Dans le fil viewtopic.php?f=126&t=33367 , Page 23, Marc_91 a écrit:Prosper Vandenbroucke a écrit:Seulement, et si, la défaite (française) de 1940 ne résultait que du fait de l’insouciance, ou plutôt de la suffisance?
Les soldats avaient gardé à l'esprit la victoire de 1918, oui ...
Oui Mais !!! ... En 1918, c'était une alliance, qui avait gagné ;
L'armée de Française de 1940 était un peu plus réduite que celle de 1914 (les fameuses "classes creuses"). Mais l'armée Allemande était plus réduite elle aussi : il avait quand même fallu laisser quelques unités à la frontière avec l'oncle Jo, et l'Autriche de 1939 était plus réduite que l'empire austro-hongrois de 1914 ...
Elle était renforcée de 100-150.000 volontaires polonais et tchèquoslovaques, dont la moitié avait pu intégrer des unités constituées.
Par rapport à l'armée de 1918, elle ne comptait que 200.000 hommes des colonnies, contre 350-400.000 en 1918.
L'armée Belge avait, en 1939/40, eu le temps de mobiliser ; 600.000 hommes étaient sous les drapeaux, soit 200.000 de plus qu'en 1914, quand le plat pays avait été envahie par surprise. Mais elle était officiellement neutre, et le commandement était loin d'être unifié.
Par contre, les Britanniques, qui avaient plus de 2 millions d'hommes sur le Continent en 1918, n'en alignaient plus que 300.000 environ en 40.
Les Italiens, cette fois, n'étaient plus nos alliés. Il fallait même garder des troupes dans les Alpes.
Quand aux américains, ils étaient, cette fois, restés chez eux ...
Bref, on avait ré-armé avec du retard et une industrie à la traine, on a été surpris lors de la mobilisation, nos généraux et leurs doctrines étaient agés, et aussi on était moins nombreux qu'en 1918 !!!
Alors, de la suffisance ... Et si on envisageait le fait que, si on a perdu, c'était la faute à notre diplomatie ???
Il faut remonter au début du siècle, mais l'entente cordiale, c'est la France qui l'avait impulsée, pour se venger de l'Allemagne ;
Puis y avait inclus la Russie, puis ensuite fait entrer les Etats-Unis et l'Italie ...
Par contre, en 1936-37-38-39 ... Ils n'ont pas vraiment brillé, nos diplomates ... Non ???
Mercredi dernier, j'en ai discuté avec l'ami Pierre Grasser qui prépare son mémoire de Master et m'a confié les photos de certains documents qu'il a trouvés au Service Histrique de la Défense à Vincennes. En particulier, cette "Lettre de l'Ambassadeur de France à Moscou adressée au Ministre des Affaires Etrangères sur la coopération franco-soviétique en matière d'aviation" du 27 Avril 1938 - Carton SHD 7 N 3182 :
Elle est longue, mais en voici quelques extraits :
Je me félicite de voir le Ministre de l'Air adopter enfin les métodes réalistes qui seules conviennent avec des interlocuteurs sovètiques. Le Maréchal VOROCHILOV disait, il y a deux jours, à notre Attaché Militaire qui lui parlait d''une extension de notre collaboration technique : "Très volontiers, mais donnant donnant ;" (l'expression russe est encore plus précise : cinq kopeks pour cinq kopeks). Or, nous avons fait exactement le contraire jusqu'ici ...
... Nous avons été plus loin et avons plus ou moins promis un certain canon pour aéroplane qui n'est même pas sorti, en sorte qu'aujourd'hui, lorsque nous présentons une demande quelconque, on nous répond en nous priant de tenir tout d'abord nos promesses.
Pour d'autres armes également nous leur avons ouvert des espoirs qui n'ont finalement pas pu être réalisés ...
Cette attitude de promesses non tenues dans le domaine militaire, puis l'abandon par la France de la Tchequoslovaquie (peuplée aux 2/3 par des slaves et alliés traditionnels de la Russie) mènera l'URSS à dédaigner la France et préférer une alliance que Staline savait temporaire avec Hitler ...
Qu'en pensez-vous ?