"Le pacifique aime la paix, mais se tient prêt à la guerre pour préserver sa liberté et sa dignité. Le pacifiste aime la paix par-dessus tout et se montre prêt à tout pour éviter la guerre." (Jean Sévillia, Historiquement correct)
Telle est la citation que notre colistier Alain, alias Tom, utilise comme signature.
J'ai trouvé p. 345 de la biographie de Georges Mandel par Me Bertrand Favreau (Fayard, 1996) quelques billes pour la contester.
Mandel était, avec Paul Reynaud, Léon Blum et quelques autres, Juifs de préférence, l'un de ces hommes politiques "bellicistes" que stigmatisait une partie de la droite française (sous l'influence, en particulier, de Charles Maurras) qui voulait que le danger fût plus sur la Moskowa que sur le Rhin.
Par contrecoup, en évoquant cette période, on dit un peu trop facilement et rapidement que "le pacifisme" a affaibli la vigilance française.
Or le pacifisme est un beau mot, tout comme l'adjectif "pacifique"... et si j'osais je dirais, comme la lingerie de corps. Toute la question est de savoir ce qu'on met derrière.
Voici donc ce que disait Mandel :
"J'aspire au moment où auront disparu de la croûte terrestre toutes les puissances de proie et de rapines. Mais il ne dépend pas de nous que la guerre éclate." (1923)
Et plus clairement encore, en 1933, peu après l'arrivée de Hitler au pouvoir :
"La paix ! Tous les Français sans distinction d'opinion la désirent au plus profond de leur être. Mais leur pacifisme n'aura de vertu de rayonnement qu'autant qu'on le croira désintéressé (càd non motivé par le désir de sauver sa peau -FD) (...) Notre pays ne parviendra à maintenir définitivement la paix qu'à condition qu'on le sache capable de l'imposer au besoin."
Le pacifisme est non seulement beau mais vital, sur une Terre devenue petite et plusieurs fois destructible par les armements qu'elle porte. L'usage tout uniment péjoratif du mot "pacifisme" est donc non seulement injuste, mais dangereux.