Suite à de nombreuses lectures sur le phénomène, force m'est d'admettre qu'il a plutôt été la marionnette entre les mains de politiciens fanatisés:
Un soir de printemps 1919, la bière coule à flots dans la taverne Brennesel. Dietrich Eckart, excité par l'alcool apostrophe le journaliste Konrad Heiden: "Il faut que nous ayons à notre tête un gaillard capable d'entendre le bruit des mitrailleuses. Il est bon que la populace tremble dans ses pantalons. Nous ne pouvons faire appel à un officier, les gens ne respectent plus les officiers ! Un ouvrier fort en gueule, voilà ce qu'il nous faudrait." Eckart ponctue ses phrases de violents coups de poing sur la table; il boit d'un trait sa chope de bière qu'une plantureuse serveuse bavaroise vient de poser devant lui et continue d'une voix tonitruante: "Pas besoin qu'il soit intelligent, la politique est l'affaire la plus bête du monde et chaque commère, chez nous à Munich, en sait autant que les gens de Weimar. Je préfère un vaniteux, capable de donner aux Rouges une réplique bien sentie et qui ne s'enfuit pas devant le premier pied de chaise qu'on brandit, à une douzaine de savants professeurs qui restent assis en tremblant, leur cul collé à leur fond de culotte comme à la réalité. Il nous faut aussi un célibataire. Alors nous aurons les femmes pour nous !"
Le messie germanique auquel rêve Dietrich Eckart se trouve à proximité et il ne tardera pas à le découvrir: le caporal Adolf Hitler.
C'est d'ailleurs Eckart et son ami Alfred Rosenberg qui initieront Hitler à la Thule-Gellenschaft ou Société de Thulé dont il est question dans un autre post.
Un autre personnage important dictera sa ligne de pensée au futur Führer, il s'agit de Karl Haushofer. Fondateur du Cercle de Vril, une autre société secrète, il aidera Hitler à la rédaction de son Mein Kampf en se révélant le véritable cerveau derrière le concept de lebensraum.
Anecdote importante à propos de Rosenberg, cet idéologue du IIIe Reich auquel Goering s'en prit violemment en prison pendant le procès de Nuremberg:
Je vous considère, Monsieur Rosenberg, comme le plus grand criminel d'entre nous... Par vos ouvrages prétentieux et stupides, par vos discours enflammés à la jeunesse allemande, vous avez inculqué à notre régime le poison raciste qui a fini par le terrasser... L'Histoire considérera plus tard votre influence sur le Führer comme la plus néfaste, la plus désastreuse, celle qui a entraîné la ruine de l'Allemagne..."
La voix de Goering s'enfle de plus en plus. L'ancien maréchal du Reich agite furieusement ses mains comme pour menacer Rosenberg. Schacht tente en vain de le calmer. Speer et Ribbentrop se joignent au groupe et essaient d'amener Goering à la raison. Mais ce dernier ne cesse de fulminer: "C'est vous, Rosenberg, crie-t-il, qui êtes la source de nos malheurs, vous, ainsi que cet ignoble pornographe Streicher, qui avait pourri l'âme allemande avec ses couplets antisémites scabreux et dégoûtants... C'est votre haine à l'égard des Juifs et des Slaves qui a poussé le gouvernement à instituer Auschwitz, Treblinka, Dachau... Vous nous avez poussé aux égarements les plus monstrueux qu'un peuple ait jamais commis... Auschwitz, Treblinka, c'est vous Rosenberg, et personne d'autre... Le Führer a été votre victime... L'Histoire vous jugera... Si j'avais eu le pouvoir de le faire, je vous aurais fait fusiller dès 1933 !
La voix de Goering s'éteint brusquement. Épuisé, agité par des convulsions nerveuses, l'ancien maréchal du Reich s'effondre sur une chaise.
Pourquoi dit-on alors qu'Hitler était fou ? Ses problèmes de comportement sûrement liés de très près aux liens consanguins de sa conception et son degré de fanatisation aux doctrines de ses maîtres sont probablement l'explication la plus logique. Cependant, il est faux de croire qu'il a atteint les plus hauts sommets de la hiérarchie allemande seul et sans aide. Ses mentors ont peut-être sous-estimés la marionnette qui a fini par prendre vie...
Sources: Hitler de John Toland, Mein Kampf d'Adolf Hitler, Les Maîtres secrets de Hitler de Philippe Aziz.