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Entre 1923 et 1929 - conséquences du putsch manqué.

Nouveau messagePosté: 28 Oct 2010, 23:14
de ubik83
Bonjour,

Je voudrais me faire une idée précise du climat politique et économique en Allemagne dans les années 20. Je sais qu'à partir de 1924 les Américains prêtent de l'argent à la république de Weimar pour l'aider à payer les réparations exigées par le traité de Versailles, qui irrite tant d'Allemands et les futurs nazis entre autres. Pour autant, suivant les sources, on dit que malgré tout chômage et inflation galopent. Je sais également qu'en 1929 le crack boursier international touche durement l'Allemagne, et que l'aide Américaine est suspendue. Je crois savoir qu'ensuite, en 30 il me semble, les principales banques du pays s'effondrent, que l'inflation atteint des chiffres astronomiques.

En fait, dans mon roman, on est dans la période entre 1923 et 1929. Qui pourrait me dire à partir de quand les difficultés économiques ont été perceptibles par la classe moyenne, à laquelle appartiennent les parents de mon personnage principal ? En gros, je voudrais établir un graphique, année par année, de la tension sociale, du mécontentement, de l'inflation, une courbe qui me permettrait de me faire une idée de ce que je dois dire en fonction de l'année où se situe mon récit.

Par ailleurs, je lis dans Heinz Höhne, P 24 de "L'ordre noir, histoire de la SS", les phrases suivantes :

Après le putsch manqué de 1923 : "La folle action d'Adolf Hitler a pour conséquence de désorganiser complètement le NSDAP. Le parti, la SA et la troupe de choc sont interdits".

D'où ma question : peut-on imaginer que l'antenne locale du parti NSDAP dans une région différente de Munich ( en l'occurrence, la Westphalie ) puisse rester ouverte ? Ou au contraire, doit-elle fermer, ou passer dans la clandestinité ? Le camp de jeunesses hitlériennes que je décris là-bas peut-il continuer à exister, en dépit de tout ?

Plus loin, je lis : "Jusqu'au putsch de Novembre, le mouvement hitlérien n'a guère dépassé les frontières de la ville de Munich".

Est-il possible d'imaginer donc que mon antenne du parti en Westphalie soit plausible ? En quelque sorte, des convertis de la première heure ? Dans mon roman, le père de mon personnage principal s'est rendu à un congrès médical à Berlin ( mais ça pourrait être Munich ) et a assisté, dans la foulée, à un discours d'Hitler qui l'a convaincu. Peu de temps après, il a pris sa carte de membre, et ensuite, il a fondé sa propre antenne dans le comté de Lippe.

Un autre personnage, ami du père, fait partie de la S.A, en même temps qu'il exerce le métier de policier ( Schupo ). Que dire de lui après le putsch, si la S.A. est interdite ? Curieusement, Höhne dit ensuite que la S.A. n'a cessé d'augmenter ses effectifs.

Je m'efforce de respecter les faits historiques, je ne suis pas dans l'exact et le vrai, mais dans le vraisemblable ( vu que c'est un roman, une construction, donc ). Mais je voudrais qu'on m'indique les limites à ne pas dépasser, sous peine de tomber dans l'invraisemblable.

Toute aide est bienvenue. Merci à vous tous.

Ubik.

Re: Entre 1923 et 1929 - conséquences du putsch manqué.

Nouveau messagePosté: 30 Oct 2010, 11:59
de Seth
Bonjour, si tu peut te procurer le premier tome de "La grande histoire de la seconde guerre mondiale" de Pierre Montagnon, le deuxième chapitre pourra te donner en une dizaine de pages une bonne vue d'ensemble du climat politique allemand de l'entre deux guerres, le début du NSDAP, la tentative de prise de pouvoir ratée d'Hitler, les élections présidentielles de 1932, etc.

