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Les Freikorps: Haute-Silésie

Le traité de Versailles donne lieu à l'instauration de la République de Weimar puis à la montée du National Socialisme. Quelques années plus tard, l'annexion des Sudètes et de l'Autriche annonce les prémices de la seconde guerre mondiale.
MODÉRATEUR : gherla, alfa1965

Les Freikorps: Haute-Silésie

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de alfa1965  Nouveau message 09 Sep 2014, 21:39

[b]LES CORPS-FRANCS EN HAUTE-SILESIE 1920-1922[/b]

Abréviations contenues dans ce dossier
CIGP : Commission Interalliée de Gouvernement et Plébiscite
POW : Polska Organizacja Wojskowa : Organisation Armée Polonaise

Si pour le défunt Reich allemand les frontières occidentales son clairement définies avec le retour de l'Alsace et la Lorraine à la France et le rattachement des cantons d'Eupen et Malmédy à la Belgique, à l'Est, elles restent encore à définir.
Pour la Haute-Silésie (Oberschlesien en allemand/Górny Śląsk en polonais), équivalent oriental de la Ruhr, l’entremêlement des populations allemandes et polonaises rend difficile l'application des principes wilsoniens.

Bref historique de la Silésie

La Silésie fut conquise en 999 par le roi Bolesbas et rattachée au royaume de Pologne. En 1139, elle accède à l'indépendance. Les commerçants germaniques commencèrent à s'installer à Breslau, signal de la prépondérance de l'influence allemande avant que les armées mongoles ne s'abattent et livrent une bataille sanglante à Liegnitz, écrasant la coalition germano-polonaise conduite par Henri le Pieux, le 9 avril 1241. Puis elle passa sous l'aile des Habsbourg, devenant de fait autrichienne. Au traité de Berlin, l'impératrice Marie-Thérèse la céda à la Prusse. La découverte de minerais (houille, fer, zinc...) transforma radicalement la province avec la construction de hauts-fourneaux, voies ferrées, canaux... Le besoin de main-d’œuvre fit affluer un grand nombre de Polonais, tandis que tous les leviers de commande demeuraient aux mains des Allemands. Ces 2 populations que tout opposait (langue, religion) cohabitaient sans se mélanger.

Début des affrontements
Dès l'annonce de l'armistice du 11 novembre 1918, des soviets d'ouvriers se constituent dans la province et proclament la grève générale. Des éléments du POW infiltrent ces soviets et transforment le mouvement social en soulèvement national. Voulant mettre les Alliés sur le fait accompli avant la signature du traité de Versailles, les insurgés polonais veulent faire reconnaître une ligne de démarcation en leur avantage qui deviendrait la future frontière.
La nouvelle république de Weimar (voir dossier sur les Freikorps) n'entend pas perdre une région stratégique considérée par les Alliés comme une possible reconstitution d'usines d'armements en prévision d'une revanche. Pour les Allemands, les mines sont indispensables pour payer les colossales indemnités de guerre prévue par le traité.

Le premier soulèvement polonais (16 /17 août 1919)

Les Allemands du VIe Kreis de Breslau contre-attaquent avec les Corps-Francs qui affluent en masse et dès le 21, les Polonais sont chassés des villes dont ils avaient pris le contrôle.
Dans la nuit du 16 au 17 août 1919, le POW occupe tout le sud-est de la province, prenant possession du parc d'artillerie allemand, et se rendent maîtres d'importantes agglomérations comme Kattowitz. Le gouvernement de Weimar proclame l'état de siège. Des combats sanglants ont lieu à Beuthen, objectif principal des Freikorps (FK Dohna, FK Oberschlesiches Freiwilligenkorps…), dans le secteur nord. Parmi ces FK il faut noter la présence de la puissante brigade de marine Ehrardt ( qui participera au putsch de Kapp). Insuffisamment armés et moins bien préparés que les FK, les insurgés cessent le combat le 24 août

