François Delpla a écrit:il me semble qu'une fois encore on confond l'explication de la passivité et sa justification.
Encore une fois, c'est Goebbels qui a raison : il n'y avait pas à tolérer l'auteur de MK au pouvoir un seul jour. Il y a d'ailleurs un précédent, et il pouvait être invoqué : au milieu des années 1880, Bismarck avait menacé la France d'une guerre immédiate dans l'éventualité d'une arrivée du général Boulanger au pouvoir à Paris.
La grande différence entre les deux époques, c'est bien l'existence du régime soviétique et la possibilité, pour le dictateur pourfendeur de traités, de jouer de la flûte anticommuniste... ce qu'il fait précisément, Igor, avec son pacte polonais, tout en rassurant les gogos sur la relativité de ses appétits territoriaux vers l'est.
Pouvez-vous me dire quels sont, en 1933, les indices permettant de savoir avec certitude que Hitler va mener une politique belliciste ?
Il y a bien ses discours, mais rien n'oblige un politicien au pouvoir à les respecter. Au contraire, comme je l'ai indiqué plus haut, Hitler tente de se présenter comme étant quelqu'un de fréquentable. Il discute, signe des pactes, propose un désarmement, fait machine arrière face à Mussolini. Bref il semble respectueux du droit international.
Votre comparaison avec Boulanger ne tient pas. D'abord parce que Boulanger, contrairement à Hitler, s'est dégonflé au moment décisif. Il n'a pas su s'emparer du pouvoir lorque celui-ci lui tendait quasiment les bras. Tout l'inverse du moustachu qui lui n'a pas laissé passer sa chance.
Ensuite les menaces bismarckiennes contre la France, loin d'affaiblir Boulanger, lui ont au contraire assuré un surcroit de popularité. Imaginons que les armées franco-britanniques envahissent l'Allemagne dès 1933: Hitler aurait beau jeu de se présenter en innocente victime de Londres et Paris.
Quelles auraient été, selon vous, les motifs d'une intervention contre l'Allemagne à cette époque (1933-34) ?