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L'Anschluss

Le traité de Versailles donne lieu à l'instauration de la République de Weimar puis à la montée du National Socialisme. Quelques années plus tard, l'annexion des Sudètes et de l'Autriche annonce les prémices de la seconde guerre mondiale.
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L'Anschluss

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 01 Nov 2004, 19:27

Lorsqu'Adolf Hitler escompta qu'il était temps pour lui d'agir dans le but de réaliser son lebensraum, il était impératif pour lui d'annexer l'Autriche au Reich de façon à posséder des frontières avantageuses pour l'Allemagne dans le but ultérieur de pousser plus loin vers la Tchécoslovaquie. En juillet 34, certains nazis fanatiques autrichiens utilisèrent la force en tentant un putsch contre le gouvernement Dollfuss qui prônait l'indépendance de l'Autriche. Engelbert Dollfuss fut assassiné, mais le putsch avorta et les auteurs furent emprisonnés. Hitler condamna ce geste qu'il qualifia de stupide quoique héroïque. Il était bien placé pour émettre cette opinion ayant lui-même tenté une action de cette envergure en Allemagne qui l'avait conduit en prison.

Pensant que von Papen n'était plus apte à s'occuper de la situation aggravante en autriche, il le rappela au pays. Celui-ci en profita pour dire à Hitler qu'une rencontre avec le nouveau chancelier Kurt von Schuschnigg s'imposait pour régler les différents entre les 2 pays. Schuschnigg accepta et confia à son ministre des affaires étrangères Guido Schmidt qu'il acceptait cette rencontre du 12 février 1938 à Berchtesgaden dans le but de prévenir un coup d'État et pour gagner du temps jusqu'à ce que la situation internationale s'améliore en faveur de l'Autriche. Une nomination importante avait eu lieu entre-temps: le nazi modéré Seyss-Inquart au poste de conseiller d'État pour l'Autriche.

Lors de cette réunion au Berghof, Hitler accusa l'Autriche de se dissocier de l'Allemagne en demeurant à la SDN alors que l'Allemagne s'en était retirée. Il argua ensuite que l'Autriche fortifiait ses frontières au lieu de les ouvrir. Le ton agressif de Hitler disparut le temps du dîner, mais vers 16h00, von Ribbentrop tendit 2 pages dactylographiées à Schuschnigg d'un accord (plus près de l'ultimatum) stipulant en substance que l'Allemagne continuerait de soutenir sans réserve la souveraineté de l'Autriche (suite à l'accord du 11 juillet 1936), si on libérait dans les 3 jours tous les nationaux-socialistes autrichiens emprisonnés, y compris les assassins de Dollfuss, et si on réintégrait dans leurs anciennes fonctions tous les fonctionnaires et officiers nazis congédiés. Seyss-Inquart devait être nommé ministre de l'Intérieur avec autorité absolue, illimitée, sur les forces de police de la nation. Enfin, un nazi autrichien serait ministre de la défense et les chefs de la propagande pro-indépendance devaient être écartés pour libérer la presse de ses "contraintes". Les buts de Hitler étaient on ne peut plus clairs: posséder un certain contrôle sur la police, l'armée, et la presse autrichiennes en y faisant nommer un nombre important de nationaux-socialistes à des postes clefs.

Schuschnigg refusait de signer ce qui devait signifier la fin de l'indépendance de l'Autriche et demanda un délai de 3 jours pour présenter l'offre au président Miklas en personne. Au Berghof, dès le départ des politiciens autrichiens, Hitler ordonna la simulation de manoeuvres militaires à la frontière austro-allemande pour intimider le président Miklas. Le Führer avait bien préparé sa mise en scène en faisant participer des généraux en uniforme lors de la rencontre du 12.

Miklas accepta d'accorder l'amnistie aux nazis autrichiens mais s'opposa à la nomination de Seyss-Inquart à la tête de la police et de l'armée. Après plusieurs consultations et sous la menace du simulacre de l'armée allemande, Miklas céda et accepta la totalité de l'entente de Berchtesgaden. Seyss-Inquart entra dans ses nouvelles fonctions le 16 février 1938.