Mise en place de la CIGP
Le 10 janvier 1920, le traité de Versailles entre en vigueur, la Commission Interalliée de Gouvernement et Plébiscite, gouvernement d'occupation chargé de régler les problèmes administratifs et de faire respecter l’ordre en attendant le résultat du plébiscite, est mise en place. Elle est présidée par le général le Rond, polyglotte (il parle allemand, italien, anglais, russe et polonais) assisté du général de Marinis pour les Italiens et du général Percival pour les Anglais.
A partir du 31 janvier 1920, conformément aux dispositions du traité de Versailles, les troupes allemandes évacuent la province et sont remplacées par un contingent italo-français (3000 Italiens, 9000 Français de la 46e DI du général Gratier) chargé de maintenir l'ordre et de la surveillance des points stratégiques (ponts, gares...). Les Britanniques enverront ultérieurement 4 bataillons.
Siamo 30 d'una sorte, 31 con la morte. Tutti tornano o nessuno. Gabriele d'Annunzio, Canzone del Quarnaro.

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Re: Les Freikorps: Haute-Silésie

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de alfa1965  Nouveau message 09 Sep 2014, 21:50

Le plébiscite du 21 mars 1921
Après l'arrivée en renfort de 4 bataillons anglais, la tension demeure mais seuls des troubles mineurs agitent la province. D'Allemagne, des trains acheminent des émigrés (185000) pour voter et le 21 mars c'est un oui pour le maintien de la province dans le Reich qui sort des urnes.
706471 voix pour l'Allemagne (59,4%)
479277 voix pour la Pologne (40,6 %)
A Varsovie, c'est la consternation alors qu'à Berlin c'est un « grand jour comme il y a 50 ans lors de la création du 2eme Reich »
Korfanty rassemble les chefs polonais pour préparer une nouvelle insurrection. Les stocks d'armes sont amassés en bordure de la frontière allemande. Des soldats de l'armée de Haller, équipés par la France, vont prêter main-forte aux insurgés.

Le 3ème soulèvement polonais (mai 1921)

La population allemande s’organise en Selbstschutz pour se protéger en cas de nouveaux affrontements.
A nouveau, en prélude du soulèvement, une grève est déclenchée le 2 mai 1921. Korfanty, démis de ses fonctions de commissaire au plébiscite fait placarder des affiches pour encourager la révolte dans toute la province. Les troupes de la Commission ne peuvent qu'être témoins passifs de ces événements, les Italiens du général de Marinis qui tentent de s'opposer au déferlement des troupes de Korfanty déploreront 40 morts et 200 blessés. Les insurgés occupent la zone plébiscitaire de Landsberg à Krapwitz, le long du cours de l'Oder.
Toute intrusion de la Reichswehr constituant une violation du traité de Versailles, ce seront les volontaires des FK qui vont franchir la frontière avec dans leurs bagages des mitrailleuses, des grenades, des canons démontés. Parmi ces volontaires, un « réprouvé » : Ernst von Salomon. Seuls ou par groupes, ils convergent vers la Haute-Silésie, anciens des FK Oberland, de la Baltique ou du célèbre FK Rossbach qui avait chassé les milices polonaises de Culmsee en Prusse-Orientale en janvier 1919 avant d'aller rejoindre la Division de Fer en Lettonie. (Voir dossier sur les Freikorps)
Début mai, en prélude à l’insurrection, les Polonais font sauter 12 ponts de chemin de fer.
Dès le 9 mai, les Polonais établissent des têtes de pont de l'autre côté de l'Oder et en seront délogés le 15. Au sein de la Commission, des divergences commencent à poindre : les Italiens veulent l'arrestation de Korfanty, les Anglais reprochant aux Français d’être trop favorables aux Polonais.
Le général Karl Höfer, (choisi comme chef par les FK) vétéran des rudes combats des Flandres et qui vient d’être mis à la retraite organise le Oberschlesischen Selbstschutz en 2 corps :

Le groupe nord, commandé par le lieutenant-colonel Grütaner qui comptera jusqu’à 13000 hommes ;
Le groupe sud, commandé par le général von Hülsen (22000 hommes) avec le plus important des FreiKorps : Le FK Oberland dont faisait partie Sepp Dietrich.

