tietie007 a écrit:Il me semble que l'Allemagne n'a que très peu payé, le gouvernement allemand laissant filer la crise financière pour ne pas régler les réparations de guerre ... D'où la réaction en chaîne ...La France couplant le remboursement des prêts américains aux réparations allemandes, elle ne remboursera pas les prêts de guerre aux USA. Les américains essaieront de régler ce problème en facilitant les réparations de guerre allemande, prérequis pour être remboursés par les français, ça sera donc les plans Dawes, en 1924 (refusé par le parlement français en 1926) et Young, en 1931 (Herriot sera renversé par le parlement français en décembre 1932 car il voulait honorer les échéances du prêt américain) , qui buteront toujours sur les intransigeances des uns et des autres. En conclusion, les américains seront un peu les dindons de la farce puisqu'ils ne seront jamais remboursés, d'où leur prévenance, quelques années plus tard, à prêter de l'argent aux belligérants, et la clause cash and carry, votée en 1937, lors du vote de la 3eme loi de neutralité. Tu paies d'abord, et tu emportes la marchandise, pour éviter les mauvaises surprises !
Cette question des réparations de guerre, imposées par les alliés aux allemands, conjuguées à la nécessité, pour ces mêmes alliés, de rembourser les prêts consentis par les américains pour financer la guerre, pourriront les relations entre les uns et les autres. Entre les gouvernements allemands de
Weimar, qui organiseront leur insolvabilité, et l'attitude peu conciliante des parties prenantes, ce petit jeu conduira, entre autres, à l'isolationnisme américain, après l'interventionnisme de l'époque d'
Hoover, notamment sa politique visant à un désarmement international par le biais des Conférences entre les grands pays et qui se traduira par l'idéaliste Plan Briand-Kellogg pour mettre la guerre hors la loi !
Dans son
Pierre Laval devant l'Histoire,
editions France-Empire, 1983, son gendre,
René de Chambrun, qui travaillait comme avocat à New-York, à l'époque, évoque une anecdote , pages 34 et 35, à propos des négociations franco-américaines sur le remboursement du prêt.
A la fin de l'année 1931,
Laval, alors qu'il est Président du Conseil, décide de se rendre aux USA pour tenter de régler définitivement, avec le président
Hoover, l'irritante question des dettes de guerre. Les américains s'apprêtaient de fêter le 150eme anniversaire de la victoie de
Yorktown, et le gouvernement français, pour célébrer l'amitié franco-américaine, avait envoyé deux des plus belles unités de la flotte de guerre, le
Duquesne et le
Suffren, avec à leur bord, le maréchal
Pétain et un florilège des grandes familles dont les ancêtres avaient combattau aux côtés des américains dans la guerre d'Indépendance. Cette ambassade de prestige précédait de 24 heures Pierre Laval qui allait quitter
Le Havrepour
New-York, sur l'
Ile-de-France. C'était la première fois qu'un président de Conseil français se rendait aux USA.
Alors qu'il fut fait citoyen d'honneur de la ville de New-York, sa fille,
Josée Laval, inaugurait l'
Empire State Building !!
Mais après ce feu d'artifice éblouissant, il fallut bien en venir à l'épineuse question des dettes. A
Washington,
Laval avait en face de lui, non seulement
Hoover, mais l'intraitable sénateur
Borah. Qu'allait-il leur dire ?
- Trouvez-vous équitable que vous exigiez de la France qu'elle paie ses dettes aux Etats-Unis, alors qu'en instituant votre moratoire, vous interdisez à l'Allemagne de payer à la France ses réparations ?
Hoover et
Borah se regardèrent en silence ...
Laval a gagné : tant que l'Allemagne ne remboursera pas la France, la France ne remboursera pas les USA.
Laval fut, d'ailleurs, élu "
Man of the Year"pour l'année 1931, par les lecteurs de
Time Magazine, entre
Gandhi, en 1930, et
Roosevelt, en 1932 !
Témoignage intéressant sur un problème qui ne trouvera aucune solution. Les allemands ne payèrent jamais, les dettes de guerre et les français ne remboursèrent jamais les américains. Comme je l'ai déjà dit sur ce topic, cette affaire des dettes provoquera la fin du gouvernement
Herriot, en décembre 32, la chambre refusant de rembourser le prêt américain !