie pour les uns, de la liberté d'entreprendre et du droit de propriété inviolable et sacré pour les autres, de l'indépendance nationale pour certains, ou de la sécurité de l'Etat pour les derniers. Hitler saura jouer des ambiguités de sa rhétorique pour tenter d'amadouer ces différents courants, et donner à son déchaînement de violence contre l'U.R.S.S. l'image d'une "croisade", langage qui s'imposera surtout à l'ère des revers. Une fois qu'il réalise la partie définitivement jouée à l'Est, c'est à dire à Stalingrad, il fera son possible pour entraîner les Alliés occidentaux à le soutenir contre Moscou.

Jamais Hitler n'aurait pu admettre l'idée d'une paix avec Staline, comme en témoigne une fois de plus Mein Kampf :

Il ne faut jamais oublier que les gouvernants de la Russie actuelle ne sont que de vulgaires criminels tout souillés de sang ; il s'agit là d'une lie de l'humanité, qui, à la faveur d'une heure tragique, assaillit un grand Etat, abattit et extermina par millions, avec une sauvagerie sanguinaire, les intellectuels de ses classes dirigeantes et qui exerce depuis bientôt dix ans la plus cruelle tyrannie de tous les temps. Il ne faut pas oublier non plus que ces gouvernants appartiennent à un peuple qui unit, à un rare degré, une cruauté bestiale avec un art incroyable du mensonge et qui, maintenant plus que jamais, se croit prédestiné pour imposer son oppression sanglante au monde entier. Il ne faut pas oublier que le Juif international, qui exerce actuellement une domination absolue sur la Russie, voit dans l'Allemagne non pas un allié, mais un Etat voué au même sort. On ne traite pas avec un partenaire dont le seul intérêt est la destruction de l'autre partie. On ne traite surtout pas avec des individus pour qui aucun accord ne serait sacré, car, dans ce monde, ils sont non pas les représentants de l'honneur et de la vérité, mais bien ceux du mensonge, de la duperie, du vol, du brigandage, du pillage. L'homme qui croit pouvoir se lier par traités à des parasites ressemble à l'arbre qui essaierait de conclure à son profit un compromis avec le gui.


Certes, il respectait assez Staline, comme en témoigne certaines déclarations, mais pas assez pour envisager de pactiser avec lui, sauf dans le contexte particulier de 1939, au cours duquel il doit protéger ses arrières pour liquider la Pologne et les Alliés occidentaux. Ce n'est pas un hasard si toutes les initiatives de paix de Staline ont été repoussées après le 22 juin 1941.
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Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Nicolas Bernard  Nouveau message 23 Juil 2007, 14:23

Daniel Laurent a écrit:Bonjour,
Merci pour le texte integral, je n'en avais que des extraits.

L'Amiral Raeder n'est pas dans la liste des participants, au debut du document.
C'est une typo ?


Ouaip, coquille. Quant à l'analyse, elle date de... 2000. Epoque où j'étais encore plutôt fonctionnaliste, d'ailleurs. Intéressant de voir l'évolution, puisque je suis devenu un peu plus affirmatif depuis.
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Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 23 Juil 2007, 15:19

Nicolas Bernard a écrit:Ouaip, coquille

Ne jamais utiliser le mot "coquille" ici !
St Ex va debarquer et le citer en enlevant le "q"!

Bon, je sors en vitesse, il est tard chez moi, mais espere avoir le temps de revenir demain, j'ai quelques bricoles a dire, sans pour autant avoir a sauter a la gorge de Nicolas, ce qui va faire plaisir a nos heroiques modos.
:D


 

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