Afin de soulager les autres sujets, et permettre aux personnes intéressées d'en discuter en toute sérénité (j'insiste sur ce point et croyez-moi j'ai l'intention de veiller au grain ), j'ouvre ici un débat sur ce thème fondamental.
En introduction au débat, mon avis personnel sur le sujet, qui se mêle aux principaux problèmes que pose la détection, et que l'on retrouve dès que l'on parle de cette pratique. Avec ces quelques points de départ en tête, il sera possible de parler de l'intérêt de la pratique de cette activité.
Personnellement je ne pratique pas la détection, je la trouve dangereuse et sans intérêt. Et si je le dis, ça ne veut pas dire que j'ai toujours pensé comme ça. Etant adolescent, je rêvais comme beaucoup de me munir d'un détecteur et d'aller battre les champs de bataille à la recherche de bouts de reliques d'un passé troublé. Je peux donc comprendre que l'on s'intéresse à la chose. Mais en grandissant, et en mûrissant (un peu), je me suis rendu compte de l'inintérêt de cette pratique. Elle ne permet de ne trouver que des bouts de ferraille rouillée sans grand intérêt et des munitions dangereuses, l'ensemble étant sorti de son contexte général, donc impossible à utiliser pour une recherche historique sérieuse. Comme je l'ai écrit récemment :
Signal a écrit:Récupérer des bouts de métal rouillés est-il tellement intéressant pour la compréhension de l'ensemble du conflit ? Le prix d'acquisition ne pourrait-il pas être ventilé dans l'achat de pièces en meilleur état ?
Pour ceux qui veulent faire de l'archéologie, je rappelle également que les chantiers ne sont pas réservés aux professionnels : de nombreux sites accueillent les bénévoles. Je l'ai fait, j'y ai trouvé un plaisir autrement plus grand qu'avec trois bouts de métal trouvés au hasard d'un champ ou d'une dune. Voir ici, vous y trouverez sans aucun doute votre bonheur (la mise à jour pour 2010 devrait se faire au printemps) : http://www.culture.gouv.fr/culture/fouilles/
D'autre part, elle est polluante. Pas au sens de la conférence écologique, au sens scientifique :
Signal a écrit:Nombre de fouilles archéologiques sont actuellement sabotées par l'absence des pièces métalliques (monnaies en particulier) qui permettent la datation précise des sites. Imaginez que vous lisiez un livre sur les opérations en Normandie en 44 par exemple, mais que toutes les dates, ainsi que les noms des unités et protagonistes, aient disparus du livre, ne laissant que des espaces vides. C'est la même chose dans un site sur lequel est passé un détecteur : il manque tout ce qui est métallique, et qui souvent est le plus important.
Se pose également un problème moral : si vous avez la "chance" de trouver une plaque d'identité avec votre détecteur, et que vous la prenez, vous enlevez son identité à un corps, autrement dit à un être humain dont la famille attend peut-être des nouvelles depuis des décennies. Vous aurez beau alerter les autorités sur l'emplacement du corps, je ne suis pas sûr qu'ils vous laisse la plaque qui va avec... L'autre alternative est de n'alerter personne, et lorsque le corps sera redécouvert, on lui fera une jolie tombe avec marqué dessus "inconnu". Bref dans tous les cas vous aurez purement et simplement violé une sépulture pour voler dedans trois boutons de guêtre, deux anneaux de bâche et avec un peu de chance un vague insigne de grade.
La question de la sécurité, qui est sans doute le plus important de tous, a été très largement abordée ces derniers temps. Un exemple récent des bienfaits de la détection : http://www.dhnet.be/infos/faits-divers/article/254810/mort-a-la-grenade.html.
Ca fait réfléchir, d'autant que le plus souvent ce genre de saleté on les trouve alors qu'on ne les cherche même pas...
Enfin, la question légale, à laquelle personne ne pense jamais. Les textes français sont courts à ce sujet, mais précis :
la loi française a écrit:Loi du 27 septembre 1941
Article 1 : Nul ne peut effectuer sur un terrain lui appartenant ou appartement à autrui des fouilles ou des sondages à l'effet de recherches de monuments ou d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans en avoir au préalable obtenu l'autorisation.
La demande d'autorisation doit être adressée au préfet de région, elle indique l'endroit exact, la portée générale et la durée approximative des travaux à entreprendre.
Dans les deux mois qui suivent cette demande et après avis de l'organisme scientifique consultatif compétent, le ministre chargé de la Culture ou le préfet de région accorde, s'il y a lieu, l'autorisation de fouilles ; il fixe en même temps les prescriptions suivant lesquelles les recherches devront être effectuées.
Loi N° 89-900 du 18 décembre 1989
Article 1 : Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.
Article 2 : Toute publicité ou notice d'utilisation concernant les détecteurs de métaux doit comporter le rappel de l'interdiction mentionnée à l'article 1er de la présente loi, les sanctions pénales encourues, ainsi que les motifs de cette réglementation.
Décret du 19 août 1991
Article 1 : L'autorisation d'utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, prévue à l'article 1er de la loi du 18 novembre 1989, est accordée, sur demande de l'intéressé, par arrêté du préfet de région dans laquelle est situé le terrain à prospecter.
La demande d'autorisation précise l'identité, les compétences et l'expérience de son auteur, ainsi que la localisation, l'objectif scientifique et la durée des prospections à entreprendre.
Lorsque les prospections doivent être effectuées sur un terrain n'appartenant pas à l?auteur de la demande, ce dernier doit joindre à son dossier Le consentement écrit du propriétaire du terrain et, s'il y a lieu, celui de tout autre ayant droit.
L'arrêté accordant l'autorisation fixe les conditions selon lesquelles les prospections devront être conduites.
Lorsque le titulaire d'une autorisation ne respecte pas les prescriptions, le préfet de région prononce le retrait de l'autorisation.
Article 2 : Quiconque aura utilisé à l'effet des recherches mentionnées a l'article 1 de la loi du décembre 1989, du matériel permettant la détection d'objets métalliques sans avoir auparavant obtenu l'autorisation prévue à l'article 1er du présent décret ou sans avoir respecté les prescriptions de cette autorisation sera puni de la peine d'amende applicable aux contraventions de la 5ième classe. Le matériel qui aura servi à commettre l'infraction pourra être confisqué.
Article L542-1 du code du Patrimoine, version consolidée du 6 août 2009
Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.
Article 716 du code civil
La propriété d'un trésor appartient à celui qui le trouve dans son propre fonds ; si le trésor est trouvé dans le fonds d'autrui, il appartient pour moitié à celui qui l'a découvert, et pour l'autre moitié au propriétaire du fonds. Le trésor est toute chose cachée ou enfouie sur laquelle personne ne peut justifier sa propriété et qui est découverte par le pur effet du hasard.
Donc, si on prend la loi, quand on veut faire de la détection, il faut un objectif scientifique. Il va de soi que "se constituer une collection de militaria" n'est pas un objectif scientifique.
D'autre part, l'amende prévue pour les contrevenants est de 1 500 euros, en plus de la confiscation du matériel.
Ces points étant posés, le débat est lancé, la question précise étant :
"A QUOI SERT LA DETECTION ?".
Bonne soirée,
Seb.