J'aime en apprendre toujours plus sur la stupidité d'un certain nombre de propos et de démarches antinazis, qui sont pour beaucoup dans le succès de ce fléau : un sujet encore hélas très neuf.
Cependant, je ne ramasse pas tout ce qui traîne et je pense que là aussi il faut avoir un oeil critique.
Le journal personnel de Shirer est un doc des plus fiables, publié du vivant des protagonistes. Il dit noir sur blanc que des "mercenaires du parti" (il précise dans son livre 20 ans plus tard qu'il s'agissait de journalistes aux ordres des nazis) ont parlé de Hitler en l'appelant à de nombreuses reprises "Teppichfresser" et que, ne comprenant pas, il s'est entendu chuchoter à l'oreille par "quelqu'un" :
Hitler a eu des crises nerveuses ces temps-ci accompagnées de symptômes étranges. Quand il entre dans une de ses colères violentes contre Benès et les Tchèques, il se roule par terre et mord le tapis, d'où le Teppichfresser. L'ayant vu ce matin, je le crois volontiers.
Dans son livre, il précise que l'informateur chuchotant était un directeur de journal secrètement antinazi.
Quant au spectacle donné par Hitler à Shirer, exposé juste avant, il vaut aussi son pesant de comédie :
Matinée très intéressante. Je prends mon petit déjeuner dans le jardin du Dreesen Hotel, où est descendu Hitler. Le "grand homme" apparaît soudain, passe à côté de moi et va jusqu'au bord du Rhin inspecter son yacht. X, grand éditeur allemand, plein de mépris intérieur pour le régime, me glisse à l'oreille : "regardez sa démarche !". n y regardant de près, c'est en effet une bien curieuse démarche, fort efféminée. Petits pas légers. Mais, de temps à autre, l'épaule droite se hausse nerveusement et la jambe gauche se rétracte. Je l'observe de près quand il revient de notre côté. Même tic nerveux. Il a de vilaines poches bistres sous les yeux. J'ai l'impression qu'il est à la merci d'une crise de dépression nerveuse. Et maintenant je comprends l'expression dont le servaient hier soir les mercenaires du parti.
Qui m'aime me suive, ou plutôt que tout passionné d'histoire veuille bien m'accompagner dans le décryptement.
Est-ce que
D'un idiotisme mal compris,un journaliste ignare a fait une légende injurieuse
à souhait ? Ou est-ce que ce journaliste, conscient de ses lacunes en argot allemand et ne faisant pas semblant de comprendre, s'est fait mettre les points sur les i par des gens du SD sous la direction du Führer en personne, qui a ponctué l'affaire d'un petit tour de piste pour confirmer l'impression qu'il voulait donner à l'un des observateurs étrangers les plus influents ?
On peut raccrocher ce wagon, entre autres, à notre fameux long fil sur Munich : Hitler n'a
jamais envisagé de faire la guerre pour les Sudètes, mais il a cherché à créer
l'impression qu'il avait failli, par toutes sortes de mises en scène en forme de "retenez-moi ou je fais un malheur".