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Gouesnou : crimes de guerre du 7 août 1944.

Dans cet espace, sont rassemblés sous forme de fiches l'ensemble des biographies, résumés de bataille, thèmes importants concernant la seconde guerre mondiale.
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Gouesnou : crimes de guerre du 7 août 1944.

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de hilarion  Nouveau message 22 Mai 2010, 08:00

Rédacteur Kristian Hamon
Rapport rédigé à la suite d’une enquête du SRPJ sur les crimes de guerre, daté du 28/10/1948 :
« Depuis le 1er août 1944, 8 parachutistes français récemment parachutés stationnaient à Bourg-Blanc à 2km de Gouesnou. Au courant de l’été, était installé un poste d’observation allemand dans le clocher de l’église. Le 7 août, vers 15h, alors que les alliés approchaient, les paras vinrent trouver le maire pour lui dire qu’ils avaient reçu l’ordre d’attaquer le poste d’observation qui gênait les mouvements de troupe alliés. A ce moment, les Allemands avaient abandonné le village de Gouesnou. Seuls restaient en place ceux du poste d’observation. Sans laisser au maire le temps de réfléchir aux conséquences pouvant résulter sur la population, les paras ouvrirent le feu en direction du clocher avec leurs fusils. Comme il fallait s’y attendre, leur fusillade fut vaine, car les 3 ou 4 allemands, bien abrités ne risquaient pas d’être atteints. Les paras décident alors de déloger les Allemands en les attaquant de l’intérieur de l’église. Les occupants se défendent à coups de grenades. Au cours de l’opération, un para est tué. Tout ceci n’a duré qu’un quart d’heure environ. Bientôt alertés par les Allemands assaillis, des renforts arrivent de toutes les directions par camions. Avant d’attaquer les paras français avaient négligé de couper les fils téléphoniques ! Ecrasés par le nombre les paras durent battre en retraite. Rendus furieux, les Allemands se livrent alors à des représailles sur la population. Ils fouillèrent presque toutes les maisons du bourg. Hommes femmes et enfants sont regroupés sous le porche de l’église à l’entrée du cimetière. Vers 16 heures, lorsque la fouille fut terminée les femmes et les enfants sont laissés sur place. Les hommes sont conduits bras levés vers le village de Penguerec par une dizaine de soldats allemands seulement pour toute escorte. En passant au lieu-dit « Le moulin neuf », le groupe s’arrêta sur ordre des allemands et ceux-ci prirent en charge sept autres civils français qui y avaient été conduits par d’autres allemands. Des passants réfugiés de Brest croit-on, avaient grossi le convoi en cours de route. Vers 18 h une violente fusillade éclata. Le son venait de la direction de Penguerec. Ce n’est que vers 20 h que les civils français purent se rendre sur les lieux. Ils constatèrent que dans la cour de la ferme Phelep, près du tas de fumier gisaient une quarantaine de cadavres affreusement mutilés. D’autre part, pendant que certains militaires allemands procédaient à des arrestations au bourg de Gouesnou, d’autres arrivant en direction de Lambézellec se livraient à un véritable carnage au village de Penguerec attaquant les habitants à coups de grenades et de rafales de mitraillettes. Les époux Philep périrent ainsi que leur fils pierre et leur fille francine. Le feu était mis à la ferme. Ainsi qu’à celle de M. Simon. Tandis que se déroulait ce carnage, deux soldats allemands faisant preuve d’humanité survinrent et s’opposèrent aux gestes meurtriers de leurs camarades. Ils profitèrent de la nuit pour transporter les blessés en lieu sûr. Il est établi que les militaires qui se rendirent coupables du massacre de Penguerec appartenaient à l’Infanterie de Marine : uniforme vert avec écusson portant une ancre de marine de couleur jaune. Ces tragiques événements se traduisent par l’exécution de 37 civils français, dont 7 inconnus. »

Voici également, le témoignage du maire, Yves Lamour, 69 ans : « Resté seul au milieu de la place de Gouesnou et pressentant qu’un malheur allait arriver je priais mes concitoyens restés à leur fenêtre par curiosité de se retirer et de fermer leurs portes, tandis que moi-même je m’abritais dans une maison voisine (…) Il n’y eut aucun témoin oculaire de l’exécution. Je sais cependant que des militaires du poste de projecteur de Penguerec y ont participé car je les ai vu en action. Ceux de la batterie de « Roch Glaz » s’y trouvaient aussi. Le responsable serait un lieutenant Muller qui avait autorité sur toutes les formations du secteur de Gouesnou. »

Autre témoignage, celui de Marie-Anne Le Ven, en religion sœur Paule, 46 ans, infirmière : « Arrivée à Penguerec j’ai constaté qu’un grand nombre de cadavres humains gisaient dans la cour des époux Philep à proximité du fumier. Les cadavres étaient encore chaux et ils étaient entassés pèle mêle. Ils constituaient un tas d’un mètre de hauteur environ. Je me suis assurée qu’il n’y avait pas de blessés parmi les victimes, pour ce faire j’ai du déplacer les corps. Toutes étaient mortes et portaient d’affreuses blessures, certaines étaient même décapitées, d’autres avaient les membres branlants qui ne tenaient plus que par leurs vêtements, bref en général les cadavres portaient des blessures qui témoignaient que les Allemands s’étaient acharnés sur leurs victimes. A mon avis ces blessures avaient été occasionnées par des grenades (…) Le lendemain j’ai essayé de rejoindre mes blessés mais cela me fut impossible car malgré ma tenue de religieuse et le brassard de la Croix-Rouge que je portais au bras, j’ai essuyé des coups de feu. Dans ces conditions j’ai du renoncer à ma tâche. Ceci explique l’état de fièvre dans lequel se trouvait Gouesnou à cette époque. »