Les insurgés polonais peuvent compter sur 20000 hommes avec des renforts provenant de Pologne.
Les combats sont très violents, Königshutte change de main à plusieurs reprises, Kattowitz est sous contrôle polonais.
Le 21 mai débute la contre-offensive allemande, avec l’utilisation de l’artillerie et des minenwerfer
La bataille de l’Annaberg
Le général Hülsen a un plan très audacieux : s’emparer d’une colline appelée Annaberg (montagne Saint-Anne, avec un monastère à son sommet, lieu de pèlerinage, haute de 300 m).
La ville de Leischnitz au pied de l’Annaberg est prise, prélude à l’assaut final.
Le lendemain, 22 mai, les volontaires du FK Oberland commencent l’escalade de l’Annaberg, hissant les canons à dos d’homme et sur les crêtes escarpées, les 2 canons sont mis en batterie et tirent sur les sommets, un commando de 8 hommes, partant dans le dos des assiégés fait croire aux Polonais qu’ils sont encerclés et battent en retraite. A midi, le pavillon impérial (noir blanc rouge) et non celui de la république de Weimar est hissé au sommet du clocher du monastère. En plus, 28 villages sont repris. Cette victoire est considérée « comme la première victoire allemande depuis le 11 novembre 1918 »
La journée du lendemain est consacrée à la consolidation des positions récemment conquises.
A Berlin, le gouvernement décide sous la pression des Alliés d’interdire le recrutement de nouveau Freikampfer.
La Commission Interalliée entreprend des négociations afin de faire respecter les résultats du plébiscite. Mais le général von Hülsen ne l’entend pas ainsi, le tir de batteries polonaises sur Cosel va donner l’occasion de mettre un plan audacieux :

En franchissant les lignes polonaises, une colonne s’enfoncera en territoire ennemi et atteindra le village de Slawentzitz
Exécution d’un mouvement tournant dans le dos des insurgés, longer le canal de Klodnitz pour regagner l’Oder au niveau de Cosel où elle fera la jonction avec le reste des forces allemandes.

Le 4 juin, le FK Oberland atteint comme prévu Slawentzitz mais demeure sur place sans continuer la progression comme prévue. Il s’agit d’une erreur d’interprétation du chef du FK le colonel graf von Magnis. Les hommes redoublent d’effort pour refermer la nasse en faisant la jonction avec le selbstschütz le long du canal du Klodnitz. (voir carte).
Le 20 juin, les insurgés polonais ont quitté Ratibor. La Commission Interalliée finit par aboutir un accord et les troupes allemandes et polonaises évacuent la zone soumise à plébiscite, pour les Freikampfer, il va de soi que l’ordre provenant de Berlin ne fait qu’accentuer leur haine contre le gouvernement social-démocrate.
Fichiers joints
Carte_haute_Silesie.PNG
le partage final
Carte_haute_Silesie.PNG (316.53 Kio) Vu 1248 fois
Armoured_Car_Korfanty_1920.jpg
Camion blindé de l'armée Korfanty
Armoured_Car_Korfanty_1920.jpg (53.74 Kio) Vu 1248 fois
Annaberg_alt3.jpg
le monument de l'Annaberg, détruit en 1945
Annaberg_alt3.jpg (61.81 Kio) Vu 1248 fois
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Re: Les Freikorps: Haute-Silésie

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de alfa1965  Nouveau message 09 Sep 2014, 21:51

Le partage de la zone plébiscitaire

Le comte Sforza, ministre italien des Affaires Etrangères propose une ligne de partage , mais les populations sont imbriquées les unes dans les autres : les Allemands dans les villes les Polonais dans les campagnes et il est difficile de tracer une frontière sans accident naturel.
C’est la SDN qui va finalement au découpage du bassin industriel : pour les Allemands ils conservent 2/3 de la zone plébiscité avec les districts de Beuthen, Gleiwitz et Zabrze et les Polonais récupèrent les districts de Kattowitz et Königshütte (villes à majorité allemande). Le 20 octobre 1921, la nouvelle frontière est finalement entérinée.
L’intervention des Freikorps a été déterminante mais ils doivent désormais être dissous, pour beaucoup, c’est une désillusion et vont former des « communautés de travail », dissimulant leurs armes, et travaillant dans des grands domaines afin de conserver leur esprit de corps.

Bibliographie

Histoire de l’armée allemande, Benoit-Méchin, éditeur Albin Michel
Les Réprouvés, Ernst von Salomon, editeur Bartillat
Haute-Silésie 1920-1922, laboratoire des « leçons oubliées » de l’armée française, Rémy Porte, éditions Riveneuves

ALEX
Une 4eme partie, à prévoir.
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