Le 9 mars, Schuschnigg, qui avait repris de son assurance, annonça un plébiscite pour le 13 où la nation devait répondre à la question: "Êtes-vous favorable à une Autriche libre, allemande, indépendante, sociale, chrétienne et unie ?" Il enjoignait son peuple à voter Ja. Cette annonce irrita le Führer qui y voyait une menace pour son lebensraum et, le 10, il ordonna au général Keitel de prendre des mesures. Keitel se souvint que l'État-Major possédait un plan, l'Opération Otto (au cas où Otto Habsbourg tenterait de reprendre son trône), et le soumit à Hitler.

Pour éviter une réaction de l'Italie, Hitler écrivit au Duce qu'il ne pouvait rester les bras croisés face à une Autriche au bord de l'anarchie. Il lui rappela aussi l'aide de l'Allemagne lors de la guerre d'Éthiopie et promettait de reconnaître le col du Brenner comme frontière avec l'Italie.

Le matin du 12 mars, le ministre Edmund von Glaise-Horstenau apporta à la Ballhausplatz, la chancellerie autrichienne, des instructions écrites de Hitler et Goering demandant entre autres le rapport du plébiscite et la démission de Schuschnigg. Celui-ci repoussa les limites de l'ultimatum mais finit par céder et démissionna suite aux appels téléphoniques insistants de Goering qui menaçait de recourir à l'occupation de l'armée. Le président Miklas s'obstina à ne pas nommer Seyss-Inquart comme remplaçant, mais tous ceux à qui il offrit le poste déclinèrent. Seyss-Inquart s'appropria donc le poste de chancelier et fut forcé par Goering de rédiger un télégramme demandant l'intervention de l'armée allemande pour calmer la situation en Autriche.

L'armée était déjà en route bien avant la réception dudit télégramme et il ne manquait plus à Hitler que l'approbation de Mussolini qui parvint finalement à 22h25 via le téléphone du prince Philippe de Hesse. C'est à partir de ce moment qu'Hitler jura fidélité au Duce quoiqu'il arrive.

Une tentative de dernier recours fut tentée par Schuschnigg au plus fort des pressions exercées par Goering pour recevoir l'aide de la Grande-Bretagne en ces moments de tension. Mais Neville Chamberlain, désireux de demeurer en bons termes avec Hitler, et qui donnait une réception en l'honneur des... Ribbentrop, pria Lord Halifax d'envoyer ce message en réponse: " Le gouvernement de Sa Majesté ne saurait prendre la responsabilité de conseiller au chancelier une ligne de conduite risquant d'exposer son pays à des périls contre lesquels la Grande-Bretagne n'est pas en mesure de le protéger." C'est une des raisons pour lesquelles le président Miklas baissa les bras et plia aux exigences de Goering.

Dans la nuit du 11 au 12 mars, l'armée allemande fit son entrée en Autriche et Hitler vint rejoindre ses troupes. Le 13 mars, l'Anschluss était proclamée selon un projet de loi dicté par Hitler à un fonctionnaire. On emprisonna Schuschnigg pendant 7 ans dans l'univers concentrationnaire à Dachau et Buchenwald.

Si l'annexion de l'autriche se serait effectuée inévitablement, elle a quand même été forcée dans le temps, avec des moyens qui pouvaient paraître pacifiques aux yeux du reste du monde mais néanmoins crapuleux et hypocrites comme l'histoire s'est chargée de nous le montrer.

Texte de Éric G. alias Audie Murphy

Sources: Les trompettes de Berlin de Christian Bernadac et Hitler de John Toland


 

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de percy  Nouveau message 21 Mar 2005, 15:24

N oublions pas l'interet economique de l'autriche!
En effet le concept du Lebensraum et des frontieres, certes stratégique afin de se rapprocher de l'allié italien (ou en passe de reelement le devenir..), n'etait pas l'objectif principale!

2 objectifs etaient important:
L(objectif economique: l'Autriche possede des mines de fer de grande qualité et de cuivre ce qui n est pas le cas de l'allemagne qui ne possede que des minerai appauvri en fer!
Mais Hitler souhaitait egalement, se venger de l'autriche et de ses deboires de jeunesse. (objectif plus psychologique, mais moindre selon moi)


 

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Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 21 Mar 2005, 15:57

En fait, percy, le lebensraum implique automatiquement le facteur économique. De nouveaux territoires conquis apportent les richesses naturelles et l'accroissement de la population au bénéfice du conquérant.

