[b]LES CORPS-FRANCS EN HAUTE-SILESIE 1920-1922[/b]
Abréviations contenues dans ce dossier
CIGP : Commission Interalliée de Gouvernement et Plébiscite
POW : Polska Organizacja Wojskowa : Organisation Armée Polonaise
Si pour le défunt Reich allemand les frontières occidentales son clairement définies avec le retour de l'Alsace et la Lorraine à la France et le rattachement des cantons d'Eupen et Malmédy à la Belgique, à l'Est, elles restent encore à définir.
Pour la Haute-Silésie (Oberschlesien en allemand/Górny Śląsk en polonais), équivalent oriental de la Ruhr, l’entremêlement des populations allemandes et polonaises rend difficile l'application des principes wilsoniens.
Bref historique de la Silésie
La Silésie fut conquise en 999 par le roi Bolesbas et rattachée au royaume de Pologne. En 1139, elle accède à l'indépendance. Les commerçants germaniques commencèrent à s'installer à Breslau, signal de la prépondérance de l'influence allemande avant que les armées mongoles ne s'abattent et livrent une bataille sanglante à Liegnitz, écrasant la coalition germano-polonaise conduite par Henri le Pieux, le 9 avril 1241. Puis elle passa sous l'aile des Habsbourg, devenant de fait autrichienne. Au traité de Berlin, l'impératrice Marie-Thérèse la céda à la Prusse. La découverte de minerais (houille, fer, zinc...) transforma radicalement la province avec la construction de hauts-fourneaux, voies ferrées, canaux... Le besoin de main-d’œuvre fit affluer un grand nombre de Polonais, tandis que tous les leviers de commande demeuraient aux mains des Allemands. Ces 2 populations que tout opposait (langue, religion) cohabitaient sans se mélanger.
Début des affrontements
Dès l'annonce de l'armistice du 11 novembre 1918, des soviets d'ouvriers se constituent dans la province et proclament la grève générale. Des éléments du POW infiltrent ces soviets et transforment le mouvement social en soulèvement national. Voulant mettre les Alliés sur le fait accompli avant la signature du traité de Versailles, les insurgés polonais veulent faire reconnaître une ligne de démarcation en leur avantage qui deviendrait la future frontière.
La nouvelle république de Weimar (voir dossier sur les Freikorps) n'entend pas perdre une région stratégique considérée par les Alliés comme une possible reconstitution d'usines d'armements en prévision d'une revanche. Pour les Allemands, les mines sont indispensables pour payer les colossales indemnités de guerre prévue par le traité.
Le premier soulèvement polonais (16 /17 août 1919)
Les Allemands du VIe Kreis de Breslau contre-attaquent avec les Corps-Francs qui affluent en masse et dès le 21, les Polonais sont chassés des villes dont ils avaient pris le contrôle.
Dans la nuit du 16 au 17 août 1919, le POW occupe tout le sud-est de la province, prenant possession du parc d'artillerie allemand, et se rendent maîtres d'importantes agglomérations comme Kattowitz. Le gouvernement de Weimar proclame l'état de siège. Des combats sanglants ont lieu à Beuthen, objectif principal des Freikorps (FK Dohna, FK Oberschlesiches Freiwilligenkorps…), dans le secteur nord. Parmi ces FK il faut noter la présence de la puissante brigade de marine Ehrardt ( qui participera au putsch de Kapp). Insuffisamment armés et moins bien préparés que les FK, les insurgés cessent le combat le 24 août
Mise en place de la CIGP
Le 10 janvier 1920, le traité de Versailles entre en vigueur, la Commission Interalliée de Gouvernement et Plébiscite, gouvernement d'occupation chargé de régler les problèmes administratifs et de faire respecter l’ordre en attendant le résultat du plébiscite, est mise en place. Elle est présidée par le général le Rond, polyglotte (il parle allemand, italien, anglais, russe et polonais) assisté du général de Marinis pour les Italiens et du général Percival pour les Anglais.
A partir du 31 janvier 1920, conformément aux dispositions du traité de Versailles, les troupes allemandes évacuent la province et sont remplacées par un contingent italo-français (3000 Italiens, 9000 Français de la 46e DI du général Gratier) chargé de maintenir l'ordre et de la surveillance des points stratégiques (ponts, gares...). Les Britanniques enverront ultérieurement 4 bataillons.