Rosa Mitterer

[Prosper Vandenbroucke]

Bonjour à toutes et à tous,
Voici la traduction, par mes soins, d'un article paru dans le quotidien néerlandophone belge "Het Laastste Nieuws " de ce vendredi 5 décembre 2008.

‘’Ils peuvent dire à son sujet ce l’on veut bien en dire, mais pour moi, il a toujours été bon et aimable’’
C’est ce que vient de déclarer Rosa Mitterer (91 ans) au sujet du dictateur européen, le plus haïe de tous les temps, et pour lequel, elle a travaillé comme bonne et femme de ménage pendant trois ans.
Rosa Mitterer avait quinze ans, lorsque sa sœur, laquelle travaillait comme cuisinière pour l’homme politique allemand en devenir et qui de plus cohabitait avec sa demi-sœur et la fille de cette dernière, lui demanda d’entrer au service d’Adolf Hitler.

‘’ Je ne devais pas devenir membre de son parti, ce n'était pas nécessaire’’ déclare-t-elle dans une interview avec le journal allemand ‘’Süddeutsche Zeitung Magazin’’

C’est la première fois que Rosa Mitterer se confie, car elle vient de se rendre compte qu’elle est l’une des dernières survivantes qui ont côtoyé Adolf Hitler.
Elle peut ainsi témoigner du tout grand amour que le futur Führer a eu pour Geli, la fille de sa demi-sœur, laquelle fille se suicida en 1931

‘’Ma sœur et moi, dormions en face de sa chambre. A chaque anniversaire de la mort de Geli nous pouvions l’entendre pleurer’’

Lorsque l’interview reprend au sujet des crimes d’Adolf Hitler et de son régime, Rosa change de conversation et continue sur la politique actuelle de Bush et de Barack Obama

Sa fille lui rétorque à ce moment :
‘’Maman, nous ne pouvons quand même pas oublier qu’Adolf Hitler a fait tuer des millions de personnes’’

Elle répond à ce moment là

‘’Mais enfin, Gisela, cela je ne le savais même pas’’

article-0-02AF1E08000005DC-547_468x286.jpg (41.73 Kio) Vu 1308 fois

Que faut-il penser au sujet de ce "petit témoignage" et surtout qu'en pense les Historiens qui hantent ce forum?
Vrai ou faux, ou s'agit-il simplement d'un coup de pub de la part du journal allemand?
Les débats sont ouverts
Bien amicalement
Prosper

Bonjour,
Selon ce que j'ai lu de Francois Delpla et Ian Kershaw, Hitler etait un "bon employeur", toujours poli et aimable avec son personnel de maison, voire genereux dans certains cas (Noel par exemple ou en cas de soucis personnels de ses gens). Il semblerait que cette dame aie travaille au Berghof, et l'atmosphere y etait completement eloignee des realites de la guerre et des crimes nazis.

Un temoignage qui montre, si besoin en etait encore, la redoutable force de la seduction d'Hitler et de la ruse nazie !

[Prosper Vandenbroucke]

Bonjour,
Selon ce que j'ai lu de Francois Delpla et Ian Kershaw, Hitler etait un "bon employeur", toujours poli et aimable avec son personnel de maison, voire genereux dans certains cas (Noel par exemple ou en cas de soucis personnels de ses gens). Il semblerait que cette dame aie travaille au Berghof, et l'atmosphere y etait completement eloignee des realites de la guerre et des crimes nazis.

Un temoignage qui montre, si besoin en etait encore, la redoutable force de la seduction d'Hitler et de la ruse nazie !

Effectivement Rosa Mitterer a travaillé au Berghof.
Merci pour ces précisions Daniel.
Amicalement
Prosper

Pour moi, Daniel, il ne s'agit pas d'une "ruse nazie". Hitler était capable d'être aimable avec son personnel, amusant avec les enfants, et doux avec sa conjointe. Il était tout simplement humain et pas un monstre. Difficile à admettre. Il est plus facile de penser qu'un humain ne peut pas faire ce qu'Hitler a fait et pourtant...