Voici un extrait à propos de la "débâcle fiancière" qui est assez impressionant :
"Le 1er octobre 1918, le dollar s'échangeaiit contre 4 marks. Le 2 janvier 1921, la même transaction exige 74,4 marks. Un an plus tard, 186,6. Le 2 janvier 1923, 7260. Et 1923 précipite le désastre. Il faut pour un dolar : 160 000 marks le 1er juillet ; 1 100 000 le 1er aout ; 242 000 000 le 1er octobre ; 130 000 000 000 le 1er novembre ; 4 200 000 000 000 le 30 novembre.
Les chiffres ne signifient plus rien. La monnaie n'a plus de valeur. L'épargne a disparu. Des fortunes se sont effondréees. En revanche, les endettés - l'État, les gros industriels - y trouvent leur compte ..."

Voilà, en espérant t'aider, et bonne chance pour ton roman.

Re: Entre 1923 et 1929 - conséquences du putsch manqué.

Nouveau messagePosté: 30 Oct 2010, 12:54
de gibraltar114
je crois me rappeler que dans un livre sur alfred naujocks il raconte un peu ses debuts au NSDAP, peut-etre y trouveras tu des éléménts interressants. peut-etre le livre de Günter Peis

Re: Entre 1923 et 1929 - conséquences du putsch manqué.

Nouveau messagePosté: 30 Oct 2010, 19:47
de Julie
ubik83 a écrit:Je sais également qu'en 1929 le crack boursier international touche durement l'Allemagne, et que l'aide Américaine est suspendue. Je crois savoir qu'ensuite, en 30 il me semble, les principales banques du pays s'effondrent, que l'inflation atteint des chiffres astronomiques.
Il s’agit de la crise de 1929-1932. C’est une crise complètement différente de la crise de 1923.
On a touché le fond en 1932-1933.
Après 1933 la situation économique et sociale s’améliore tout doucement. En 1935 la situation est nettement meilleure qu’en 1932.


ubik83 a écrit:Je crois savoir qu'ensuite, en 30 il me semble, les principales banques du pays s'effondrent
C’est VRAI. Une grave crise bancaire en Allemagne et en Autriche.


ubik83 a écrit:Je crois savoir qu'ensuite, en 30 il me semble [...] que l'inflation atteint des chiffres astronomiques.
C’est FAUX. C’est une crise déflationniste. Ce n’est pas une crise inflationniste.
C’est une crise déflationniste : baisse cumulée des prix, des salaires, de la production industrielle.
Un phénomène similaire est à l’œuvre aux USA. En 1933 un économiste américain, Irving Fisher, décrit ce phénomène déflationniste dans un article intitulé « The Debt-Deflation Theory of Great Depressions ». La valeur réelle des dettes augmente (à cause de la déflation) même si la valeur nominale reste inchangée. Tout ça est parfaitement expliqué par Fisher.


Seth a écrit:"Le 1er octobre 1918, le dollar s'échangeait contre 4 marks. Le 2 janvier 1921, la même transaction exige 74,4 marks. Un an plus tard, 186,6. Le 2 janvier 1923, 7260. Et 1923 précipite le désastre. Il faut pour un dollar : 160 000 marks le 1er juillet ; 1 100 000 le 1er aout ; 242 000 000 le 1er octobre ; 130 000 000 000 le 1er novembre ; 4 200 000 000 000 le 30 novembre.
Les chiffres sont très instructifs et confirment ce qui est écrit dans les manuels. Le cours du mark est en forte baisse entre 1919 et 1922. En 1923 le cours du mark s’effondre littéralement.


Seth a écrit:Les chiffres ne signifient plus rien. La monnaie n'a plus de valeur. L'épargne a disparu. Des fortunes se sont effondrées. En revanche, les endettés - l'État, les gros industriels - y trouvent leur compte ..."
C’est un phénomène d’hyper-inflation. Les prix grimpent en flèche.


Seth a écrit:L'épargne a disparu.
L'épargne a disparu. L’épargne a été rongée par l’inflation galopante.

