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La femme au temps du National-Socialisme

Nouveau messagePosté: 19 Sep 2018, 20:13
de Prosper Vandenbroucke
Bonsoir à toutes et à tous,

Avant la prise du pouvoir par les nazis, l’Allemagne comptait parmi les plus avancés en matière d’émancipation de la femme. Il y avait alors 100.000 femmes professeurs, 3.000 médecins et 13.000 musiciennes. Les femmes représentaient 10% des élus locaux et sur un total de 98.000 étudiants, environ 19.000 étaient de sexe féminin.
Avec les nazis au pouvoir, le rôle de la femme est passé comme simple reproductrice. En effet, l’état avait besoin d’une forte natalité d’une part pour procurer au Reich une armée à la hauteur de ses ambitions. D’autre part, il fallait assurer la continuité économique. Enfin, la population aryenne devait être suffisamment nombreuse pour, dès la victoire totale, peupler les nouveaux territoires de colons et asseoir ainsi la supériorité de la race. Le national socialisme a aussi peu à peu écarté la femme de toute préoccupation intellectuelle et a opéré une véritable scission entre les deux sexes.
Sous le II° Reich, la société était régie par des principes très traditionalistes, où la femme avait une fonction essentiellement domestique.
La première guerre mondiale avait encore accentué la ségrégation entre les sexes : les hommes faisaient la guerre, les femmes tenaient les foyers. Cette guerre ainsi que de l’aventure des ‘’Freikorps’’ favorisa des sentiments de camaraderie exclusivement masculine.
Par ailleurs, beaucoup de nazis de la première heure étaient des célibataires déracinés par la guerre et la crise économique, qui détestait l’ordre bourgeois et les liens familiaux.
L’une des premières ordonnances du parti en janvier 1921, fût l’exclusion des femmes de toutes les fonctions dirigeantes de l’organisation.
Les nazis mirent l’accent sur le rôle ‘’biologique’’ de la femme. Elles devaient préserver l’espèce et la pureté de la race, être les garantes des vertus domestiques et du foyer.
Pour Hitler, l’émancipation de la femme était une perversité. Son ministre de l‘agriculture allant jusqu’à déclarer que les revendications féminines étaient dues à un dérèglement hormonal !

L’idéologie nazie définissait la place de la femme par les ‘’3K’’ : Kinder, Kirche und Küche (les enfants, l’église et la cuisine)
Les brochures nazis de l’époque prônaient ce slogan :

‘’La plupart des femmes allemandes désiraient rester des mères et des épouses et non devenir des camarades comme les philanthropes rouges tentent de s’en convaincre et de les en convaincre. Elles ne souhaitent ni travailler en usine ou dans un bureau, ni siéger au Parlement.
Une maison confortable, un mari que l’on aime et une multitude d’enfants heureux, voilà leurs souhaits les plus chers.’’
La politique familiale nazi visait à accroître rapidement la population de l’Allemagne, pour atteindre cet objectif, il fallait que les femmes s’identifient totalement à leur mission.
Goebbels étayait son action d’exemples pris dans la nature : ‘’Dans l’ordre des oiseaux, la femelle se fait belle pour son compagnon et couve ses œufs.’’
Wilhelm Frick ministre de l’intérieur envisageait de classer les femmes selon leur nombre d’enfants, tandis que Hitler proclamait : ‘’A chaque fois qu’une femme met un enfant au monde, c’est une victoire qu’elle remporte car de ses enfants dépendra la vie ou la mort de la Nation !’’

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Le national-socialisme magnifiait la vie paysanne et la nature, exaltant par la même force physique et honnête labeur des hommes. Cette attitude eut très rapidement un impact non négligeable sur le regard que les hommes portaient sur les femmes.
Rouge à lèvres, vernis à ongles, talons hauts et cigarettes n’étaient plus de mise.
Vers la fin des années 30, cette attitude se transforma fréquemment en puritanisme. Mettre de la poudre et du rouge à lèvre, c’était bien souvent s’exposer à être traitée de ‘’put….’’ ou de ‘’traîtresse’’ » dans les transports publics.
Etres sveltes n’étaient plus à la mode, la femme devait être athlétique, avec de large hanches et une solide carrure, dispositions naturelles pour des nombreuses progénitures.