Bonjour,

Pour moi, Daniel, il ne s'agit pas d'une "ruse nazie". Hitler était capable d'être aimable avec son personnel, amusant avec les enfants, et doux avec sa conjointe. Il était tout simplement humain et pas un monstre. Difficile à admettre. Il est plus facile de penser qu'un humain ne peut pas faire ce qu'Hitler a fait et pourtant...

Certes Audie, mais je suis persuade que la personnalite d'Hitler, toute centree sur lui et sa "mission", n'etait pas de nature a avoir de veritables liens amicaux. Je pense donc qu'au Berghof comme partout ailleurs il jouait la comedie et que son amabilite et sa douceur n'etait qu'hypocrisie destinee a manipuler ses gens.

Nous divergeons légèrement d'opinion là-dessus Daniel. Pour moi il ne s'agissait pas d'amitié comme tel mais de bonnes relations employeur-employé. Il n'avait pas à être despote avec le simple personnel de bas-étage. Il était beaucoup moins exigeant avec ceux-ci qu'avec la caste militaire. Rosa Mitterer, en ce sens, me semble avoir été traitée aussi bien que Traudl Junge et les autres femmes qui faisaient partie de son entourage immédiat. C'est d'ailleurs pourquoi elles l'ont servi aussi bien jusqu'à la fin, à mon humble avis. Je ne sais pas ce qu'en pense M. Delpla, mais son avis m'intéresse.

Lorsque Adolph Hitler chiffonnait les cheveux d'un gamin ou qu'il caressait le museau d'un chien, il n'avait pas forcément envie d'arracher le cuir chevelu du premier, ni d'étriper de second...Chacun de ses actes n'était pas celui d'un hypocrite ou d'un menteur, encore moins ceux d'un monstre.
Comme le dit Audie, nul besoin de despotisme avec son personnel de maison, il avait sans doute un besoin de normalité qui lui permettait peut-être de supporter sa monstruosité. Je ne veux pas faire de psychologie de bas étage, mais aucun être humain ne peut être tout à fait bon ou tout à fait mauvais. La difficulté est de faire cohabiter ces deux notions.

Je viens juste de voir un documentaire sur Max Lorenz, ténor lyrique, pour qui AH avait une admiration sans borne, bien qu'il ait été homosexuel et marié à une juive...Incohérence, quand tu nous tiens !

Ça rejoint parfaitement mon opinion, Nicki. Même si Hitler a vraiment utilisé la ruse à maintes occasions, je doute fortement que celle-ci soit présente dans les moindres facettes de sa vie quotidienne.

Débat mine de rien capital !

Le mot "ruse" n'est peut-être pas tout à fait à sa place. Il est à réserver pour les cas où Hitler manifeste des intentions autres que les siennes. En l'occurrence, il aime sincèrement se trouver au Berghof dans une atmosphère douce, détendue et rigolarde, entretenue par un entourage à dominante féminine. Non seulement cela ne l'empêche pas de donner plusieurs fois par jour des ordres qui vont conduire à des trépas violents, mais cette atmosphère a une double vertu : elle contribue à l'équilibre du chef, et elle préfigure celle qui devrait prévaloir dans un monde remis à l'endroit, débarrassé du poison juif, avec des faibles dominés qui acceptent leur sort et des forts qui peuvent régner plus tranquillement, avec des femmes peu savantes résignées à leur rôle de charmeuses et de consolatrices.

Après la gueule de bois de 1945, ceux qui se sont laissés prendre à son "humanité" se reconstruisent comme ils peuvent, quand ils ne se sont pas suicidés (ce qui est quand même le cas d'un bon nombre). Les discours oscillent régulièrement entre plusieurs pôles : "il était capable de pleurer longuement sa nièce donc je n'ai pas démérité en étant à son service", "je ne savais rien", "il y a eu des violences comme dans toute guerre d'ailleurs l'ennemi a commis les siennes et grossi les nôtres", "je faisais mon boulot consciencieusement comme je l'aurais fait partout", "c'était un tellement gentil garçon que les crimes sont le fait d'un autre (Himmler en tête de liste)", "c'était un tellement gentil garçon que ses ennemis ont été très méchants ou très maladroits pour s'attirer de pareilles répliques"...

Là on peut parler de ruses : celles de chacun envers soi-même quand il n'est pas très fier de lui.

J'avais raison de m'intéresser à votre avis M. Delpla !