Tu as bien raison pour le petit velours qu'Hitler a ressenti en annexant son pays natal au Reich.


 

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Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de percy  Nouveau message 21 Mar 2005, 18:12

Certes, je me suis mal exprimé , mais je voulais appuyer sur l aspect economique de l'affaire. Le facteur frontiere ne revettant qu un des aspects mineurs de prime abord!


 

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Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 21 Mar 2005, 21:00

Bien compris percy !


 

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Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Thierrybulle  Nouveau message 27 Oct 2005, 13:38

Tu ne parles pas non plus du référendum qui a ensuite été organisé par les Allemands.


 

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Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 27 Oct 2005, 15:15

Ce référendum est le vote pour l'anschluss lui-même. Bien sûr, les opposants à un rattachement au Reich se faisaient rabrouer, mais je crois que les Autichiens en général auraient voté favorablement au projet. Peut-être pas au-delà de 95%, mais quand même très majoritairement.


 

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Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Thierrybulle  Nouveau message 28 Oct 2005, 12:49

Oui, la grande majorité des Autrichiens souhaitaient l'anshluss à l'époque. Il aurait eu lieu à un moment ou à un autre. Tu as par contre bien raison de fustiger la méthode employée par les nazis.


 

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Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Mimile  Nouveau message 22 Juil 2008, 16:30

Oui,vraiment la vengeance des Slaves était complète.
Du moins pour l'instant....

Car dès 1919, un homme d'Etat de la vieille Autriche,Karl Renner avait prédit:

"L'Etat autrichien-allemand qu'on a créé et qu'une sanglante mutilation a coupé de toute espèce de communication,ne peut plus tendre que d'un côté,vers le Nord,où sa plus longue frontière l'unit à un puissant peuple de frères.
Que l'on maintienne l'état de choses actuel, et aucune puissance au monde ne sera capable d'empècher tot ou tard la fusion de l'Autriche avec l'Allemagne.
Vouloir interdire cette fusion,c'est prendre bien peu au sérieux les
enseignements de notre l'Histoire et se vouer d'avance à un échec."
*

*(Voy."Six siècles d'un empire catholique" paru en version française dans la Documentation catholique,t.III,1920,col.A)


Citons également François Albert qui, au Sénat déclara avec prescience:

M.François Albert:

"Telle que le Traité constitue l'Autriche, on peut dire qu'il place
dans la partie sud de l'Europe centrale un véritable cadavre.Voilà un pays sans débouché, sans issue martime.

Quelle tentation pour lui d'aller chercher cette issue du coté de l'Allemagne!...

Le jour où les Autrichiens auront envoyé des députés à Berlin,en une heure de distraction de l'Europe,qui sera occupée je ne sais où, à la question d'Orient, à moins que ce ne soit du coté des Etats-Unis,que ferez-vous?""


M.Jénouvrier.: " La guerre ! "

M.François Albert "Non, pas la guerre, car vous ne trouverez pas vos alliés présents et prêts.
Vous resterez donc impuissants,vous parlerez avec indignation de chiffons de papiers et vous aurez raison d'ètre indignés,mais le fait n'en sera pas moins acquis!"

(Vifs applaudissements sur un grand nombre de bancs..) *

* (Voy.le Journal Officiel,1er juillet 1920,p.1074)

Vienne: 12 mars 1938: La population accueille les troupes Allemandes dans la joie,accueil délirant,après presque 20 années de malheur...

Encore aujourd'hui,on présente l'Anschluss comme un " un coup de force"d'Hitler.
C'est faux!
L'Anschluss fut la punition des vainqueurs de 1919 qui avaient suivi les panslaves dans leur volonté de tuer l'Autriche à petit feu...


 

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Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 22 Juil 2008, 17:40

Bonjour Mimile, je suis encore assez d'accord avec l'ensemble de vos propos, sauf pour la dernière phrase. J'aimerais savoir ce qui vous fait penser que les Alliés voulaient voir l'Autriche disparaître.


 

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