Le IIIème Reich était confronté à une grave dénatalité à cause d’abord par l’hécatombe de la Première Guerre mondiale, la terrible crise économique et morale subie dans les années 1920, quand la misère et le chômage empêchait tout projet d’avenir ensuite.
Dès 1933, les nazis prirent des mesures pour mettre un terme à la libération de la femme, à l’avortement et à l’homosexualité, ceci ayant pour but de relancer l’activité économique et sociale.
Très rapidement, le taux de natalité se redressa, la fécondité augmenta et le nombre de mariage doubla.
Le baby boom qui s’ensuivit illustra la confiance de la population dans ses dirigeants.
En 1939, on compta près d’un million et demi de naissance en Allemagne.
Les mesures étaient nombreuses et fortes incitatives :
- Les pères de famille bénéficiaient en priorité des emplois vacants.
- Le gouvernement offrait des allocations aux couples qui élevaient eux-mêmes leurs enfants et aux parents de familles pauvres et nombreuses.
- Tous les jeunes mariés bénéficiaient d’un prêt de 1000 marks, et un quart de leur dette était déduit à la naissance de chacun de leurs 4 enfants.
Entre 1933 et 1938, sur 1.000.000 de prêts consentis, 980.000 ménages avaient été acquittés de leur dette, leur 4ème enfant étant né.
La propagande exerçait des pressions sur les femmes pour qu’elles aient davantage d’enfants, d’ailleurs, seules les familles de plus de quatre enfants avaient le doit au terme de ‘’famille’’.
Tous les ans le 12 août – date d’anniversaire de la naissance de la mère d’Hitler – on célébrait le culte de la maternité.
La croix d’honneur de la ‘’Mère Allemande’’ était remise au plus méritantes : En bronze pour les mères de plus de 4 enfants, en argent pour les mères de plus de six enfants et en or pour celles qui en a huit.

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Croix d'Honneur en or


Elles furent plus de 3.000.000 à être récompensée à la veille de la guerre.
La femme se voyait ainsi assujettie à sa fonction de reproduction.
En 1944, l’Allemagne compte 15.000.000 de femmes au travail.
Les ferments de la famille ‘’idéale’’ étaient menacés de diverses façons.
Les jeunes étaient éloignés de chez eux pendants de longues périodes pour effectuer leur service militaire, les travaux aux champs, les camps des jeunesses Hitlériennes ou le ‘’service’’ obligatoire des jeunes filles.

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On avait donc par ailleurs recours à une nombreuse main-d’œuvre féminine dans les industries.
Enfin, l’accroissement des heures supplémentaires et la création d’emplois hospitaliers ne permettait plus au personnel de rentrer régulièrement chez lui.
Dans ce contexte de guerre totale, l’Allemagne qui en temps de paix avait relégué la femme au foyer, lui demandait maintenant un double effort :
Continuer d’assurer la croissance de la population mais aussi de substituer aux hommes dans les usines. Il leur fut impossible de tout concilier.

Sources:
Image de guerre - Marshall Cavendish
La grande Histoire de la seconde guerre mondiale - P.Montagnon - France Loisirs
L'Encyclopédie de l'histoire - Larousse

Re: La femme au temps du National-Socialisme

Nouveau messagePosté: 19 Sep 2018, 21:36
de pierma
Le baby-boom des années nazies est à l'origine de ces milliers de gosses qui apparaissent sur toutes les photos de la libération et de la période d'après-guerre. Ces enfants compteront beaucoup, devenus adultes, dans le "miracle économique" de l'après-guerre en RFA, qui pourra compter sur une main d'oeuvre jeune nombreuse et disponible.

Ainsi la politique nataliste forcenée de Hitler a permis de combler les vides qu'il a creusés dans la population masculine, et, en définitive, servi la démocratie. Un paradoxe amusant...

