François Delpla a écrit:eh bien en voici une dernière : ce qui fait de Hitler sinon le plus grand stratège de tous les temps, du moins le plus surprenant, c'est un mélange plus intime que jamais du militaire et du politique.
Pour moi Hitler est d'abord un stratège politique, car même s'il a su démontré une rare habileté dans les prises de décision militaires, des décisions tellement audacieuses que ses généraux l'ont rarement comprit, il n'a pas su se donner les moyens de ses actions militaires, ou plutôt, il me semble qu'il n'a pas su voir à long terme les conséquences de ses actions. Il a d'abord envisagé l'action politique et il a été un peu brouillon sur la préparation militaire. Ceci dit c'est vrai qu'il était surprenant et que sa pensée "militaire" a été traversée jusqu'au bout d'intuitions géniales dont il a rarement après 1941 les moyens...
Le Hitler de F.D. est à mon avis des plus intéressant, je pense que sur le fonctionnement du personnage il est extrêmement convaincant. Car Hitler a lui-même beaucoup fait pour multiplier les "angles d'attaques" biographiques, semant un peu à tout vent les confidences, jouant plusieurs rôles. Mais si l'analyse de Delpla est très convaincante sur ce qui est des succès d'Hitler, je trouve qu'elle est moins convaincante sur ses échecs, j'ai trop souvent l'impression de voir Churchill en deus ex-machina "super-héros" indispensable pour contrer un Hitler doté de tant de dons. A mon avis Hitler avait aussi quelques défauts récurrents, un certain dilettantisme, une haute opinion de lui-même, une tendance à s'écouter parler et peut-être un problème dans ce que nomme aujourd'hui la gestion du stress.
Quand à savoir s'il fut joueur d'échecs ou de poker, j'aurais tendance à dire, au-delà de l'incongruité de la comparaison, qu'il a joué aux échecs jusqu'en 41, un joueur d'échecs voit le jeu de son adversaire, mais qu'après Barbarossa il a plutôt joué au poker, n'ayant sur le jeu de son adversaire que des informations très fragmentaires.