Chef Chaudart a écrit:
Dans le domaine de l'armement terrestre, c'est à peine mieux. Le char le plus fabriqué, le Renault R35, est étudié sans doctrine (on reprend grosso modo le cahier des charges du FT), armé avec des canons de récupération, basé sur un train roulant d'automitrailleuse rapide, alors qu'il ne dépasse pas les 25km/h, pour gagner du temps et de l'argent, Le B1bis, à l'industrialisation extrêmement complexe, est fabriqué tardivement, alors que sa conception date de plus de 10 ans.
Je me dois d'intervenir ...
Le plan de modernisation des chars légers a débuté en 1922 dans les esprits et s'est concrétisé aux alentours de 1930 : il fallait un char pour remplacer le FT vieillissant , pour accompagner l'infanterie .
Le choix fut porté sur 3 modèles présentés en 1935/36 , pour conserver un potentiel industriel militaire dans trois sociétés différentes qui avaient été retenues : Renault , Hotchkiss et FCM . L'objectif etait d'avoir un char standardisé , répondant a une vitesse minimale donnée, un blindage frontal donné , et opérant avec un canon de 37mm court et une mitrailleuse coaxiale , avec puit de tourelle identique ( pour changer la tourelle facilement si besoin , par cannibalisation ) , et devant doter initialement uniquement l'infanterie . Les trois modèles retenus seront le R-35 , le H-35 et le FCM-36 .
Mais ce programme n’était en rien la priorité entre les années 20 et 30 , car la France voulait se doter d'un char de combat moyen , ce qui mena a construire les D1 ( puis D2) , B1 ( puis B1bis ) ( et S35 pour la cavalerie ) . L'option de réutiliser les canons de 37mm SA 18 n'est en rien une idée saugrenue puisqu'on allait démobiliser petit a petit le faramineux stock de chars FT . Par ailleurs, ce petit canon de 37 correspondait au besoin d'accompagnement d'infanterie de l'époque . Pour autant , il n'avait pas été oublié que l'infanterie avait parfois besoin d'un calibre plus "percutant" , et c'est la raison pour laquelle , qu'a été retenu l'option d'avoir un char moyen d'une trentaine de tonnes disposant d'un 75 en casemate : le B1 .
Mais B1 et B1 bis n’étaient que des chars de transition, car les mentalités et l'armement évoluant , on devait s'orienter vers un char avec 75 en tourelle .
Il ne faut pas oublier que l'armure ( le blindage ) des chars a évolué avec le développement des canons . Si un R-35 était satisfaisant en 1935 , il ne l’était plus en 1938/39 , raison pour laquelle deux nouvelles versions ont été crées , le R-40 ( doté d'un canon de 37 SA38 et surblindé) et le H-35 mod 39 ( doté du même armement ) , communément nommé H-39 . On commençait lentement a glisser vers le char multirole , qu'il aurait été bien aisé de doter d'un 47 plutôt qu'un 37 , mais l'idée était de conserver un char biplace , de faible tonnage et de faible encombrement , capable de se projeter face aux tirs d'artillerie antichar allemande ( du 37 incapable de le percer en frontal ) tout en offrant une protection a l'infanterie lors de sa progression .
En aucun cas ce type de char ne devait s'opposer aux chars ennemis .
Et c'est pourtant ce qu'a transigé Gamelin et ses pairs en dérivant les organisations voulues des DCR et DLM , en leur octroyant pour moitié du matériel Hotchkiss ( un peu plus fiable et plus rapide que les Renault ) , en lieu et place de divisions 100% B1bis ou 100% S35 . La , la raison est en effet économique ( capacité limitée de production ) tout autant que politique ( afficher le double de divisions ) , mais a détérioré largement l'efficacité du bulldozer que devait être la DCR ( imaginez l'impact de 130 B1s bis déboulant sur un secteur restreint du front ) , tout autant que la puissance et souplesse d'une DLM initialement pensée avec des Somua et des dragons portés sous blindage .
Bon bref, je sais que tu connais bien le sujet chef chaudart , mais il fallait quelques éléments complémentaires pour nos amis lecteurs .
Amicalement ,
Alain