Re: La femme au temps du National-Socialisme

Nouveau messagePosté: 19 Sep 2018, 23:04
de Alfred
Goebbels étayait son action d’exemples pris dans la nature : ‘’Dans l’ordre des oiseaux, la femelle se fait belle pour son compagnon et couve ses œufs.’’ Il aurait du vérifier son manuel de Zoologie :C'est exactement le contraire.C'est le mâle qui doit séduire la femelle par ses couleurs .Cette dernière est terne,facilement camouflable pour aider à la survie des petits

Re: La femme au temps du National-Socialisme

Nouveau messagePosté: 19 Sep 2018, 23:07
de Prosper Vandenbroucke
Sans doute mais pour Joseph c'est, avant toute chose, la propagande qui primait!!!!!!

Re: La femme au temps du National-Socialisme

Nouveau messagePosté: 20 Sep 2018, 07:11
de JARDIN DAVID
La démographie allemande a bien changé ... les résultats ne sont pas meilleurs.
Là aussi, c'est une question d'équilibre.
JD

Re: La femme au temps du National-Socialisme

Nouveau messagePosté: 20 Sep 2018, 19:44
de pierma
JARDIN DAVID a écrit:La démographie allemande a bien changé ... les résultats ne sont pas meilleurs.
Là aussi, c'est une question d'équilibre.
JD

La démographie allemande descend en droite ligne de la politique nazie, qui d'ailleurs faisait plutôt bon ménage, à l'époque, avec la culture de la société allemande, sur la question du travail des femmes.

le triptyque Kinder, Kirche, Küche est resté une constante de la culture allemande. Malgré l'évolution des moeurs, qui a conduit une partie des femmes à s'émanciper et à travailler, rien n'est fait, de nos jours encore, par les pouvoirs publics pour leur faciliter la tâche : pas d'allocations familiales, pas de frais de garde, pas assez de crèches et d'encadrement des élèves en dehors des horaires scolaires, etc... (en gros l'exact contraire de la politique nataliste française.)

Le résultat est un taux de natalité de l'ordre de 1,4 il me semble, en tous cas très insuffisant pour renouveler les générations.

Deux causes majeures : pour l'essentiel, le faible nombre d'enfants par couple. (Forcément, madame étant - encore et toujours - supposée rester à la maison, ça cause tellement de pb pratiques, et en prime ça coûte une blinde...) Plus anecdotique, mais très significatif : l'Allemagne détient le record mondial de femmes célibataires qui travaillent et font leur vie sans enfants. (un choix très marginal en France.)

Si on veut chipoter, il faut y ajouter que les immigrés, turcs ou pays de l'est, ne peuvent quasiment pas acquérir la nationalité allemande - droit du sang oblige - alors que certaines familles vivent en Allemagne depuis 4 générations. (Droit du sang oblige.) Or ces familles turques ont sensiblement plus d'enfants que les Allemands, et remonteraient un peu les statistiques. (ils sont en proportion aussi nombreux que les descendants d'immigrés en France.)

C'est ce droit du sang qui a conduit à la migration d'un bon million de Russes vers l'Allemagne dans les années 90 : il s'agissait des Allemands de la Volga, dûment dénombrés et encartés par le régime communiste - et déportés quelques années en Sibérie par Staline pendant la guerre - ce qui leur donnait droit d'office à la nationalité allemande. Ne parlant pas un mot d'allemand et pas habitués à chercher du travail par eux-mêmes, ils ont eu les plus grandes difficultés à s'intégrer, malgré les efforts importants mis en place par l'administration.

L'existence de ces infrastructures d'accueil (logements, écoles spécialisées...) qui n'existent pas en France, a pesé dans la décision de Merkel d'accueillir d'un coup 1 million de réfugiés syriens : l'Allemagne était "outillée" pour cela.

Re: La femme au temps du National-Socialisme

Nouveau messagePosté: 20 Sep 2018, 20:19
de pierma
J'ajouterais volontiers - en riant sous cape - qu'il est permis d'avoir une opinion sur ce paradoxe du mauvais accueil des nouveaux nés (quand maman travaille) en même temps que le bon accueil des réfugiés.

Mais il faut y voir le poids de l'histoire : tout d'abord la culture d'un peuple ne se change pas par décret, concernant le rôle des femmes, et pour le reste l'histoire allemande à compter de fin 44 - et jusqu'aux expulsions qui ont suivi la guerre - fait que les Allemands savent, d'expérience vécue, ce que signifie être réfugié, et sont donc très sensible à cette thématique.