LA SQUADRA D'AZIONE 'DISPERATA'
DE LA PRISE DE FLORENCE A LA MARCHE SUR ROME
Alexandre SANGUEDOLCE
DE LA PRISE DE FLORENCE A LA MARCHE SUR ROME
Alexandre SANGUEDOLCE
Pour commémorer et assurer la continuité de la Florence antique,
rien ne vaut un bon fasciste de la 'Disperata'...
que les habituels académiciens, conférenciers bavards de Dante et Giotto...
Les magnifiques 'squadre' du faisceau de Florence apparaissent
comme les antiques formations populaires du parti guelfe,
le même esprit, la même rapidité de combat, les mêmes violences...
Curzio Malaparte, Figures et aspects du fascisme florentin. La Nazione. 18 mai 1923
Les associations de combattants, l'antichambre du fascisme.
L'euphorie de la victoire de Vittorio Veneto suivi de l'armistice signé à Villa Giusti avec l'Autriche-Hongrie le 4 novembre 1918 est de courte durée. Le bilan humain pour l'Italie est très lourd : 651 000 morts, un million de blessés et 300 000 civils victimes de la grippe espagnole. Le soldat démobilisé ne trouve pas de travail, l'industrie de guerre tarde à se reconvertir à l'économie de marché, les usines sont en grève occupées par les militants socialistes qui veulent une répétition de la Révolution d'octobre en Italie. Beaucoup de combattants retournant dans l'Italietta libérale se sentent trahis, refusent la « victoire mutilée » que le poète et héros de guerre Gabriele d'Annunzio ne cesse de fustiger et dont Benito Mussolini, ex-socialiste révolutionnaire et interventionniste se fait leur porte-parole dans son journal « Il Popolo d'Italia » fondé le 15 novembre 1914 après son éviction de son poste de directeur de « l'Avanti ! », l'organe du Parti Socialiste Italien .
Ces anciens combattants se réunissent dans des associations comme l'Associazione Nazionale Arditi d'Italia (ANAI) regroupant les membres du corps des Arditi ou des fasci (faisceau) comme le fascio politico futurista. Ces Arditi sont l'élite de l'armée italienne et se considèrent comme la nouvelle aristocratie issue des tranchées (trinceocrazia).
Ces mouvements patriotiques, nationalistes et futuristes, passent avec armes et bagages dans les rangs des faisceaux de combats (fasci di combattimento), créés par Mussolini à Milan le 23 mars 1919.
Lorsque l'aventure fiumaine du poète-condottiere Gabriele d'Annunzio s'achève le 29 décembre 1920 au lendemain du « Noël sanglant », de nombreux légionnaires désœuvrés rejoignent à leur tour les rangs des faisceaux de combat. Ils apportent leur style 'légionnaire' avec la chemise et le fez noirs, poignard au ceinturon, fanions à tête de mort, cris de guerre... Regroupés dans des escouades de combat (squadre d'azione) ils partent à bord de camions Fiat 18 BL en chantant « Giovinezza » mener des expéditions punitives s'achevant par l'incendie de locaux socialistes, catharsis visant à châtier « les subversifs ».
Ces squadre d'azione sont les troupes de choc de Mussolini. La première démonstration de force à lieu à Milan le 15 avril 1919 : sur fond de grève générale, alors qu'une manifestation socialiste au cri de « il faut mettre le feu au Popolo et pendre Mussolini !» se dirige vers le Duomo, un cortège composé d'arditi, de nationalistes et de fascistes converge également au même endroit. Les forces de l'ordre s'interposent entre les deux groupes adverses afin d'éviter les affrontements, un groupe de squadristi conduit par Ferruccio Vecchi et Filippo Tommaso Marinelli, chantre des futuristes, met à sac le siège de l'Avanti ! Mussolini qui n'a pas commandité le saccage, approuve, il tient sa revanche contre ses anciens camarades socialistes qui l'ont rejeté.
La squadra de Trieste que dirige Francesco Giunta est la première à adopter la chemise noire le 13 juillet 1920 lors de l'incendie de l'hôtel Balkan, en représailles de l'assassinat par des Croates de deux marins italiens à Split.