Bruno Roy-Henry a écrit:Non. ça, c'est le point de vue classique.
C'est bien l'Angleterre qui réintroduit l'Allemagne nazie dans le concert des Nations en 1935, alors qu'elle avait quitté la SDN.
En 1936, l'Angleterre empêche la France de réagir à la réoccupation de la Rhénanie, violation formelle et gravissime du traité de Versailles. A deux mois des élections, les dirigeants Français n'ont pas le cran d'agir seuls. L'Angleterre ne fait pas seulement savoir qu'elle s'abstiendra de toute réaction, elle ajoute qu'elle désapprouve par avance toute mesure portant atteinte à la souveraineté allemande et qu'un réglement pacifique du différent a sa préférence...
En 1938, je vous prie de lire le débat sur la crise des Sudètes, suivant le lien ci-dessus.
Le traité naval anglo-allemand est un désir des anglais d'essayer de contrôler le réarmement allemand, Allemagne qui a quitté la dernière conférence sur le désarmement et est partie de la SDN.
1°)
L'obsession anglaise de la supériorité navale : la France plus un adversaire qu'un allié. La politique séculaire des anglais reste l'équilibre sur le continent et il est vrai qu'après 1918, ce sont les français qui sont dominants, d'où les prévenances britanniques envers l'action française, notamment auprès de l'Allemagne, mais surtout l'obsession d'une supériorité navale face à deux flottes voire trois flottes combinées. Lors du Traité des 5 puissances, signé à Washington, en 1922, qui fixa le ratio des grandes unités de surface à 5-3 et 1,67, les français furent mis au niveau de l'Italie, ce qui mécontenta grandement les marins de la Royale.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Washington_de_1922Toute l'action d'un
Darlan, par exemple, comme le souligne son biographe
George E.Melton,
Pygmalion, 2002, fut de revenir sur ce traité de Washington qu'il considérait comme inique et la conférence de Genève, en 1930, capoteront sur ce problème d'égalité franco-italienne au niveau des grands navires de surface. L'angleterre, dans cette conférence, soutiendra plutôt la position italienne et essaie de contenir les demandes françaises sur la nécessité d'une Royale plus puissante. On est donc, en 1930, encore dans une configuration où la France apparaît plus comme un adversaire, pour la Grande-Bretagne, plutôt que pour un allié !
L'arrivée de
Hitlerva changer la donne.
Darlan, à juste titre, avec la fin des contraintes navales pesant sur l'Allemagne, en 1932, et l'arrivée d'Adolf à la tête du
Reich, considérera que ce Traité des 5 puissances était devenu caduc avec l'arrivée du sixième larron teuton. Mais les anglais ne l'entendront pas de cette oreille, et le plan
McDonald présenté à la Conférence de Genève en 1933-34, sera rejeté par les français et les allemands, qui quitteront la conférence et la SDN. Ici encore, les anglais sont obsédés par leur supériorité navale et ne voit pas la menace grandissante d'un axe germano-italien.
La conférence de Londres, qui débutera en octobre 1934 scellera l'échec d'une sécurité collective, puisque le Japon et l'Italie quitteront la Conférence ...
2°)
Angleterre et France : un rendez-vous manqué.Dans ce cadre là, le traité anglo-allemand vient plutôt d'un souci de Londres de contrôler le réarmement allemand et de réintégrer le Reich dans le jeu diplomatique, plus que de soutenir la politique du dictateur nazi. Car, en même temps, après l'échec de la conférence de Londres et l'agression italienne de l'Ethiopie, Londres essaie de se rapprocher de Paris.
Un accord franco-anglais de novembre 1935, permet aux anglais d'accéder aux ports français, en Méditerranée, mais
Pierre Laval, qui a signé, se rétracte peu après, le français voulant donner quelques gages de bonne volonté à
Mussolini. L'auvergnat a levé la seule carte pouvant faire pression sur l'italien, la menace d'une action combinée des forces navales franco-anglaises contre l'Italie.
La mésentente sera de mise par rapport à la guerre d'Espagne.
Darlan, alors chef de cabinet militaire du Ministre de la Marine, craint que la victoire franquiste consacre l'encerclement de la France par des pays fascistes et a peur que les Baléares et les Canaris soient mis à la disposition des italiens. Aussi, profitant de ses bonnes relations avec le Premier Lord de la Mer,
Ernle Chatfield, il part à Londres en août 1936, pour convaincre les anglais de la nécessité d'agir pour aider la république espagnole. Mais rien à faire,
Chatfield refuste toute alliance et tout rapprochement avec la position française. C'est ici qu'apparaît la 3eme variable de la politique anglais, l'antibolchevisme ! Les élites anglaises voient dans le bolchevisme un mal pire que le fascisme et il n'est nullement question d'aider les rouges espagnols. Ici, on peut parler d'une grave erreur d'appréciation des anglais, qui ne percent pas vraiment à jour la menace contenue dans les fascismes.