Seth a écrit:En revanche, les endettés - l'État, les gros industriels - y trouvent leur compte ..."
C’est logique. La valeur nominale des dettes reste inchangée mais la valeur réelle des dettes s’effondrent grâce à l’inflation.


ubik83 a écrit:En fait, dans mon roman, on est dans la période entre 1923 et 1929. Qui pourrait me dire à partir de quand les difficultés économiques ont été perceptibles par la classe moyenne, à laquelle appartiennent les parents de mon personnage principal ?
La crise de 1923 a pénalisé les épargnants.
A partir de 1924 la situation économique se stabilise. La période 1925-1929 est une période de prospérité économique en Allemagne. La classe moyenne reprend confiance après le traumatisme de 1923.
Pendant l’automne 1929 le crack boursier n’a pas d’effet immédiat sur la situation socio-économique des ouvriers et des employés allemands. Il faudra attendre 1930 pour que les travailleurs de la classe ouvrière et de la classe moyenne soient ébranlés par la hausse du chômage et la baisse des salaires. La plupart des entreprises réduisent leurs effectifs. De nombreuses entreprises sont même obligées de faire faillite.
La plupart des allemands (ouvriers, paysans, employés, artisans, commerçants) ont souffert entre 1930 et 1933.

Re: Entre 1923 et 1929 - conséquences du putsch manqué.

Nouveau messagePosté: 31 Oct 2010, 15:30
de Nico
Après le putsch de la Brasserie, un mandat d’arrestation est lancé contre Hermann Goering. Il se réfugie en Autriche. Il demeure plusieurs semaines dans une clinique d’Innsbruck. Après sa guérison, Goering, qui ne peut revenir en Allemagne, séjourne à Venise, puis en Suède.

Selon François Kersaudy la situation a beaucoup changé en Allemagne après que Goering l'a quittée quelques années plus tôt : l'inflation débridée n'est plus qu'un mauvais souvenir depuis l'introduction du Rentenmark, la prospérité commence à revenir, les séparatistes ont été mis au pas, et les autorités allemandes se sont quelques peu réconciliés avec leurs ennemis de la grade guerre depuis le plan Dawes et le traité de Locarno. Dés lors le parti national-socialiste, redevenu légal et représenté par quatorze députés au Reichstag, se trouve financièrement démuni et perd beaucoup de son audience. Hitler, bien que reconnu comme son chef incontesté, a toujours l'interdiction de prendre la parole lors des rassemblements publics; ses SA, qui ont essaimé de la Bavière à l'ensemble du pays, ne se signalent que par quelques combats de rue avec les communistes, et la presse suédoise ne cesse de souligner les sourdes dissensions qui subsistent entre le NSDAP de Munich et ses représentants à Berlin (les frères Strasser).


KERSAUDY, François, Hermann Goering, Perrin, 2009.

Re: Entre 1923 et 1929 - conséquences du putsch manqué.

Nouveau messagePosté: 03 Nov 2010, 00:51
de ubik83
Merci de votre aide à tous. Je vais voir si je m'en sors avec tout ça. Un gros problème qui se pose à moi, dans ma période de restructuration, c'est qu'entre 1924 et 1930 globalement, il ne se passe pas grand-chose sur le plan politique. Donc je dois "meubler" ce vide dans mon roman, et même si je raconte beaucoup plus des anecdotes relatives à mon personnage principal, ça fait quand même un gros morceau sans rien, et je ne veux pas non plus utiliser de sauts temporels ( sorte d'avance rapide dans le récit ), car jusqu'à présent, la continuité et la fluidité ont été totales.
Bref, une fois de plus, je suis confronté à un défi.

A suivre...

Ubik.

Re: Entre 1923 et 1929 - conséquences du putsch manqué.

