Quelques ordres de grandeur pour fixer les idées :
14 millions de travailleurs forcés en Allemagne de 1939 à 1945 se répartissant comme suit :
. 8,4 Mo de travailleurs civils étrangers (
ausländischer Zivilarbeiter) parmi lesquels les STO ; leur statut n'est pas le plus à plaindre même si leurs conditions se dégradent certainement avec le temps et que le statut d'un
Westarbeiter n'a rien de celui d'un
Ostarbeiter. Quoi qu'il en soit, la finalité de cette grande majorité de travailleurs est "produire" et non "mourir" ;
. 4,6 Mo de prisonniers de guerre (
Kriegsgefangene) (*) ;
. 1,7 Mo de concentrationnaires (soit 20% de
KZ-Häftlinge) destinés à mourir par le travail, plus qu'à produire.
Plus de 3.000 camps de travailleurs rien que pour la région de Berlin.
(*) il semblerait que sur 3,35 Mo de prisonniers de guerre soviétiques, seuls 5% aient été en état de travailler.
2.500 firmes auraient usé du travail forcé. Autant dire toute l'industrie allemande... que l'on réduit souvent aux plus grandes IG Farben, Siemens, BMW, Thyssen, Daimler-Benz ou Krupp.
Mon commentaire général est que l'on ramène souvent le travail étranger dans l'industrie de guerre allemande aux déportés concentrationnaires du
Vernichtung durch Arbeit (extermination par le travail) ce qui est antinomique. On ne tue pas la main d'œuvre dont on a besoin. Les chiffres ci-dessus relativisent les choses. La grande majorité du travail (80%) est presté par des déportés amenés pour ça et des prisonniers que l'on occupe faute de bras. La recette n'est pas neuve comme je l'ai rappelé précédemment. C'est l'échelle qui a changé. La spécificité raciale propre au génocide mené par les Nazis me semble être, sans la minimiser, l'arbre qui cache la forêt. Mais un aspect plus "porteur" qui mêle génocide et grandes sociétés allemandes d'aujourd'hui. Est-ce bien objectif comme méthodologie historique ?
Source : http://www.cercleshoah.org/spip.php?article483 (certains liens proposés ne fonctionnent pas ou plus).