Igor a écrit:Oui j'avais bien compris que le "elle" désignait l'URSS. Ce qui me gêne, c'est que Lacroix-Riz parle de "russophobes acharnés" sans utiliser de guillemets, comme s'il s'agissait de sa propre opinion à elle.
Imaginons que j'écrive un livre sur un maquis de FTP et que j'utilise pour cela le rapport écrit par un préfet vichyste. Celui-ci, pour parler du maquis, écrit qu'il est composé de "bolchéviques à la solde de Moscou" (je cite mon préfet fictif).
Cela m'autoriserait-il, moi historien, à qualifier les FTP de bolchéviques obéissant à Moscou ?
J'ai le sentiment qu'Annie Lacroix-Riz manque d'esprit critique envers les archives soviétiques. En tant qu'historienne, elle doit pourtant connaître le principe de la critique des sources.
Manque d'esprit critique envers certaines archives ? C'est un doux euphémisme ! Voir les comptes-rendus du fameux
Palasse, de l'ambassade de France à Moscou, qui sont des petits bijoux de désinformation conscients ou inconscients ! Je pense plutôt à la deuxième solution, ce brave Colonel étant, certainement, renseigné par quelques services de renseignements soviétiques pour sortir de telles âneries, notamment sur le
Goulag soviétique !
Le problème avec certains historiens léninistes (
je distingue marxiste et léniniste qu'on a tendance, à tort, à confondre !) c'est qu'ils posent une hypothèse de départ comme quoi,
l'URSS est nécessairement dans la bonne voie et que les impérialistes (Anglais, français et USA) sont nécessairement des exploiteurs et des crapules.
D'où certaines analyses comme
Le mythe de la bonne guerre de
Jacques Pauwels, qui réussit l'exploit de traiter de la seconde guerre mondiale sans pratiquement parler de l'URSS ! C'est ce que j'appelle de l'histoire hémiplégique, où l'on manipule par omission !
L'exemple type est, par exemple, que
Pauwels reproche aux USA d'avoir négocié avec le fasciste
Badoglio, en septembre 1943, en laissant de côté les forces communistes. Or, il oublie de dire que même
Staline a approuvé ce
deal, et que
Togliatti est même rentré dans le gouvernement
Badoglio au printemps 1944.
Autre exemple, lorsque
Pauwels parle des plans franco-anglais pour bombarder l'URSS, en 1940, il a raison, mais il oublie de préciser que l'URSS avait attaqué la Finlande !
Je vais arrêter là l'énumération, mais son livre est truffé d'analyse de ce style ...
Or, il me semble, en ayant lu quelques articles de
Lacroix-Riz, qu'en bonne léniniste militant dans le très orthodoxe PRCF, elle s'inscrit dans cette logique pauwelsienne, qui est d'être frappée d'hémiplégie !