Nouveau messagePosté: 03 Nov 2010, 04:55
de Daniel Laurent
Bonjour,
ubik83 a écrit:Un gros problème qui se pose à moi, dans ma période de restructuration, c'est qu'entre 1924 et 1930 globalement, il ne se passe pas grand-chose sur le plan politique

Il ne se passe rien d'important mais les partisans d'Hitler continuent, du moins pour les plus convaincus, a agir en sous-main. Tes heros pourraient faire partir des nombreux admirateurs qui ont visite Hitler quand il etait en prison et des premiers militants qui ont participe a la reconstruction du NSDAP ensuite. Un peu de semi-clandestinite pourrait mettre du piquant don ton recit.

Tu pourrais lire avec profit cet article :
http://www.delpla.org/article.php3?id_article=55
Surtout le paragraphe 4

Des seconds couteaux.

Nouveau messagePosté: 05 Nov 2010, 00:06
de ubik83
Daniel Laurent a écrit:Bonjour,

Il ne se passe rien d'important mais les partisans d'Hitler continuent, du moins pour les plus convaincus, a agir en sous-main. Tes heros pourraient faire partir des nombreux admirateurs qui ont visite Hitler quand il etait en prison et des premiers militants qui ont participe a la reconstruction du NSDAP ensuite. Un peu de semi-clandestinite pourrait mettre du piquant don ton recit.


Merci du conseil. S'ils avaient été Berlinois, pourquoi pas. Mais mes personnages ne sont que deux garçons intégrés dans le mouvement nazi de perpette les oies. Le père de Wolfgang est important dans son patelin, mais à Berlin il n'est qu'un notable de province parmi beaucoup d'autres. Dans les années 23-24, le parti nazi n'est qu'un parti parmi plein d'autres qui contestent la république de Weimar. Hitler est hors-course et l'aide financière Américaine engourdit les consciences politiques, les plaisirs sont subventionnés par les emprunts, les Allemands ne pensent plus, dans la majorité, qu'à s'amuser. La crise de 1929 et surtout en 30, quand les banques vont s'effondrer, n'en sera que plus dure - et le parti nazi en profitera.

Pour l'heure, je vais m'arranger pour qu'il arrive d'autres choses à mes personnages, sur le plan personnel. Ils ne sont, après tout, que des petits jeunes perdus dans le vaste mouvement de l'histoire.

Par exemple, la mère de Franz a retrouvé du travail, à l'opéra, et elle bosse aussi dans un cabaret. Franz et Wolfgang sortent le soir, ils ont leurs premières aventures amoureuses, etc. Je vais aussi passer en accéléré sur ces années creuses, sans heurt ni saut, mais disons qu'il y aura des intervalles plus grands entre mes scènes, même si je ne donne pas de dates, sauf exception.

On en reparle ? Merci...

Ubik.

Re: Entre 1923 et 1929 - conséquences du putsch manqué.

Nouveau messagePosté: 05 Nov 2010, 04:15
de Daniel Laurent
Bonjour,
Attention, Ubik, ce n'est pas a Berlin mais a Munich et plus generalement en Baviere que le NSDAP a redemarre apres la sortie de prison d'Hitler.
Pour Berlin, Hitler y envoie Gregor Strasser debut 1925 pour y organiser le parti.

Re: Entre 1923 et 1929 - conséquences du putsch manqué.

Nouveau messagePosté: 05 Nov 2010, 10:46
de ubik83
Oui, c'est vrai, c'est en Bavière que ça a démarré... Mais ensuite, c'est à Berlin que Hitler a été nommé chancelier.
Quoi qu'il en soit, mes zozos sont des ploucs perdus dans leur campagne, ils se prennent pour très importants alors qu'en fait ils sont noyés dans la masse. Et ça, je dois en tenir compte. C'est essentiel à mon roman : montrer comment des gens innombrables se sont tous crus uniques et essentiels, par un effet de propagande. Ils sont d'obscurs maillons dans la grande chaîne, rien de plus.
A moi de trouver le biais....

A suivre...

Ubik.