François Delpla a écrit:assez d'accord avec Bruno. Deux nuances cependant :
-je ne comprends pas, sensible comme vous l'êtes au coup de Trafalgar du 18 juin 1935 (un accord naval anglo-allemand violant le traité de Versailles au moment précis où la SDN se ressaisissait pour obliger Hitler à revenir sur ses récentes transgressions), que vous ne voyiez pas à quel point il désarçonne Laval, dont la politique, au premier semestre 35, suivait le sillon tracé par Barthou et n'était en rien plus anglophobe que la sienne (d'où mon ébahissement devant le propos de TT, qui le voit, par inclination personnelle, plaquer Londres pour Rome).
-je ne suis pas aussi affirmatif sur un accord précis Londres-Berlin. Les appeasers ne savent pas très bien où ils vont, ils s'y laissent mener par le bout du nez et sont aussi aveugles au talent de Hitler, et à la continuité de ses actes, que n'importe qui.
1°) Comme je l'ai déjà dit, l'Angleterre, inquiète par le retrait des instances européennes de l'Allemagne nazie, voudrait réintégrer celle-ci dans le jeu diplomatique pour essayer de contrôler son réarmement.
Non, les contraintes navales relevant du Traité de Versailles se finissaient en 1932, comme le dit
Melton, c'est pour ça que
Darlan, trouvait le Traité des 5 Puissances, signé à Washington, en 1922, caduc, puisque l'Allemagne, absente à l'époque, revient dans le jeu maritime, à partir de 1932. Donc de toute façon, au niveau naval, l'Allemagne peut faire ce qu'elle veut et ne s'en prive pas.
2°)
Barthou était l'inititateur d'un rapprochement avec l'URSS,
Laval a continué dans son sillage, mais a vidé le traité signé avec les soviétiques de son volet militaire. A l'époque,
Laval prône aussi un rapprochement avec
Mussolini, d'où les gages qu'il donne au
Duce en n'appliquant pas l'accord franco-anglais de novembre 1935.
3°) Les
appeasers pensent qu'ils pourront traiter avec
Hitler, comme certains bourgeois allemands, comme
Hugenberg, qui pensait qu'il viendrait à bout facilement du
Führer !
Chamberlain est d'ailleurs une caricature du "gentleman" anglais qui pense que tout va se régler, poliement, autour d'un thé, lors du
Five O'clock tea !
Les élites anglo-allemandes n'ont pas vraiment compris la nature du nazisme et la dynamique totalitaire qui allait se dessiner. Mais c'est normal, la nouveauté est toujours difficilement appréciable ! Ca me fait penser au mouvement révolutionnaire français qui a tout emporté sur son chemin, au niveau militaire, face à des monarchies engourdies, sûres d'elles-mêmes, et qui n'avaient rien compris à la dynamique révolutionnaire !