J.Fernandez a écrit:Contrairement à ce que les généraux ont prétendu après la guerre, Hitler a reçu un accueil chaleureux au sein de la Wehrmacht quant à son intention d’attaquer la Pologne. [...] Les officiers supérieurs, dont Manstein, brûlaient d’en découdre avec les Polonais [...] plusieurs généraux plaidaient maintenant [...] qu’il fallait laisser tomber les négociations avec le gouvernement polonais à propos de Dantzig et du corridor au profit de mesures militaires.
J.Fernandez souligne l’état d’esprit belliciste des généraux allemands en 1939. La volonté d’en découdre était forte, avant même que Hitler décide, en avril, qu’une guerre contre la Pologne était inévitable. Pendant les trois premiers mois de l’année, Hitler continuait de privilégier la négociation avec le gouvernement polonais.
Après l'annexion des Sudètes, l'Allemagne tourna aussitôt son attention vers la Pologne. A ce stade, elle n'avait aucun plan d'invasion ni de conquête. L'objectif, qui allait bientôt se montrer illusoire, était de lier la Pologne à l'Allemagne contre la Russie. En même temps, l'intention était de trouver un accord sur Dantzig. Dès la fin du mois d'octobre, Ribbentrop proposait de régler tous les différents entre l'Allemagne et la Pologne. (voir
Kershaw, p. 255-256).
Le 5 janvier 1939 Hitler rencontre le dictateur polonais, le colonel Josef Beck. La Pologne refuse catégoriquement de s'associer au pacte anti Kominterm,
« qui aurait fait apparaître la Pologne comme une marionnette entre les mains de l'Allemagne. » La Pologne refuse également l'annexion de la ville de Dantzig au Reich exigée par le gouvernement Allemand.
L'obstination des Polonais, en particulier à propos de Dantzig, provoqua bientôt l'apparition des premiers signes d'impatience de la part de Hitler tout en laissant entrevoir ses préparatifs pour s'emparer de Dantzig par la force. A ce stade Hitler était néanmoins plus intéressé par un règlement négocié avec les Polonais. Hitler prononce un discours au Reichstag le 30 janvier 1939. Il annonce l'anéantissement des Juifs d'Europe. Mais la question juive n'est pas la seule question abordée. Il profite de son discours pour insister sur l'amitié germano-polonaise (voir
Kershaw, p. 256). Quelques jours auparavant, certains chefs de l'armée s'étaient montrés plus belliqueux. Alors qu'ils avaient été terrassés par la peur d'une intervention occidentale au cours de la crise des Sudètes, un certain nombre de généraux plaidaient maintenant que la Grande Bretagne et la France demeureraient inactives — reflet direct de la faiblesse des puissances occidentales apparues au grand jour à Munich — et qu'il fallait abandonner les négociations avec les Polonais au profit de mesures militaires. Une guerre contre la Pologne, soutenaient-ils, serait populaire auprès des troupes allemandes. (voir
Kershaw, p. 256).
Malgré l'enthousiasme exprimé par les généraux allemands en janvier 1939, Hitler continue de privilégier un règlement négocié. Il faudra attendre le mois de mars pour constater que le gouvernement polonais est intransigeant. En avril Hitler demande à ses généraux de préparer le "Plan Blanc" en vue d’une prochaine invasion la Pologne.
Pour suivre l’évolution des relations germano-polonaises pendant les premiers mois de l’année 1939, je propose de noter soigneusement quelques dates.
21/03/1939
Ribbentrop convoque l'ambassadeur polonais Lipsky et lui demande une réponse claire de la Pologne quant à la question de Dantzig : la ville libre devrait devenir allemande et des voies de communications allemandes devraient traverser le « Corridor ».
26/03/1939
Le colonel Beck, ministre des Affaires étrangères de Pologne, rejette la nouvelle demande de Ribbentrop exigeant la restitution de la ville libre de Dantzig au Reich. Beck, qui jusque-là avait plutôt travaillé pour le rapprochement germano-polonais, oppose un refus catégorique aux exigences allemandes, évoquant clairement un casus belli. La Pologne rompt ses négociations avec l'Allemagne.
28/03/1939
Déclaration solennelle polonaise que toute tentative allemande de modifier le statut de Dantzig sans son accord conduirait à la guerre.
03/04/1939
Hitler ordonne de préparer l'invasion de la Pologne, le « Plan Blanc ».