Forum Le Monde en Guerre

Après les divers attentats auxquels échappe Mussolini, dont le plus obscur demeure celui de Bologne où le petit Zamboni est immédiatement tué par les membres de la Milice, le Duce décide de créer un Tribunal Spécial compétant sur les affaires concernant la sécurité de l'Etat et la vie de Mussolini, du roi et des membres du gouvernement.
L'autre raison de créer une structure spéciale était le problème de la clandestinité du Parti Communiste Italien qui après les revers de 1927, arrestations des comités, celui ci s'était constitué en petites cellules clandestines, les communistes voyageant sous fausse identité, difficilement repérables et difficiles à infiltrer.
Arturo Bocchini est nommé à la tête de la direction de la PS (Pubblica Sicurezza) en 1927 pour veiller à la sécurité de Mussolini, évincer les attentas et se renseigner sur les activités des antifascistes. Il n'est pas inscrit au PNF (Parti National Fasciste) et c'est parce que justement il n'est pas rattaché au parti que Mussolini le choisit. Grâce à lui, Mussolini sait tout ce qui se passe chez les antifascistes mais aussi chez les fascistes, il a mis Mussolini sur écoutes et sait tout des relations amoureuses avec Clara Petacci. Le chef du PNF, Augusto Turati le fait surveiller en lui adjoignant un contrôleur général que Bocchini parvient à évincer.
Il a carte blanche de la part de Mussolini, pas de limitation territoriale, moyens disponibles rapidement, possibilité de fonds sans limite et il ne rend compte qu'à Mussolini qui possède le portefeuille de ministre de l'Intérieur.
l'inspectorat spécial de l'OVRA (nom donné à partir de 1930,Organizzazione Vigilenza Repressione Antifascismo, ) est donc créé en 1927 dépendant d' Arturo Bocchini).
Les membres appartiennent à la police d'état réorganisée par Bocchini pour la rendre plus efficace et opèrent dans la clandestinité. Mais des failles existent comme la perte de la trace de l'anarchiste Michele Schirru, venu des USA pour commettre un attentat contre Mussolini, seul un concours de circonstances permettra sa capture.
L'autre échec est l'attentat de la piazza Giulio Cesare à Milan le 12 avril 1928, quant 15 minutes avant le passage du cortège royal causa la mort de 14 personnes et 30 blessés dans la foule. Les responsables ne furent jamais trouvés.
Après avoir mis au pas le PCI, l'autre mouvement très actif est Giustizia e Liberta des frères Rosselli. Grâce au réseau d'indicateurs et d'espions, une des membres de GL est retourné, il s'appelle Carlo del Re qui donne le nom de ses camarades, permettant le démantèlement de GL (les Rosselli étaient déjà en confinement à Lipari) et l'échec d'un attenta aux explosifs.
Après la mort de Bocchini en 1940, c'est Carmine Senise qui est mis à la tête de la PS et jouera un rôle éminent lors de la conjuration du 25 juillet 1943.

Grand merci pour cette contribution Alex.
Amicalement et bonne soirée
Prosper

Merci Prosper, on m'avait posé une question cet été sur l'OVRA et comme j'ai la bio de Bocchini, Senise et un ouvrage sur les services secrets italiens, au fil de la lecture je construit le fil.
Bonne soirée.

Merci, je me demande si ce n'est pas moi qui t'est posé la question'
D'ailleurs tu m'avait donné le titre d'un livre.

Je viens de relire le texte il est un peu abscons, je prenais des notes en lisant.

Bonjour Alex,
Je me permets un petit complément:
L'OVRA, qui constitue les services secrets de la police politique italienne, dépend du ministère italien de l'Intérieur parce que sa première mission a été en Italie la lutte contre les communistes et autres opposants au régime fasciste. En temps de guerre, elle a été également un organisme de contre-espionnage. L'OVRA recrutait notamment au sein de la milice volontaire pour la sécurité nationale, la MVSN (Milizia Volontaria per la Sicurezza Nazionale), aux méthodes parfaitement expéditives.