Yvette Philep, 19 ans, institutrice à Guipavas : « Le 7 août vers 16 h je me trouvais avec mes parents à proximité d’un abri situé à coté de notre ferme au lieu-dit Penguerec en Gouesnou lorsque des militaires allemands que je ne connaissais pas s’approchèrent de nous et lancèrent des grenades au hasard sur notre maison et les divers bâtiments de la ferme. Mon père, ma mère, mon frère et l’une de mes sœurs qui se trouvaient à mes cotés furent atteints par les éclats et blessés grièvement puisqu’ils ne devaient pas survivre à leurs blessures. Moins atteint cependant, mon père réussit à s’enfuir à travers champs. Un sergent allemand le rejoignit bientôt et l’abattit à l’aide d’une grenade. Constatant que cette fois mon père était bien mort, ce militaire lui mit une grenade dans la poche. J’ignore pour quelle raison tous les Allemands qui se rendirent coupables de ces faits étaient complètement furieux. »

Charles Kerboul 48 ans, ouvrier à l’arsenal de Brest, est alors réfugié à Penguerec chez son beau-frère de la ferme Simon : « Un camion rempli de soldats allemands venant de Lambézellec. Arrivé à la hauteur de la ferme de Philep le camion a stoppé et les soldats en sont descendus. Quelques instants plus tard ils ont tué un sujet algérien qui était prisonnier depuis le matin et laissé là. Ces soldats mirent ensuite le feu. Mes deux filles se trouvaient chez M. Philep. Les Allemands se mirent à lancer des grenades sur la ferme. Ma fille Marie fut tuée sur le coup tandis que la petite Yvette âgée de 12 ans était gravement blessée. Elle put néanmoins malgré ses souffrances se traîner jusqu’à l’endroit ou je me trouvais. Je la pris aussitôt dans mes bras pour la transporter jusqu’à la maison mais un allemand en arme m’ordonna d’abandonner ma fille sur le champ. Malgré ses menaces je n’ai pas exécuté ses ordres et ai continué mon chemin. D’autres soldats se trouvaient à proximité et pendant que cette scène se déroulait, l’un d’eux se détacha du groupe en intervenant en ma faveur. Il me donna des pansements et m’aida a prodiguer les premiers soins à ma fille. Un peu plus tard, sur ordre des allemands, j’étais contraint de me rendre avec ma famille et deux des enfants Philep dans un champ à proximité. Il nous fut donné l’ordre de nous allonger tous à terre le long d’un talus et de rester dans cette position jusqu’à 20 h. Durant notre présence dans ce champ, vers 16 ou 18 h me semble-t-il, nous avons entendus le bruit des rafales de mitraillettes. Nous n’avons pu voir ce qui se passait. En quittant le champ vers 20 h nous avons constaté avec effroi qu’un monceau de cadavres se trouvait en bordure de la route de la ferme Philep. »

Autre rapport, rédigé cette fois par le secrétaire de marie de Gouesnou en 1944 : « A 9h30 le 7 août une auto de la Croix-Rouge française annonce l’arrivée des Américains qui seraient déjà à 2km au delà de Plabennec. Tous les gens de Gouesnou s’apprêtent à pavoiser. Philippe Fredour, notre chef de groupe qui était en rapport avec une section de parachutistes français (8 hommes) arrivés la veille prévient cette section que 5 allemands ont établi un poste d’observation dans le clocher. A 13h30 le lieutenant décide de supprimer le poste d’observation. Les Allemands amènent du renfort. Les paras se replient et attaquent un convoi allemand de charrettes contenant une vingtaine de soldats africains qui passaient sous escorte allemande. Un mort allemand laissé sur le terrain. Vers 14h30, après cette attaque tous les civils passant à Vourch-Coz en Gouesnou sont arrêtés par les Allemands par mesure de protection. Entre temps les soldats africains libérés du convoi allemand emportant des armes, se dirigent sur Brest par la ligne de chemin de fer. Ces soldats passent sûrement Penguerec vers les 15 h et sont ensuite faits prisonniers à nouveau à Kergroas en Gouesnou. Ces soldats ont-ils tiré en passant à Penguerec ? Se sont-ils accrochés aux allemands du projecteur en passant à Penguerec ? Tout laisse à supposer qu’il y a eu des tirs. Ces allemands étaient très énervés. Croyant avoir été victimes de « terroristes » et ne comprenant rien, ces boches sans nom, se ruent sur la ferme Philep. »

Il s’agit là d’un résumé de ces tragiques événements, l’enquête est assez volumineuse. Aux victimes, dont le nombre varie, mais c’est normal à ce moment, il faut ajouter une femme violée, deux fermes incendiées plus cinq maisons du bourg de Gouesnou.

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