Avant la prise du pouvoir par les nazis, l’Allemagne comptait parmi les plus avancés en matière d’émancipation de la femme. Il y avait alors 100.000 femmes professeurs, 3.000 médecins et 13.000 musiciennes. Les femmes représentaient 10% des élus locaux et sur un total de 98.000 étudiants, environ 19.000 étaient de sexe féminin.
Avec les nazis au pouvoir, le rôle de la femme est passé comme simple reproductrice. En effet, l’état avait besoin d’une forte natalité d’une part pour procurer au Reich une armée à la hauteur de ses ambitions. D’autre part, il fallait assurer la continuité économique. Enfin, la population aryenne devait être suffisamment nombreuse pour, dès la victoire totale, peupler les nouveaux territoires de colons et asseoir ainsi la supériorité de la race. Le national socialisme a aussi peu à peu écarté la femme de toute préoccupation intellectuelle et a opéré une véritable scission entre les deux sexes.
Sous le II° Reich, la société était régie par des principes très traditionalistes, où la femme avait une fonction essentiellement domestique.
La première guerre mondiale avait encore accentué la ségrégation entre les sexes : les hommes faisaient la guerre, les femmes tenaient les foyers. Cette guerre ainsi que de l’aventure des ‘’Freikorps’’ favorisa des sentiments de camaraderie exclusivement masculine.
Par ailleurs, beaucoup de nazis de la première heure étaient des célibataires déracinés par la guerre et la crise économique, qui détestait l’ordre bourgeois et les liens familiaux.
L’une des premières ordonnances du parti en janvier 1921, fût l’exclusion des femmes de toutes les fonctions dirigeantes de l’organisation.
Les nazis mirent l’accent sur le rôle ‘’biologique’’ de la femme. Elles devaient préserver l’espèce et la pureté de la race, être les garantes des vertus domestiques et du foyer.
Pour Hitler, l’émancipation de la femme était une perversité. Son ministre de l‘agriculture allant jusqu’à déclarer que les revendications féminines étaient dues à un dérèglement hormonal !
L’idéologie nazie définissait la place de la femme par les ‘’3K’’ : Kinder, Kirche und Küche (les enfants, l’église et la cuisine)
Les brochures nazis de l’époque prônaient ce slogan :
‘’La plupart des femmes allemandes désiraient rester des mères et des épouses et non devenir des camarades comme les philanthropes rouges tentent de s’en convaincre et de les en convaincre. Elles ne souhaitent ni travailler en usine ou dans un bureau, ni siéger au Parlement.
Une maison confortable, un mari que l’on aime et une multitude d’enfants heureux, voilà leurs souhaits les plus chers.’’
La politique familiale nazi visait à accroître rapidement la population de l’Allemagne, pour atteindre cet objectif, il fallait que les femmes s’identifient totalement à leur mission.
Goebbels étayait son action d’exemples pris dans la nature : ‘’Dans l’ordre des oiseaux, la femelle se fait belle pour son compagnon et couve ses œufs.’’
Wilhelm Frick ministre de l’intérieur envisageait de classer les femmes selon leur nombre d’enfants, tandis que Hitler proclamait : ‘’A chaque fois qu’une femme met un enfant au monde, c’est une victoire qu’elle remporte car de ses enfants dépendra la vie ou la mort de la Nation !’’
Le national-socialisme magnifiait la vie paysanne et la nature, exaltant par la même force physique et honnête labeur des hommes. Cette attitude eut très rapidement un impact non négligeable sur le regard que les hommes portaient sur les femmes.
Rouge à lèvres, vernis à ongles, talons hauts et cigarettes n’étaient plus de mise.
Vers la fin des années 30, cette attitude se transforma fréquemment en puritanisme. Mettre de la poudre et du rouge à lèvre, c’était bien souvent s’exposer à être traitée de ‘’put….’’ ou de ‘’traîtresse’’ » dans les transports publics.
Etres sveltes n’étaient plus à la mode, la femme devait être athlétique, avec de large hanches et une solide carrure, dispositions naturelles pour des nombreuses progénitures.
Le IIIème Reich était confronté à une grave dénatalité à cause d’abord par l’hécatombe de la Première Guerre mondiale, la terrible crise économique et morale subie dans les années 1920, quand la misère et le chômage empêchait tout projet d’avenir ensuite.
Dès 1933, les nazis prirent des mesures pour mettre un terme à la libération de la femme, à l’avortement et à l’homosexualité, ceci ayant pour but de relancer l’activité économique et sociale.
Très rapidement, le taux de natalité se redressa, la fécondité augmenta et le nombre de mariage doubla.
Le baby boom qui s’ensuivit illustra la confiance de la population dans ses dirigeants.
En 1939, on compta près d’un million et demi de naissance en Allemagne.
Les mesures étaient nombreuses et fortes incitatives :
- Les pères de famille bénéficiaient en priorité des emplois vacants.
- Le gouvernement offrait des allocations aux couples qui élevaient eux-mêmes leurs enfants et aux parents de familles pauvres et nombreuses.
- Tous les jeunes mariés bénéficiaient d’un prêt de 1000 marks, et un quart de leur dette était déduit à la naissance de chacun de leurs 4 enfants.
Entre 1933 et 1938, sur 1.000.000 de prêts consentis, 980.000 ménages avaient été acquittés de leur dette, leur 4ème enfant étant né.
La propagande exerçait des pressions sur les femmes pour qu’elles aient davantage d’enfants, d’ailleurs, seules les familles de plus de quatre enfants avaient le doit au terme de ‘’famille’’.
Tous les ans le 12 août – date d’anniversaire de la naissance de la mère d’Hitler – on célébrait le culte de la maternité.
La croix d’honneur de la ‘’Mère Allemande’’ était remise au plus méritantes : En bronze pour les mères de plus de 4 enfants, en argent pour les mères de plus de six enfants et en or pour celles qui en a huit.
Croix d'Honneur en or
Elles furent plus de 3.000.000 à être récompensée à la veille de la guerre.
La femme se voyait ainsi assujettie à sa fonction de reproduction.
En 1944, l’Allemagne compte 15.000.000 de femmes au travail.
Les ferments de la famille ‘’idéale’’ étaient menacés de diverses façons.
Les jeunes étaient éloignés de chez eux pendants de longues périodes pour effectuer leur service militaire, les travaux aux champs, les camps des jeunesses Hitlériennes ou le ‘’service’’ obligatoire des jeunes filles.
On avait donc par ailleurs recours à une nombreuse main-d’œuvre féminine dans les industries.
Enfin, l’accroissement des heures supplémentaires et la création d’emplois hospitaliers ne permettait plus au personnel de rentrer régulièrement chez lui.
Dans ce contexte de guerre totale, l’Allemagne qui en temps de paix avait relégué la femme au foyer, lui demandait maintenant un double effort :
Continuer d’assurer la croissance de la population mais aussi de substituer aux hommes dans les usines. Il leur fut impossible de tout concilier.
Sources:
Image de guerre - Marshall Cavendish
La grande Histoire de la seconde guerre mondiale - P.Montagnon - France Loisirs
L'Encyclopédie de l'histoire - Larousse