En Corse, elle s'est particulièrement attachée à traquer les Hommes des réseaux de renseignement, notamment Pearl Harbour et R2 Corse. Elle s'installe à Ajaccio au début de janvier 1943 en même temps que le général Magli, commandant le VIIe Corps d'armée et le général des Carabiniers. Ses services sont à la Citadelle d'Ajaccio, et, à Bastia, au chalet Bellevue. Elle utilise aussi pour ses interrogatoires les locaux de la caserne Marbeuf à Bastia.
Ses procédés ne relèvent que de l'arbitraire. Elle utilise la torture. Elle ordonne et pratique des arrestations avec le concours des carabiniers royaux et sans en informer l'autorité préfectorale. Elle semble avoir toujours agi sous couvert des services du général Carboni.
Les effectifs de l'OVRA ne sont pas attestés mais ils ont dû être limités compte tenu de la coopération automatique des carabiniers. Le chef est connu sous le pseudo de "Dottore" ou "commendatore Mamelli". Les indicateurs étaient surtout des Italiens. Les interrogatoires sont pratiqués sans scrupule, et sans droit.

D'après Hélène Chaubin, "Organisation de vigilance et de répression de l'antifascisme en Corse en 1943" in CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007
http://museedelaresistanceenligne.org/m ... -italienne

Une chose m'interpelle : Elle semble avoir toujours agis sous couvert des services du général Carboni
Or Carboni était responsable du SIM les services secrets militaires donc du ministère de la défense comme les carabiniers. L ' OVRA dependait de l'intérieur et à Carmine Senise. Les agents étaient des policiers. Quant aux indicateurs, ils étaient rétribués largement, on trouvait de tout, des concierges tout comme des antifascistes retournés ou sous chantage.
Pour compléter le post je dois lire encore les trois-quarts du livre ainsi que la biographie de Senise.

C'est un CD-rom réservé aux services publics de documentation ou au public?
Cela à l'air intéressant.

L'OVRA et la franc-maçonnerie
Bien que la franc-maçonnerie a aidé Mussolini à la conquête du pouvoir (les quatre quadrumvirs de la marche sur Rome, Balbo, de Bono, de Vecchi et Bianchi étaient tous FM comme d'autres hiérarques, Dino Grandi ou Farinacci...), à la suite des lois dites fascistissimes de 1925, avec la réduction des libertés individuelles, puis l'interdiction des partis politiques autres que le PNF et des syndicats, la FM a commencé à prendre ses distances avec le fascisme.
Après une décision de Grand Conseil Fasciste en 1923 concernant l'incompatibilité d'appartenir au PNF et à une organisation secrète, et aussi en raison du rapprochement entre le régime avec la Vatican, hostile à la FM, elle est déclarée hors la loi, notamment après la tentative d'assassinat de Mussolini par le député socialiste et FM Zaniboni .
Les chemises noires s'en prirent violemment aux loges, notamment en Toscane où il y eut une "nuit de la Saint-Barthélémy de la maçonnerie", que j'avais évoqué ici viewtopic.php?f=42&t=45014&hilit=+ma%C3%A7onnerie
Comme beaucoup de FM italiens avaient émigrés en France et retrouvé la FM à Paris, notamment au GOF, rue Cadet, préparant une intense propagande contre le régime par la presse et l'envoi de circulaires en Italie. Il va s'en dire que le courrier était contrôlé, notamment celui en provenance de pays étrangers, un contrôle accru des correspondances fut effectué dans les provinces du sud de l'Italie où arrivaient les lettres. Toutes les personnes furent étroitement surveillées d'autant que parmi elles figuraient un grand nombre d 'individus assumant des fonctions dans le parti.

thucydide a écrit:C'est un CD-rom réservé aux services publics de documentation ou au public?
Cela à l'air intéressant.

Bonsoir Jean Marc,
A vrai dire je n'en sais rien.
Il serait sans doute utile de contacter le service adéquat pour en savoir plus:
http://museedelaresistanceenligne.org/m ... ontact.php
Bien amicalement et bonne fin de soirée
Prosper