Merci Eric pour ce recadrage qui fait le point, en synthèse, sur le contexte de l'époque.
Eric Denis a écrit:A mon sens, le message envoyé par l'ensemble de ces mesures était particulièrement destiné à l'Allemagne. Il signifiait qu'envahir la Belgique ne serait pas aussi facile qu'en 1914 et que la Belgique était prête à résister avec toute la puissance dont elle disposait.
Maintenant, sa position de neutralité eut aussi des conséquences néfastes sur cette résistance car il va de soit qu'une entente de détail avec la France aurait permis une défense beaucoup plus efficace qu'elle ne le fut. Surtout que des réunions secrètes d'état-majors entre Français et Belges auraient pu être organisées à l'image de celles qui le furent entre les Français et les Suisses, eux aussi officiellement neutres.
Il y avait des tenants d'une collaboration directe avec la France. A mon sens, la sagesse même. Mais il y avait aussi la crainte d'offrir un cassus belli à l'Allemagne. L'attitude de la France elle-même (et probablement du Royaume-Uni) mais d'autres considérations de politique intérieure aussi vont faire pencher la balance du côté des tenants de la neutralité. De tradition pour un pays "tampon" entre les 2 grandes puissances continentales que sont la France et la Prusse au moment de l'indépendance. Durant les années '30, le royaume opte résolument pour une neutralité armée pour les raisons que tu as rappellées d'indépendance mais aussi de loyauté aux alliés de la Première Guerre mondiale.
Eric Denis a écrit:Autre point sur lequel il est utile de revenir : l'attitude de certaines unités flamandes montrant bien peu de volonté combatives face aux Allemands. Il ne faut bien évidemment pas généraliser et ce ne fut pas le cas de toutes, loin s'en faut, mais ce fut néanmoins une bien mauvaise surprise pour le commandement belge. Certains secteurs tombèrent ainsi entre les mains allemandes bien plus vite que l'on pouvait le prévoir. Je sais que ce point est toujours sensible de nos jours et c'est bien compréhensible.
Je connais mal la mesure du phénomène, j'ajouterai un exemple : le bourgmestre de Gand réclamant la rédition de sa ville (noeud d'un dispositif fortifié) pour en éviter la ruine due aux combats. Le phénomène flamingant (autonomistes flamands) mériterait bien ce fil mais le sujet est complexe et "toujours sensible" comme tu le fais justement remarquer.
Eric Denis a écrit:Ceci étant, je reste persuadé que la Belgique a fait de son mieux à l'époque compte tenu des conditions qui étaient les siennes. Il est toujours possible de prétendre qu'elle aurait pu mieux faire et c'est probablement le cas. Mais ce fut également le cas de nombreuses autres nations, à commencer par la France. Aussi, je ne jetterai pas la pierre à nos amis belges, ce qui ne m’empêche pas d'essayer d'avoir une analyse la plus lucide possible quant à son attitude avec les moyens dont je dispose pour l'argumenter.
Elle aurait effectivement pu mieux faire. Il est impossible d'en disconvenir. Les actions entreprises ont été, comme trop souvent, ailleurs et en tous temps, le résultats de marchandages politiques, de changement d'influences au gré des élections en des temps difficiles où il faut faire des choix. Comme la France, la Belgique s'était préparée à une répétition de la Grande guerre... ...et fut prise à contre-pied, comme la France.