Datée du 16 septembre, publiée par Ernst Deuerlein https://www.ifz-muenchen.de/heftarchiv/ ... i75CrW-YiY en 1959, plus largement diffusée par Werner Maser en 1973 https://www.amazon.fr/Hitlers-Briefe-No ... 3702009507 , la lettre de Hitler est connue, voire par moments analysée (version anglaise : https://www.jewishvirtuallibrary.org/ad ... ic-writing ). Condamnant les pogroms qui alors battent leur plein dans le cadre de la guerre civile russe, le scribe ne leur reproche pas d’envoyer des Juifs dans l’autre monde, mais de le faire d’une manière passionnelle et non rationnelle. On comprend que les historiens fonctionnalistes, pour qui la Shoah découle d’un concours de circonstances guerrières vers la fin de 1941, aient tendance à négliger ce texte.
On comprend un peu moins que la lettre d’accompagnement de Mayr, datée du lendemain, également publiée par Deuerlein en 1959 dans les Vierjahrtelshefte, soit commentée ci-dessous, sauf erreur, pour la première fois, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Après tout, la recherche scientifique en général et historique en particulier, n’est-elle pas une suite sans fin de moteurs calés et péniblement redémarrés à la manivelle (que les générations qui n’ont pas connu cette technique me pardonnent... et s’instruisent) ?
Voici donc une traduction de cette missive :
Très honoré Monsieur Gemlich,
Un grand merci pour votre lettre ! Comme j'étais très occupé, j'ai chargé Herr Hitler (qui avait également participé aux cours) de la réponse ci-jointe. Je ne peux qu'approuver entièrement ces explications très claires -avec une exception, concernant le problème de l'intérêt, soulevé également par Hitler. L'intérêt n'est pas une invention des "Manichéens" ou Juifs, mais une disposition fondée sur le principe de la propriété et d'un sain désir de gain, dont il s'agit simplement d'éliminer tout excès avec une détermination sans faille. Ce qui met les Juifs en rapport avec la question de l'intérêt, c'est que naturellement cette race est celle qui a discerné le plus vite les potentialités nuisibles et lucratives du problème de l'intérêt, et a compris comment exploiter de la manière la plus déterminée et contrecarrer de la manière la plus rusée toutes les généreuses limitations prévues par la loi. La meilleure vision du problème de l'intérêt est donnée par les considérations de Monsieur Feder, que j'ai en conséquence soutenues en dépit de l'opposition de cercles très influents; cependant Monsieur Feder aussi finit par jeter le bébé avec l'eau du bain. Il en va du problème de l'intérêt comme, par exemple, de celui de l'autocratie (pouvoir personnel, despotisme, tsarisme). On doit empêcher les excès, emprunter la voie moyenne dorée "constitutionnelle", mais on n'a pas à fourrer tout dans le même sac (démocratie socialiste).
Mes considérations ne se rattachent pas à mon service, comme vous pensez. Je suis tout à fait d'accord avec Monsieur Hitler que ce qu'on appelle social-démocratie de gouvernement est entièrement contrôlé par la Juiverie. Mais avant de parler d'"égalité des droits" entre les peuples, il faut que soit d'abord assurés l'autonomie ou le droit de se déterminer lui-même de chaque peuple en particulier. Ce droit est ancré dans la race. Tous les éléments nuisibles doivent, comme des vecteurs de maladie, être expulsés ou "encapsulés". Il doit en aller ainsi des Juifs !
Meilleur salut !Mayr
A titre de premier commentaire, je remarque que Mayr prend ses distances avec Hitler de façon apparemment mesurée, sur la seule question du prêt à intérêt, mais qu’en fait il se situe, lui, sur un terrain rationnel (Hitler prétend certes le faire aussi, mais sa prose est imprégnée de mysticisme). Sa logique est celle d’une séparation des peuples en fonction de la race. Le fait même qu’il assimile les Juifs à des microbes est tributaire d’une telle vision : séparons (par l’expulsion ou l’”encapsulation”), et tout sera en ordre. Les Juifs n’ont pas inventé le prêt à intérêt, cette chose bonne et saine, simplement leur position d’étrangers infiltrés, et malins, leur a permis de contourner les lois en imposant des taux usuraires. Pour Hitler en revanche ils l’ont inventé et c’est la preuve qu’ils sont foncièrement mauvais, qu’ils empoisonnent tout ce qu’ils touchent.
La comparaison microbienne elle-même est un marqueur de différence : pour Mayr il s’agit d’une métaphore, destinée à présenter sa pensée de façon imagée. Pour le psychotique Hitler, incapable comme tel de métaphoriser, il s’agit vraiment de bacilles, à détruire et certainement pas à encapsuler ! Sinon provisoirement, par tactique (en en faisant des citoyens de seconde zone, en les parquant dans des immeubles ou des quartiers réservés, en imposant des restrictions de circulation et des signes distinctifs, etc.).